À l’issue du deuxième jour du conclave, de la fumée blanche s’est échappée de la cheminée de la chapelle Sixtine jeudi 8 mai à 16h09 TU, signe que les cardinaux ont élu un nouveau pape. Selon l’annonce du cardinal protodiacre Dominique Mamberti, le cardinal américain Robert Francis Prevost devient le pape Léon XIV, en succédant à François, décédé le 21 avril. Le nouveau pape est le premier pontife issu des États-Unis.
En choisissant leur nom, les souverains pontifes nouvellement élus font souvent référence à un prédécesseur envers lequel ils entendent exprimer leur gratitude ou leur filiation morale et intellectuelle.
Clément, François, Hilaire, Simplice, Benoît, Innocent… Elu lors du conclave, jeudi 8 mai, l’Américain Robert Francis Prevost est devenu Léon XIV, 267e souverain pontife. Son nom a été partagé avec le monde lors de sa présentation aux fidèles depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican. Une première décision en tant que pape qui ne peut pas être prise à la légère puisque cette tradition s’inscrit dans une histoire millénaire et donne en général le ton du pontificat à venir.
La tradition veut que le doyen du Collège des cardinaux demande en latin au pape nouvellement élu : « De quel nom voulez-vous être appelé ? » Le nom du nouveau pape est ensuite proclamé à la foule par le cardinal « protodiacre » (cette année, ce sera le Corse Dominique Mamberti), depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, explique l’Eglise catholique. La décision peut être prise par admiration pour un pape précédent, par volonté de marquer une continuité ou au contraire une rupture.
Le premier pape à avoir abandonné son nom est Mercure en 533. Il se déleste de ce nom faisant référence à un dieu romain du commerce (et donc païen), pour celui plus approprié de Jean, l’un des apôtres du Christ. Il argue alors que si Jésus avait changé le nom de Simon – le premier pape – pour Pierre, d’autres papes pouvaient faire de même. Seule exception depuis Mercure : au XVIe siècle, Adrien VI conserva son nom de baptême.
Un « premier signe » à « ne pas surinterpréter »
Jean demeure le nom le plus utilisé au fil des siècles, suivi de Benoît, Grégoire, Clément, Innocent, Léon et Pie. Dans l’histoire contemporaine, la référence à un prédécesseur, envers lequel le nouvel élu entend exprimer sa gratitude ou sa filiation morale et intellectuelle, est une raison souvent invoquée pour justifier son choix.
Cela peut « être aussi le premier signe qu’un nouveau pape donne sur la marque qu’il entend donner à son pontificat », selon qu’il prend le nom d’un pape conservateur ou progressiste, explique le vaticaniste John Allen dans son livre Conclave. En 2013, Jorge Bergoglio a par exemple créé la surprise en étant le premier à choisir François, le défenseur des pauvres au XIIIe siècle.
Les bookmakers, eux, pariaient sur Léon. Ils avaient donc vu juste. En choisissant ce nom, le nouveau pape se place dans les pas de Léon XIII (1878-1903). Ce dernier a publié pendant son pontificat une encyclique en 1891 à l’origine de la doctrine sociale de l’Eglise, comme le rappelle La Croix. Mais des spécialistes interrogés sur France 2 rappellent que la référence peut aussi remonter à Léon Ier, un « pape des temps troublés », contemporain du déclin de l’Empire romain, et qui rencontra Attila en 452. Seul Robert Francis Prevost pourra donner les clés de ce choix.
L’Allemand Joseph Ratzinger, pape de 2005 à 2013, a lui expliqué avoir opté pour Benoît XVI « en référence à Benoît XV, qui a guidé l’Eglise dans la période difficile de la Première Guerre mondiale ». Quant à Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005, il avait expliqué vouloir s’inscrire symboliquement dans la lignée de son prédécesseur, Jean-Paul Ier, mort soudainement 33 jours seulement après son élection. « J’ai voulu porter les mêmes noms qu’avait choisis mon très aimé prédécesseur », avait simplement dit le pape polonais, alors qu’un tel double nom était sans précédent dans l’histoire de la papauté. « Souvent, avertit toutefois John Allen, les papes choisissent un nom parce qu’ils veulent honorer un membre de leur famille ou un saint, aussi est-il important de ne pas surinterpréter » ce choix.
Certains noms à connotation négative
Aucun souverain pontife n’a choisi le nom de Pierre II, par respect pour le premier pape, mais aussi peut-être parce que, selon une prophétie, l’avènement du second Pierre conduira à la destruction de Rome et déclenchera l’Apocalypse.
Formose n’est pas non plus très coté, car l’unique pape (d’origine corse) à avoir porté son nom fut exhumé au IXe siècle par son successeur qui le détestait, Stéphane VII, et jugé pour avoir occupé illégalement le trône de Saint-Pierre. Après qu’il a été condamné, ses doigts, qui donnaient la bénédiction, furent tranchés et son corps jeté dans le Tibre.
Certains noms ont une connotation négative en raison de la personnalité des papes qui les ont portés : Pie XII, critiqué pour son silence durant l’Holocauste, Grégoire VII, élu en 1073 et accusé de nécromancie, ou encore Alexandre VI, un Borgia célèbre pour sa débauche.
Avec AFP/Francetvinfos
Un Augustinien.