La Turquie, qui a intensifié ses efforts en Afrique ces dernières années, cherche maintenant à accroître son influence sur le continent en proposant sa médiation dans divers conflits, notamment en raison du retrait de la France et des États-Unis.
Un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, témoigne des efforts d’Ankara pour renforcer sa présence en Afrique. Cet événement a rassemblé, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le président somalien.
« Les pays africains sont en quête d’alternatives, et la Turquie en est une », a déclaré à l’AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l’Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, très engagé sur les questions syrienne et ukrainienne, a renforcé son image d’interlocuteur clé en Afrique en négociant récemment un accord de paix entre la Somalie et l’Éthiopie.
Selon M. Osaghae, la capacité d’Ankara à occuper le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont éloignées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l’attrait des propositions turques ».
« Nous avons des relations avec la France dont nous sommes fiers, mais cela ne nous empêche pas d’explorer d’autres partenariats », a déclaré à l’AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d’Antalya.
L’ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest souhaite collaborer avec la Turquie dans divers domaines, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l’éducation et la formation, a-t-il précisé.
« Tout cela nous intéresse (…). La Turquie nous fait des propositions que nous examinons », a-t-il ajouté.
« Des solutions aux problèmes africains »
De nombreux pays africains font face à des menaces sécuritaires provenant de groupes tels que Boko Haram ou les shebab somaliens.
« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », s’interroge M. Osaghae. « Le point positif est que plusieurs pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela pourrait constituer la base de l’influence turque », souligne-t-il.
La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains, dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l’Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.
Ces accords ont ouvert des opportunités pour l’industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et abordables.
« Nous nous efforçons de permettre à l’Afrique de trouver ses propres solutions aux problèmes africains », déclare Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d’Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.
Un haut diplomate somalien a affirmé qu’Ankara avait joué « un rôle très utile en réunissant les deux pays pour résoudre ce problème ». « L’Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume le politologue nigérian Eghosa Osaghae.
Bien que la responsabilité du respect de l’accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l’avenir avec « espoir ».
Recep Tayyip Erdogan a rencontré son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalya. Au cours de leur entretien, les deux dirigeants ont promis d’« accroître la coopération » entre leurs États, selon Ankara, qui détient déjà un droit d’exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes.
Avec AFP