23 novembre 2024
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L’académie de l’imposture

Langue amazighe

L’académie de l’imposture

Tamazight, le combat continue

Il y a trois ans, Ahmed Ouyahia, premier ministre, nous promettait une académie pour « créer une langue amazighe». A la veille de Yennayer 2969, un décret présidentiel paraît au journal officiel : après un long «suspense», on connaît enfin la composante de cette fabrique de la novlangue amazighe. Pour ma part, il n’y a pas de surprise.

Cela ne me surprend guère de retrouver dans la liste, à titre d’exemple, un enseignant universitaire que j’ai croisé une fois à l’université et qui avait trouvé le temps de me dire dans un court échange que l’écriture littéraire de Amar Mezdad ne valait pas grand-chose ! Et dire qu’il enseignait la littérature amazighe à l’université !

Cela ne me surprend pas non plus de retrouver dans la liste des personnes qui ne doivent avoir comme rapport avec les langues amazighes que le flicage ou le parasitage. Même s’il y avait sur cette liste des militaires, gendarmes ou policiers, cela ne m’aurait pas surpris, étant donné la véritable mission de cette académie et la nature berbéricide du régime politique algérien.

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Le gouvernement doit être certain d’avoir réussi son casting pour nommer ses représentants dans le domaine amazigh : il devait avoir l’embarras du choix parmi toutes les candidatures reçues. On peut imaginer la déception et la gêne des candidats recalés. On ne peut pas satisfaire tous ceux qui prétendaient à ce « privilège » prestigieux, néanmoins prétentieux, de fabriquer la langue amazighe.

Le gouvernement a voté et le président de la république a décrété ! C’est logique, cette académie sera au service du président et de son gouvernement. Afin de l’apparenter à l’Académie française, on fait comme pour l’institution fondée par le Cardinal de Richelieu : 40 membres, pas un de plus ou de moins. Même si ce nombre mythique peut faire penser les esprits facétieux à un conte des Mille et une nuit.

Le Cardinal de Richelieu, natif de Paris a mis en place l’Académie française dans le but inavoué d’imposer le parler de sa région natale au reste du pays. Quel est le but inavoué de notre « Cardinal » et de ses commanditaires ? Quatre siècles après sa création, l’Académie française n’a pas réussi à imposer à la majorité du peuple français le langage dont se servent ses membres dans leurs masturbations académiques. L’Académie de l’imposture réussira-t-elle à imposer aux peuples berbères la novlangue amazighe qu’elle a pour mission de créer ?

Ce n’est pas la composante de cette académie qui est contestable, c’est son existence car elle constitue un danger pour les langues amazighes comme je l’ai écrit il y a une année dans une contribution parue dans Le Matin (https://lematindalgerie.comune-academie-berbericide ). Ce qu’on peut déplorer dans la composante humaine de cette institution, c’est la présence de quelques personnes qu’on ne pensait pas capables de participer à une telle imposture.

On ne répétera jamais assez (dans ce contexte confus) qu’une langue ne se fabrique pas dans une académie, aussi docte soit-elle. Ce sont les écrivains, poètes, chanteurs, artisans, mamans, etc., qui enrichissent les langues par des « créations » langagières dont elles ont besoin pour évoluer.

Mais cela respecte le processus naturel d’existence et d’évolution des langues. Les langues amazighes ont besoin de chansons à textes et d’auditeurs, d’une littérature de qualité et de lecteurs, d’un véritable cinéma avec des spectateurs. Elles ont besoin d’une place respectable dans les institutions publiques. Ces langues doivent investir l’école, non seulement comme discipline scolaire mais comme langues d’enseignement.

La réponse du gouvernement à ces besoins est cynique : la création d’une police linguistique. Il faut dire que c’est logique dans un Etat policier.

Avec la création de cette académie, on peut dire que c’est la réalisation d’une imposture. En attendant la forfaiture que constituerait la création de la novlangue amazighe.

Auteur
Nacer Aït Ouali

 




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