Dans la nuit du 1er au 2 août 2025, à Saint-André-de-Cubzac, en Gironde, un drame d’une violence absurde a bouleversé toute une communauté. Walid Benmansour, un Algérien de 28 ans, installé en France depuis plusieurs années, a été tué pour avoir simplement demandé à des voisins de baisser le volume d’une fête.
Ce qui aurait dû rester un geste banal et pacifique s’est transformé en altercation fatale. Vers quatre heures du matin, Walid sort de chez lui. Dans son quartier, une fête d’anniversaire empêche les enfants de dormir. Fidèle à son tempérament calme, il choisit de dialoguer. Mais sa demande provoque une dispute. Les mots s’échauffent, puis une bagarre éclate. Quelques instants plus tard, Walid s’effondre, frappé de plusieurs coups de couteau dans le dos, dont un transperce son poumon gauche. Les secours, arrivés rapidement, ne parviennent pas à le sauver.
L’enquête ouverte par le parquet de Libourne, confiée à la section de recherches de Bordeaux, a permis d’identifier deux suspects, âgés de 24 et 30 ans. Ils ont été interpellés à la mi-août, mis en examen et placés en détention provisoire. Leurs auditions devront préciser les circonstances exactes, mais une évidence demeure : Walid a payé de sa vie une simple demande de respect, un geste que chacun aurait pu faire à sa place.
À Saint-André-de-Cubzac, la victime n’était pas un inconnu. Employé comme agent de sécurité dans un supermarché de la commune, Walid était décrit comme un jeune homme sérieux, discret et apprécié de ses collègues. Originaire d’Oran, il avait rejoint la France pour travailler et aider sa famille restée en Algérie. Sa vie, modeste mais digne, symbolisait l’espoir d’une génération cherchant à construire un avenir par l’effort et le travail. Sa mort brutale a laissé un vide immense parmi ses proches et une incompréhension totale dans la ville où il vivait.
Le 17 août, près de deux cents personnes ont participé à une marche blanche en sa mémoire. Le cortège est parti du supermarché où il travaillait pour rejoindre la rue Robillard, lieu du drame. Des roses, des photos et des messages ont été déposés sur place, dans une atmosphère de silence et de recueillement. Sa cousine a déclaré vouloir honorer sa mémoire et obtenir justice. Son frère a filmé la cérémonie pour la retransmettre à ses parents restés à Oran, où la dépouille de Walid avait été rapatriée quelques jours plus tôt pour y être inhumée.
Au-delà de l’émotion, cette tragédie soulève des questions profondes sur la banalisation de la violence dans la société. Comment un simple rappel au calme peut-il se transformer en affrontement mortel ? Walid ne cherchait pas le conflit. Il voulait seulement préserver le repos des enfants. Sa mort incarne l’absurdité d’une époque où la violence peut surgir dans les gestes les plus ordinaires du quotidien.
L’enquête judiciaire suit son cours et devra établir les responsabilités exactes. Mais au-delà du procès à venir, le souvenir de Walid reste ancré dans la mémoire de Saint-André-de-Cubzac et au-delà.
Son nom, ses sourires, les fleurs déposées sur le lieu du drame rappellent qu’il ne s’agissait pas d’un simple fait divers, mais d’une vie brutalement arrachée à l’affection des siens. La question, douloureuse et révoltante, demeure : comment peut-on encore mourir, en 2025, pour avoir réclamé un peu de silence ?
Djamal Guettala