25 novembre 2024
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La zaâma ne sort jamais d’une coquille vide

DEBAT

La zaâma ne sort jamais d’une coquille vide

Sans l’aide d’un testeur électrique, un jeune électricien de Bordj Bou Arreridj, travaillant chez nos députés, pense que cet éclair a probablement été causé par l’étincelle du court-circuit électrique dans la maille Abdellatif Benachenhou, Chakib Khelil, Hamid Temmar.

Il nous dit que cette maille montre la fragilité du réseau et met en relief les rides de la première république. Des rides qui annoncent sa fin dans un délai très court A chacun son zaïm. Le 10 Novembre 2010, le journal Jeune Afrique nous annonce : « Le zaïm (chef, en arabe) Zine el-Abidine Ben Ali laissera, quel que soit le terme de sa présence à la tête de l’État, un pays sur les rails, géré et apte à s’adapter aux circonvolutions du futur. »

Deux mois après, le 14 janvier 2011, la même source écrit : « Ben Ali a quitté la Tunisie… Et a atterri à Jeddah, en Arabie saoudite. » La semaine dernière nous lisons dans le même journal : « Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, vendredi, avoir approuvé un plan d’aide de 1,7 milliard de dollars en faveur de la Tunisie afin de soutenir la transition engagée depuis la chute du président Ben Ali en janvier 2011. » L’expérience amère de l’Algérie avec le FMI est bien connue. Les Algériens doivent apprendre la leçon de la situation actuelle en Tunisie et accepter que la notion de zaïm chez les arabes ait perdu son sens. Pour parler librement de la zaâma, je m’inspire d’un extrait de la lettre de Zabana : « Si je subis un malheur quel qu’il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n’a pas de fin et la mort pour la patrie n’est qu’un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l’être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. » La guillotine française n’a jamais coupé les têtes de canards algériens. Elle a coupé les têtes des zouama comme Zabana.

Dans notre histoire, la liste des zouama qui se sont sacrifiés pour notre liberté est longue. Elle va de Massinissa aux deux zouama Abdelaziz et Lamine. Je ne peux pas citer tous les noms de nos zouama dans un espace où les mots sont comptés en caractères. Montesquieu n’était pas né zaïm français. Montesquieu était l’homme qui refusait la tyrannie du zaïm. Après ce refus, il est devenu un zaïm pour les démocrates. Je demande à si Abdelkader Ben Salah et aux autres de lire soigneusement les paroles de ce zaïm pour postuler à la zaâma chez nous : «Lorsque dans une même personne ou le même corps de magistrature, la puissance législative est réunie à la puissance exécutive, il n’y a point de liberté, parce qu’on peut craindre que le même monarque ou le même sénat fasse des lois tyranniques pour les exécuter tyranniquement. » Les zouama qui pensent que l’Algérie c’est eux et non le peuple ne méritent pas l’algérianité. Des zaïms de ce type brillent dans la dictature et s’éteignent dans les démocraties modernes. Mon pays n’a plus besoin d’un leader qui prétend être tout : le président, le chef du gouvernement, le ministre, le wali, la douane, la police, le garde-champêtre et parfois même le médecin conseil.

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L’Algérie moderne de demain n’a plus besoin d’un têtu qui dit : «Je fais tout moi-même et tout seul. Je suis le super-intelligent. Les autres doivent suivre, applaudir et se taire même si d’autres volent et s’envolent.» L’Algérie a besoin d’un leader modeste, honnête, nationaliste qui écoute et respecte ses limites constitutionnelles. Un leader qui reconnaît qu’il n’est pas éternel. Un leader qui prépare des successeurs tout en acceptant un départ en bon sportif au temps prévu.

Un leader qui ne s’entoure jamais de « ghoual » ou de sorciers qui le nourrissent de flatteries quand ils dévalisent les banques et volent les caisses de L’Etat. Un leader réaliste du potentiel de son pays. Un leader d’un niveau intellectuel respectable qui lui permet de mettre ses idées en ordre dans sa tête avant de les prononcées devant le peuple. Le peuple n’est plus un bétail de muselés qu’on mène aux urnes de défaillances sans dire son mot.

La tranche jeune de ce peuple apprécie les idées d’une vision lointaine qui lui donne un espoir de vivre avec dignité dans une Algérie de droit. C’est bien dommage l’Algérie des clans de Réda et Chakib a pris le chemin du Nigeria. Un chemin d’un pays pétrolier qui projette son futur sur la carte de la corruption.

Dans ce modèle de pays la place aux compétences et aux honnêtes gens est exclue. Un modèle où la voie de transit pour l’héroïne et la cocaïne devient un axe emprunté par les personnes hors de tout soupçon. Les nouveaux nobles et les faux généreux. Regardons de près ce modèle de pays. Le Nigeria est une arrière-cour de la France. Dans ce pays, les hommes d’affaires sont devenus des acteurs clé du trafic international de stupéfiants bien que leur pays dispose de ressources en hydrocarbures exceptionnelles. Les réserves de pétrole du Nigeria sont estimées à 38 milliards de barils, accumulant ainsi 36% des réserves de brut du continent africain.

Le Nigeria est également extrêmement bien doté en gaz naturel. Ses réserves sont estimées à plus de 5000 milliards de mètres cubes. Il occupe le 7e rang mondial et le premier rang de l’Afrique. Dans ce pays la faim et l’ignorance sont maîtres. La corruption dicte ses lois. ses richesses ont attiré la France. Le Nigeria conforte sa place de premier partenaire commercial de la France en Afrique. En échange, la France voulait faire du Nigeria une puissance économique émergente exemplaire au XXIe siècle. Ce vœu français n’était en fait qu’un mensonge qui décrivait le mirage africain.

L’Algérie aurait pu prendre le chemin de la Malaisie, un chemin basée sur la bonne gestion des ressources. Là-bas, les hôpitaux, tout comme la qualification des médecins, correspondent aux normes européennes. La plupart des médicaments sont disponibles dans les pharmacies et les responsables malaisiens ne partent jamais à l’étranger pour les soins. Les universités de ce pays sont bien cotées et l’éducation est exemplaire. Dans ce pays, la justice est solide. L’importation ou l’exportation de drogues est rudement punie. Les lois sur la drogue sont extrêmement sévères. Qui possède plus de 15 grammes de drogue risque la peine de mort. Il suffit de quelques grammes de haschisch ou de marijuana pour séjourner en prison.

En Algérie des années 2000, une quantité de 15 tonnes de drogue venant du royaume de Fafa est un fait divers dans nos journaux. Certains cherchent à connaître la vérité. Un pays où certains ministres volent l’argent du peuple et le dépensent en France. Je dis bien en France, car la démocratie française sait comment protéger les riches et les voleurs de ses anciennes colonies.

Cette vérité se cache derrière les vitres teintées de notre ministère de l’Economie. Tamar et ses acolytes sont les maillons forts de l’armature de la serre corrompue qui cache nos erreurs. Dieu merci ! Le caillou de vérité a brisé les murs teintés de la cage des mensonges. L’histoire nous démontre qu’une république qui repose sur les contradictions ne brille pas longtemps quand la lumière corrige les défauts de vision des observateurs qui suivent la vie des républiques. La lumière fait apparaître les défauts de gouvernance quand l’obscurité politique les cache. Le photographe du quotidien El Watan qui a pris une photo du président Abdelaziz Bouteflika et de son Premier ministre Ali Benflis, traversée en son milieu par un éclair séparant les deux hommes, le 28 janvier 2003, mérite un bon point.

Le lendemain cette photo a été commentée par le général Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président Bouteflika. Il demande à Benflis s’il avait vu la fissure de la République. Il insinuait l’éclair qui séparait les deux hommes. Sans l’aide d’un testeur électrique, un jeune électricien de Bordj Bou Arreridj, travaillant chez nos députés, pense que cet éclair a probablement été causé par l’étincelle du court-circuit électrique dans la maille Abdellatif Benachenhou, Chakib Khelil, Hamid Temmar. Il nous dit que cette maille montre la fragilité du réseau et met en relief les rides de la première république. Des rides qui annoncent sa fin dans un délai très court. Je poursuit mes idées et je fais une constatation.

En langage moderne une constatation n’est pas une critique. Pendant la visite du Premier ministre turc, les Algériens ont constaté quelque chose d’anormale. Une anomalie qu’Abdelaziz n’aurait jamais acceptée. M. Sellal parle le kabyle, écrit et comprend bien l’arabe mais… après cinquante et un an d’indépendance, M. Sellal incarne les contradictions de la République. Il s’est adressé à M. Erdogan (pas fervent de la France à cause du problème arménien) en français quand ce dernier insistait sur l’importance du « rapprochement » entre les universités des deux pays, notamment en ce qui concerne « la langue arabe ».

Ce comportement démontre que son excellence M. Sellal n’a pas la grandeur d’un chef d’état. Il épouse bien la silhouette du dernier zaïm algérien. Sous le même angle de constatation, nos élus ne sont pas à la hauteur pour représenter le peuple. Dans un pays où les langues nationales sont l’arabe et le tamazigh, M. Sellal se permet de communiquer dans la langue du colon devant des élus qui applaudissent inconsciemment les contradictions et la désobéissance de notre constitution.

Un directeur de recherches au CERI Sciences Politiques, Luis Martinez, pense que notre Parlement, auquel s’est adressé François Hollande en décembre 2012, est une coquille vide. Les têtes vides qui décorent notre parlement ignorent que M. Erdogan n’écrit pas sa langue en lettres arabes mais il comprend bien l’Arabe. Je doute fort que la tête vide qui fait trop de bruit dans les couloirs du FLN est au courant des paroles de Luis Martinez. Puisque c’est ainsi, nous dirons « un zaïm ne sort jamais d’une coquille vide ».

Parlant des zouama, à ma connaissance, Liamine Zeroual est le seul président dans le Monde arabe qui a démissionné avant la fin de son mandat. Pour cet acte noble, il mérite le nom de zaïm. Suite à l’hospitalisation du président Abdelaziz Bouteflika, des rumeurs l’indiquent comme son probable successeur à la présidence de la République pendant une ou deux années de transition. Il a eu le courage de mettre fin à la première république qui a duré 52 ans. Une république qui est devenue trop corrompue à son vieil âge. Ainsi, l’Algérie entrera dans une ère nouvelle dans la joie et la gaieté. L’ère d’une deuxième république qui donnera aux jeunes nés après 1988 la chance de voir un avenir clair et certain.

L’histoire nous fait leçon. Les événements à Alger en 1958 ont entraîné le retour au pouvoir du général De Gaulle. Le Parlement français de l’époque a accepté ses conditions et adopta la loi constitutionnelle du 3 juin 1958. Cette loi a autorisé le gouvernement De Gaulle à proposer une modification de la Constitution. La modification a donné naissance de la cinquième république. Le même scénario peut se répéter en Algérie. Le général Zeroual peut retourner. Il va mettre fin à la première République et annoncera la IIe république. Il déposera le logo du parti FLN dans le musée de l’armée.

Finalement, M. Belayat avec l’aide de son rival Abdelhamid Si Affif va certainement demander à l’éminente politologue de ce siècle, Asma Ben Kada députée algérienne et ex-femme du Cheikh Youssef Qaradawi, de trouver un autre logo pour ce parti. Le peuple sera satisfait et vivra calmement dans la paix. La deuxième république sera dirigée par une personnalité comme M. Benbitour, Hamrouche, Benflis ou un jeune qui n’a jamais navigué dans les eaux impures qui ont souillé l’image de notre pays dans le monde. Ainsi la transition sera bien acceptée et nous vivrons dans la tranquillité et la paix dans la nouvelle Algérie.

Cette idée est bien dite dans les paroles du président Chadli dans le colloque national sur Amara Bouglez, qui s’est déroulé au centre universitaire d’El Tarf. « Au bout de 12 ans à la Présidence, je suis arrivé à la conclusion que le régime était condamné à disparaître, qu’il fallait se défaire de la légitimité historique et remettre le pays entre les mains des jeunes pour qu’ils construisent l’avenir qui leur convient. » En conclusion : je suis optimiste. Le malheur est derrière nous. Nous devons serrer les rangs pour garder la stabilité de notre pays. Les hommes forts et honnêtes sont toujours présents dans mon pays. Espérons que la république des clans va s’éclipser et que la nouvelle république va naître sur le sol des martyrs.

O. C.

Chronique écrite et publiée le 6 juillet 2013 

Auteur
Pr Omar Chaalal

 




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