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L’ambassade du Canada à Alger menace les fraudeurs

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Un communiqué de l’Ambassade du Canada en Algérie via sa page Facebook (30/8/2022) traite, dans un ton inhabituel du langage d’une institution diplomatique, de la fraude et que « les personnes qui se permettent de délivrer de faux documents ou renseignements aux agents de l’immigration » devront subir «de graves conséquences ».

Entre un texte d’avertissement et celui d’une menace, les lecteurs de ce communiqué se demandaient s’il est adressé bien aux Algériens ou à des autochtones du « Kanada ».

Sur ce même document, nous pouvons lire une morale qui s’adresse en un ton loin de toute convenance diplomatique que « Si vous mentez dans une demande ou au cours d’une entrevue avec un agent de l’IROC, vous commettez aussi un acte de fraude ». Là, nous sommes bien loin et à des siècles-lumières de La Bruyère afin de saisir, que ce style puisse réellement refléter une noble institution diplomatique du plus grand territoire de Sa Majesté.

Fraude de quoi ? Par qui ? Et dans quel type de situation a eu cette fraude ? Le texte s’élance dans un mur de silence qui ne dit pas son nom et bien emplis de bizarreries langagières. Les rédacteurs de ce communiqué ont oubliés certainement que s’ils s’adressent aux Algériens, ces derniers ne connaissent du « Kanada » que la province du Québec.

Pourtant, il est question de l’IROC comme seul indice présent dans le texte. C’est un organisme chargé de la réglementation du commerce des valeurs mobilières qui intéresserait peux les jeunes Algériens en situation d’immigration vers ce pays ou sur place pour des études dans cette immensité bien glaciale.

Plus surprenant encore est la question des « fraudes » sur des documents ou informations transmises au service de l’immigration canadien. C’est bien cette organisme qui accueil aux l’aéroports,  les millions de visiteurs de ce pays avec des « agents » sorties tout droit  d’un film sur la Seconde guerre impérialiste mondiale et vérifiant le questionnaire que chaque voyageur doit remplir avant sa décente d’avion. Ledit formulaire est digne d’une « approbation à la visite » d’un immense camp de concentration d’une Pologne meurtrie durant l’extermination nazie.

Au-delà des méfaits de langage, puisque la langue de Cyrano de Bergerac est en net recul face à celle des esclavagistes britanniques et autres McKenzie. De 2016 à 2021, le nombre de Canadiens dont le français est la première langue officielle est passé de 7,7  à 7,8 millions de personnes, une croissance de 1,6 % sur cinq ans. En 2016, ils étaient 22,2 % pour s’amoindrir en 2021 à 21,4 %, ce qui dénote une réelle perte du Larousse de la bienséance et de la retenue langagière dans la communication sociale du « Kanada ».

Si le texte mondialement diffusé, évoque les questions de fraudes et autres fausses déclarations vis-à-vis de l’IROC, il est bien utile de ce pencher sur les non-dits du « communiqué ». C’est sur le site du Centre antifraude du Canada que tout est presque dit. D’un simple SMS aux documents officiels touchant un héritage familiale ou une activité économique d’entreprise. Mais, nous pouvons surtout lire que ce beau pays de « bucherons» a perdu quelque 285,75 millions de dollars liés à des activités frauduleuses le touchant en plein fouet, et ce par rapport à l’année dernière où le montant était de 381 millions de dollars.

Au seul mois d’aout passé, le « Kanada » a enregistré un peu plus d’un million de dollars de pertes dû a « des activités frauduleuses » de tout genre. Ce que les rédacteurs du texte ne voulaient certainement pas laisser transparaitre.

Un tel contenu et à l’adresse des Algériens, lancé par une institution d’Etat étranger à l’encontre des citoyens du pays hôte devrait faire mouche pour une indécente dérive éthique envers le sentiment culturel et l’histoire d’une nation qui a subit de la part de ce pays d’impudente affaires de mal versassions et de détournements de capitaux durant les décennies du Chadlisme et celles du régime de Bouteflika. Il n’est certainement pas nécessaire de rappeler que ce même pays avait bénéficié dès 1910, d’un large traitement commercial de la part de la France coloniale qui lui vendait des produits Algériens sous le label de « produit en France ». Et ce n’est certainement pas un fait du pur hasard, si ce texte émane d’une institution diplomatique qui côtoie le  mur de la très « sulfureuse » SNC-Lavalin-Algérie qui a défié les chroniques judiciaires dans le pays et de part le monde pour des projets bien accablants. Du mandat d’arrêt international lancé par l’Algérie depuis 2013 à l’encontre de Farid Bejaoui aux dossiers italiens et asiatiques de malversations et autres dépassements financiers. C’est bien dans ce pays que plus de 151 millions de dollars ont été transférés frauduleusement d’Algérie en 2015, suivi de 68 millions en 2016 et de 78,6 autres millions en 2017 et ce jusqu’à 2019.

Bien que de l’ordre de la morale d’Etat, le texte tel qu’il se présente occulte un tout autre visage du territoire de Sa Majesté. Le Canada est le pays où les salaires sont impayés, où les conditions de vie pour les migrants bien dangereuses et où les entreprises passent au-dessus des candidats à l’emploi. Un pays où 1 Canadien sur 7, a entre 55 et 64 ans, un nombre élevée d’entre eux s’approchent de l’âge de la retraite et un taux qui s’aggrave par la baisse du taux de la natalité depuis 1971.

Abandonner par la France au détriment de l’Angleterre lors  du traité d’Aix-La-Chapelle en 1748, cet ancien « grand jardin de Louis XV » est aujourd’hui soumis à une fulgurante croissance envers la main-d’œuvre étrangère temporaire, développée par le programme TET (Travailleurs Etrangers Temporaires), un projet qui tente de contenir le vide de l’emplois dans les secteurs cuisiniers et ceux des superviseurs alimentaires de la restauration rapides (MacDo, KFC, etc.)

Au mois de mars dernier, le Canada a atteint un niveau recors de « postes vacants » de travail : 1 millions. A l’heure actuelle, on y quitte le marché du travail plus qu’en y rentre. Cette crise prononcée des postes vacants, touche ce qui est vulgairement appelé l’économie des soins, à savoir les emplois dans les secteurs de l’enseignement, les soins aux personnes âgées, la garde des enfants et le secteur des soins de santé. Au seul premier trimestre 2022, le secteur de la construction demandait quant à lui quelques 81500 postes disponibles.

Peut-on parler encore d’éthique économique lorsque l’on relève dans la presse canadienne spécialisée que le plus grand producteur de cerises dans la province de la Colombie-Britannique, Jealous Fruits Ltd a autorisé à lui seul quelque 640 postes pour des emplois temporaires, une sorte de khammès à la canadienne, puisque le domaine agricole de ce pays emplois, au seul dernier trimestre, 20 592 travailleurs temporaires. Un programme bien « éthique » qu’est ce TET afin de remédier au manque de main-d’œuvre dans l’ensemble du territoire de Sa Majesté. Cette dernière, continue à récolter pour son compte, une taxe royale sur l’ensemble des produits achetés, fabriqués, consommés et autres, puisque chaque Canadien est bien un « Sujet » de la reine et de ses descendants.

Selon le cabinet d’avocats d’immigration au Canada et à travers son bulletin électronique, CIC News, le ministère fédéral canadien de l’Immigration (IRCC) prend des retards dans le traitement des dossiers des demandeurs de visas  de travail auprès d’entreprises et d’établissements universitaires qui recrutent des « talents internationaux » dans divers domaines et spécialités.

Entre juin et juillet 2022, le ministère en question et après enquête menée en juin par un organisme s’intéressant aux questions de mobilité de la main-d’œuvre, le Canadian Employee Relocation Council (CERC) auprès d’employeurs qui embauchent  97 % des «talents internationaux » et faisant travailler entre 2000 et 10000 travailleurs.

Ces talents contribuent énormément au développement des entreprises canadiennes, qui se retrouve ralenti par les retards  de traitement au niveau de l’IRCC qui produisent un impact négatif touchant les 97 % des opérateurs pour les prochaines années. Aujourd’hui, environ 94 % de ces organismes économiques ont annulé ou retardé des dossiers.

Les retards entrainent des pertes de revenus et cela ont touché 55 % des organismes. Pire encore, le monde universitaire, de la recherche et du développement technologique qui signale que 29 % du secteur été obligé d’annuler ou de reporter des programmes d’enseignement, ainsi que des retards dans les projets de recherche.

A partir de ces données totalement canadiennes, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt d’un tel « communiqué » en direction d’un pays dont sa brillante jeunesse et ses cadres les plus aguerris ont nourris depuis 1995, le savoir-faire d’un pays qui venait tout juste, en 1962, de sortir de l’emprise d’une Eglise rétrograde qui décidait encore, du sexe que devaient mettre au monde les mères canadiennes.

Mohamed-Karim Assouane, Universitaire

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