Mardi 18 décembre 2018
L’Arabie saoudite prévoit un déficit budgétaire pour la 6e année consécutive
L’Arabie saoudite a présenté mardi un projet de budget 2019 tablant sur un déficit à hauteur de 35 milliards de dollars, dans le rouge pour la sixième année consécutive en raison des prix bas du pétrole.
Riyad, premier exportateur mondial de brut et dont l’économie reste extrêmement dépendante des exportations d’or noir, prévoit des recettes de 260 milliards de dollars, principalement tirées des revenus pétroliers.
Dans le même temps, ses dépenses devraient s’élever à 295 milliards de dollars –leur niveau annuel le plus élevé dans l’histoire du royaume–, selon un communiqué gouvernemental lu par le roi Salmane.
Le déficit attendu s’établirait à 4,6% du Produit intérieur brut (PIB).
Pour diversifier son économie, l’Arabie saoudite, qui pompe quelque 10,5 millions de barils par jour, s’est engagée dans un programme de réformes économiques et sociales sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane.
Mais l’aura internationale de ce dernier a été drastiquement écornée par son implication présumée dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, à l’heure où Ryad est par ailleurs montré du doigt pour son rôle central dans le conflit meurtrier au Yémen voisin.
L’Arabie saoudite n’a connu que des exercices budgétaires déficitaires depuis 2014, sur fond de chute prononcée des cours du brut.
« Nous sommes déterminés à poursuivre les réformes économiques, à mieux contrôler la gestion des finances, à intensifier la transparence et à renforcer le secteur privé », a insisté le roi dans une brève allocution au gouvernement.
De son côté, l’héritier du trône Mohammed ben Salmane a assuré que le gouvernement continuera de « diversifier les sources de revenus (du pays) et à consolider la stabilité budgétaire ».
Une tendance déjà engagée, a-t-il souligné, précisant que les recettes hors du secteur pétrolier avaient bondi ces cinq dernières années, passant de 34 milliards de dollars en 2014 à quelque 77 milliards cette année, et qu’elles devraient même gonfler à 83,5 milliards en 2019 — soit un tiers des recettes totales. Une progression due notamment à la récente introduction d’une TVA.
Par ailleurs, le pays est parvenu en 2018 à sabrer son déficit budgétaire de 31% par rapport au chiffre initialement attendu, à 36 milliards de dollars, à la faveur d’un rebond temporaire des cours du pétrole, a précisé le ministère des Finances.
Le ministère a par ailleurs fait état d’une hausse de 2,3% du PIB cette année, un net rebond après une contraction de 0,9% l’an dernier.
Les autorités tablent pour 2019 sur une croissance de 2,6%.
Pour tenter de réduire son déficit budgétaire, Ryad a puisé des centaines de milliards de dollars dans ses réserves, tout en empruntant des dizaines de milliards sur les marchés intérieur et internationaux.
Une stratégie qui a fait bondir la dette publique du pays: celle-ci devrait grimper à 21,7% du PIB en 2019, contre 19,5% actuellement, selon une prévision dévoilée par le ministre des Finances Mohammed al-Jadaan, qui table sur un rééquilibrage du budget d’ici à 2023.