29 mars 2024
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L’Algérie et l’arabe: l’échec recommencé

 

Nasser Ben Bella
C’est Ben Bella qui a introduit l’arabisation de l’Algérie avec l’aide de Nasser.

Quitte à ressasser des évidences et défoncer des portes ouvertes, il est utile de pointer du doigt la raison essentielle de l’échec de l’enseignement à tous les niveaux des cursus académiques, à savoir l’arabisation accélérée et la connotation qui est dressée entre une langue et la religion qu’elle colporte.

Cette connotation est à l’origine de tous les amalgames qui empêchent de faire rayonner la langue arabe. Et partant, ses locuteurs.

En tant que telle, la langue d’El-Moutanabi est belle et riche ! Mais l’islam lui a joué un mauvais tour, l’empêchant de progresser et de se moderniser à cause de cette référence permanente au sacré. N’est-il pas temps de séparer l’une de l’autre ?

Comment voulez-vous qu’une langue puisse rayonner quand on mélange langue et religion ? Quand on fait de l’islam son unique point attracteur, au sens spatio-temporel du terme, et que cet attracteur se situe en l’an 622, pour le temps, et à des milliers de km, pour l’espace ?

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Il eut été bien plus intelligent, chez nous (sans nous préoccuper de ce qui se passe chez les autres), de continuer à enseigner l’arabe en tant que langue, au lieu de chercher à tout prix à l’utiliser comme vecteur de connaissances que le coran ne connaît pas : les sciences exactes. D’ailleurs, quelle bouffonnerie que de coller l’étiquette « sciences Islamiques » à l’apprentissage de sourates, de versets et autres Sahih El-Bukhari ! Plus ridicule que ça, tu meurs !

L’entêtement des « islamisants » (que l’on me permette d’utiliser ce mot pour remplacer le mot arabisant, qui ne veut strictement rien dire, car au vu des résultats du Bac, on a islamisé bien plus que l’on a arabisé) à s’accrocher mordicus à l’équation : islam = arabe = langue de dieu = tout, tout, tout, et le reste (Sciences, Économie, Société, Progrès etc..) ont entraîné notre pays dans une dérive que seul quelque Atatürk éclairé pourrait freiner pour le réorienter vers le monde moderne du savoir.

Les commentaires de nos chouyoukhs sur les images de la NASA sont assez éloquents pour jauger de l’état de délabrement intellectuel avancé qui sévit au pays par la grâce d’une succession de réformes irréfléchies qui ont fait de la langue un vecteur idéologique plutôt qu’un vecteur de connaissances. Car si la volonté politique était de remettre l’Algérie sur les rails de la modernité, nous avions un butin de guerre pour ce faire ! Il suffisait, et il suffit toujours, de l’utiliser, si tant est que notre but est de construire une Algérie résolument tournée vers l’avenir du monde dont nous faisons partie. Et pour cela, il faudrait, avec un charivari collectif gargantuesque, conjuguer toutes les énergies afin de faire effectuer un angle de 180 degrés à la société.

Théoriquement, les choses sont simples ; en pratique, il faudrait une bonne dizaine d’Atatürk pour nettoyer, en premier lieu, la médiocrité qui règne au sommet !

Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Kacem Madani

7 Commentaires

  1. Non, M. Madani, il n’est pas trop tard. La Kabylie dans une écrasante majorité n’adhère pas à cette idéologie islamiste mortifère. Les plus courageux de ses enfants ont tourné la page de l’espoir démocratique dans l’Algérie et ont résolument pris le choix de la seule voie salutaire qui est celle de l’indépendance. Dans la future Kabylie indépendante, c’est le progrès social et technique, la laïcité et le débat contradictoire qui ouvriront le chemin vers la dignité, l’égalité, la modernité et le respect des droits de chacun.

    • Une Kabylie indépendante est une chance de développement dans tous les domaines pour le peuple Kabylie, mais aussi pour tous les peuples d’Algérie et au-delà, pour tous les peuples amazigh. Vivement l’indépendance de la Kabylie (République Fédérale de Kabylie), le reste n’est que perte de temps et d’énergie.

  2. Sur cette photo on voit les sinistres Nasser et Benbella rire aux éclats contents d’avoir assassiné le jeune Khemisti ministre des affaires étrangères de l’Algérie indépendante devant l’assemblée nationale Bd Zirout Youcef en 1963.Mais aujourd’hui encore les dirigeants actuels pétris de bigoterie offrent à la première lauréate du bac 2022…une omra!!!Tout un symbole comme si les tueries des années 90 sont le fait d’extra-terrestres!!!Et vogue le Titanic…vers l’iceberg ou plutôt vers les abîmes et le trou noir de la bêtise!!!

  3. Difficile de comprendre qu’on puisse dire que l’arabisation est mal faite, qu’on étaient mal préparés, qu’il fallait y aller par étapes, etc…; que la langue d’El Mutanabi etc. quand il s’agit simplement de dire que l’arabisation est un non sens, quelles que soient les circonstances, dans le pays qui n’est pas celui d’El Mutanabi.
    L’arabe est-il plus performant que le latin pour le préférer chez nous à celui-ci ? L’arabe est- il plus vivant que le latin ? L’arabe est il plus légitime que le latin chez nous ? L’arabe est-il plus beau que le latin ? L’arabe est-il plus riche que le latin ? Etc etc etc El Mutanabor est il plus génial que Virgile ?

  4. Je commencerai par les commentaires, selon vous, des Chouyoukhs sur les images révélées par la NASA. Si commentaires, il y’a (je n’en ai pas connaissance), ces Chouyoukhs ne représentent qu’eux-mêmes. En effet, DIEU, à travers le Coran, nous incite à observer, analyser et méditer ce qui se trouve dans l’Univers. Pour ce qui est de la langue Arabe, vous affirmez, par vous-même, qu’elle est belle et riche. En même temps, vous postulez qu’en étant indépendante de l’Islam, elle véhiculerait mieux les connaissances. Ceci est une flagrante contradiction. Les écrits, en Arabe, de Amin Zaoui ne sont d’intérêt que pour lui-même et ses adeptes, ennemis de l’Islam. A l’inverse, l’Arabe de l’Andalousie véhicula des connaissances toutes disciplines confondues (Juridiction, Mathématiques, Astronomie, Chimie, Médecine, etc. -merci de compléter la liste-), et même la musique (El Farabi était Mathématicien et Musicien). Tiens tiens, on commence à converger tout doucement. Comment se fait-il que l’Arabe véhicula la science pendant des SIECLES alors qu’il y’eût un échec en Algérie. Scientifique que vous êtes, vous devriez vous rendre à l’évidence que l’erreur est à chercher ailleurs, la chercher chez ceux qui disent que l’Arabe est juste une langue de Chi’er (poésie), chez ceux qui prônent la Francophonie dont le but culturel évident est de faire du Français (langue complètement effacée sur la scène internationale par l’Anglais – une revue de Recherche Opérationnelle, renommée, fût contrainte, concurrence oblige, d’être éditée en Anglais, en lieu et en place du Français- !) la langue de base des Algériens. Bejaia n’était-elle pas un phare de la science (toutes disciplines confondues) ? Dans quelle langue étaient enseignées ces matières ? Dans la région de Tizi Ouzou, il y’avait, au 18è siècle (17xy), un Cheikh qui enseignait la Physique …. en Arabe (fait relaté sur la chaine de TV Radio Coran, Algérie si vous vous intéressez au nom de ce Cheikh et à sa biographie). De plus, il faut chercher la cause de l’échec dans le niveau des apprenants (aux différents cycles), dans le niveau des enseignants, dans les moyens mis en oeuvre pour les disciplines qui nécessitent de lourds équipements, etc. Notons que l’Arabe, comme toutes les autres langues, n’est qu’un moyen de comminications qui ne pourrait être un frein d’aucune discipline de la science, celle-ci ayant été véhiculée par les Egyptiens, les Grecs, les Musulmans, les Chinois, les Occidentaux par translations successives d’une langue à une autre (à d’autres). De ce fait, quand bien même l’Anglais prédomine, qu’est-ce qui interdirait de traduire des ouvrages de l’anglais à l’Arabe, voire d’enrichir des travaux. N’était-elle pas la démarche adoptée par nos prédécesseurs en traduisant la science d’une langue à une autre ? Peut-on nier que les sciences Arabes, dans un contexte d’Islam, fûrent le flambeau passé aux occidentaux et le tremplin des sciences actuelles ? De grâce, relatons l’Histoire telle qu’elle est, pas comme nous la voulons !

  5. Dommage on parle que de l’arabe moyen oriental ou du français voir de l’anglais mais on ne parle jamais de nos langues ancestrales.
    Sommes nous des éternels colonisés qui ont toujours besoin d’une tutelle en tout point de vue pour exister?
    A mon avis c’est celui là le problème essentiel ,nous avons perdu notre spécificité et notre fierté, nous sommes un peuple sans repères.
    Pour progresser dans la vie , il faut avant tout être soi même avec des vrais bases puis s’ouvrir vers les autres.
    Il y’a beaucoup d’exemples dans ce monde , il suffit juste de copier.

  6. Un petit rappel, Feu Kateb YACINE, un arabophone de naissance que les arabophones algériens, lorsqu’ils ne le connaissent pas, l’ignorent pour ne pas dire, le méprisent, a émis un commentaire on ne peut plus pertinent, je cite : « Si nous sommes arabes, pourquoi nous arabiser; si nous ne sommes pas arabes, pourquoi nous arabiser »? CQFD.

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