Quitte à ressasser des évidences et défoncer des portes ouvertes, il est utile de pointer du doigt la raison essentielle de l’échec de l’enseignement à tous les niveaux des cursus académiques, à savoir l’arabisation accélérée et la connotation qui est dressée entre une langue et la religion qu’elle colporte.
Cette connotation est à l’origine de tous les amalgames qui empêchent de faire rayonner la langue arabe. Et partant, ses locuteurs.
En tant que telle, la langue d’El-Moutanabi est belle et riche ! Mais l’islam lui a joué un mauvais tour, l’empêchant de progresser et de se moderniser à cause de cette référence permanente au sacré. N’est-il pas temps de séparer l’une de l’autre ?
Comment voulez-vous qu’une langue puisse rayonner quand on mélange langue et religion ? Quand on fait de l’islam son unique point attracteur, au sens spatio-temporel du terme, et que cet attracteur se situe en l’an 622, pour le temps, et à des milliers de km, pour l’espace ?
Il eut été bien plus intelligent, chez nous (sans nous préoccuper de ce qui se passe chez les autres), de continuer à enseigner l’arabe en tant que langue, au lieu de chercher à tout prix à l’utiliser comme vecteur de connaissances que le coran ne connaît pas : les sciences exactes. D’ailleurs, quelle bouffonnerie que de coller l’étiquette « sciences Islamiques » à l’apprentissage de sourates, de versets et autres Sahih El-Bukhari ! Plus ridicule que ça, tu meurs !
L’entêtement des « islamisants » (que l’on me permette d’utiliser ce mot pour remplacer le mot arabisant, qui ne veut strictement rien dire, car au vu des résultats du Bac, on a islamisé bien plus que l’on a arabisé) à s’accrocher mordicus à l’équation : islam = arabe = langue de dieu = tout, tout, tout, et le reste (Sciences, Économie, Société, Progrès etc..) ont entraîné notre pays dans une dérive que seul quelque Atatürk éclairé pourrait freiner pour le réorienter vers le monde moderne du savoir.
Les commentaires de nos chouyoukhs sur les images de la NASA sont assez éloquents pour jauger de l’état de délabrement intellectuel avancé qui sévit au pays par la grâce d’une succession de réformes irréfléchies qui ont fait de la langue un vecteur idéologique plutôt qu’un vecteur de connaissances. Car si la volonté politique était de remettre l’Algérie sur les rails de la modernité, nous avions un butin de guerre pour ce faire ! Il suffisait, et il suffit toujours, de l’utiliser, si tant est que notre but est de construire une Algérie résolument tournée vers l’avenir du monde dont nous faisons partie. Et pour cela, il faudrait, avec un charivari collectif gargantuesque, conjuguer toutes les énergies afin de faire effectuer un angle de 180 degrés à la société.
Théoriquement, les choses sont simples ; en pratique, il faudrait une bonne dizaine d’Atatürk pour nettoyer, en premier lieu, la médiocrité qui règne au sommet !
Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Kacem Madani