Mardi 2 avril 2019
«L’Algérie, leadership africain en termes de lutte de libération » ?
Marseille, Porte-d’Aix, dimanche. Crédit Photo : Mohammed El Hamzaoui.
Nombreux manifestants se sont retrouvés autour de la Porte d’Aix à Marseille ce dimanche 31 mars 2019. Une belle dynamique et un esprit de cohésion sont à saluer dans cette ville que l’on surnomme souvent la « 49ème wilaya ».
Le mouvement se structure progressivement grâce au travail sérieux des bénévoles du comité d’organisation. Des bouteilles d’eau pour parer au soleil de plomb phocéen et un Sound system digne d’un concert. Des banderoles et affiches vierges sont mises à disposition afin de laisser libre court à la créativité des militants.
Sur le sol, de grands paperboards pour les enfants qui se régalent avec leurs crayons. Vivront-ils dans une Algérie indépendante ? Je me surprends à rêver de ce que sera le contexte de leur vie adulte.
Des drapeaux rouges et verts fleurissent de partout. Des artistes, des caricaturistes, des anciens, des plus jeunes, des nuées de Smartphones. Des moyens d’expressions tout support confondu de ce mouvement 2.0.
Suite aux actualités de ce week-end, certaines discussions sont plus tendues que les autres dimanches. Parler de demain ne va pas être une tâche aisée. Accepter de voir militer l’Algérie de toutes les couleurs, c’est également serrer les dents en entendant quelques slogans islamistes.
De l’autre côté de la Porte d’Aix, sur la même place, un rassemblement comorien.
Est-ce le fruit d’un hasard ? En allant à leur rencontre, nous apprendrons que la symétrie n’est pas que symbolique. Leur chef d’État, Azali Assoumani est au pouvoir…depuis 1999 ! Les militants présents nous parlent de « hold up électoral » et disent avoir été « inspirés par la lutte algérienne ». (Interview disponible sur la page Facebook Œil de Zina).
L’image d’une Afrique libérée de ses chaînes, qui assume son identité et ses cultures, sans les vivre comme un fardeau, me laisse rêveuse. Les sujets évoqués sont nombreux : la fin du Franc CFA, la rediscussion des accords pétroliers et de façon générale, tous les sujets économiques qui permettraient de rétablir les rapports de force afin d’éviter que le premier Valls venu menace nos enfants de déchéance de nationalité.
Mais… retour sur nos compatriotes qui commencent à ranger et sonner la fin du rassemblement. Tout se déroule sans encombre. D’autant plus que nous sommes tous invités à continuer les débats dans les locaux de la Marseillaise, journal local et lieu historique. Dix minutes à pieds et une ambiance radicalement différente. Si l’initiative est à saluer, il est regrettable que la moyenne d’âge du public ne reflète pas le renouvellement générationnelle tant réclamé. A l’exception de l’invité d’honneur, Samir Ghazlaoui, jeune trentenaire et confrère d’El Watan.
Après un état des lieux de la presse en Algérie et un rappel des acteurs historique du paysage politique, la salle s’engage dans un débat évoquant la (non)position française sur la situation, la place des femmes dans la société algérienne, les initiatives à Alger quant à la constitution d’une deuxième République…Nous n’aurons pas la chance d’aller plus loin hélas. Un groupe de jeunes gens arrive en criant à l’ingérence.
Crédit photo : Mohammed El Hamzaoui.
Persuadés qu’il s’agit d’un évènement organisé par un média gouvernemental algérien, les jeunes scandent bruyamment des slogans antisystème, tout en prenant à cœur de nous interrompre. Impossible de s’entendre, ni de s’expliquer avec eux, la situation tourne à l’absurde. Ils sont convaincus d’être nos ennemis. D’où vient cette rumeur ? Quiproquo ? Sabotage ? Les rumeurs vont bon train mais peu importe : c’est plus que jamais maintenant qu’il nous faut résister aux pièges de la division. L’union ne fait-elle pas la force ?
Z. M.
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