Des tirs d’artillerie et des frappes aériennes meurtrières ont visé jeudi la bande de Gaza, où l’armée israélienne a récupéré les corps de cinq Israéliens tués durant l’attaque du Hamas le 7 octobre et emmenés dans le territoire palestinien.
Même sous le coup du mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) Benjamin Netanyahu s’est rendu aux Etats-Unis. Après avoir été reçu au Congrès où il défendu la guerre à Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré jeudi à Washington le président américain Joe Biden, avant un entretien prévu avec sa vice-présidente, Kamala Harris. En effet, pendant que le premier ministre est reçu en Occident (Etats-Unis et France), les Palestiniens de Gaza meurent sous les tapis de bombes de l’armée israélienne qui poursuit sa guerre à Gaza.
Joe Biden devait réaffirmer à son interlocuteur qu’un cessez-le-feu est nécessaire « rapidement » dans le territoire palestinien, a déclaré la Maison Blanche.
En même temps, le président américain affiche son fort soutien à Israël depuis le début de la guerre, mais il s’est montré de plus en plus critique au fur et à mesure qu’augmentait le bilan des victimes civiles. Grâce au soutien des Etats-Unis, Israël a bloqué toutes les résolutions du conseil de sécurité de l’ONU.
Cependant, « le Royaume-Uni ne s’opposera plus au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Netanyahu » (Bureau du Premier ministre, Keir Starmer).
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 39.175 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne aucune indication sur le nombre de civils et de combattants morts. L’écrasante majorité des victimes sont des femmes et des enfants. Près de 80% de
« Comme les morts »
Jeudi, des bombardements ont visé la ville de Gaza et Beit Lahia, dans le nord, où neuf personnes ont été tuées selon des sources médicales, ainsi qu’Al-Bureij, dans le centre.
Les forces israéliennes ont aussi poursuivi leurs opérations à Khan Younès et Rafah, dans le sud.
« Des avions de combat israéliens ont pris pour cible des civils assis près de leurs maisons », dont cinq sont morts, a affirmé à Beit Lahia Ahmed Kahlout, le directeur local de la Défense civile.
Selon des témoins, les soldats ont fait exploser des immeubles d’habitation à Tal Al-Sultan, un quartier de l’ouest de Rafah, et à Bani Suhaila, à l’est de Khan Younès.
L’armée a annoncé avoir « éliminé des dizaines de terroristes et démantelé environ 50 infrastructures terroristes » ces derniers jours à Khan Younès.
Des milliers de Palestiniens ont de nouveau fui les bombardements, après des ordres d’évacuation de l’armée couvrant plusieurs secteurs du territoire.
Sans nulle part où aller, des familles se sont réfugiées dans la rue, ou, comme à Khan Younès, près d’un cimetière.
« Nous vivons à côté des morts. Nous sommes comme les morts. La différence, nous respirons, eux pas », a témoigné Rytal Motlaq, une déplacée, qui a improvisé un abri avec des bâches.
Depuis le début de la guerre, l’immense majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés, pour beaucoup à plusieurs reprises, à travers le territoire assiégé par Israël.
« La situation humanitaire à Gaza est un désastre total », a déclaré jeudi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Il a décrit « le plus haut niveau de victimes et de destruction jamais vu depuis que je suis secrétaire général », ainsi qu’un « niveau d’aide humanitaire totalement hors de proportion avec les besoins ».
Un « sabotage »
Jeudi, l’armée a dit avoir récupéré durant une opération à Khan Younès les corps de cinq Israéliens tués le 7 octobre.
Elle a précisé que les corps de Maya Goren, Ravid Katz et Oren Goldin, qui habitaient des kibboutz proches de Gaza, ainsi que ceux de deux soldats, Tomer Ahimas et Kiril Brodski, avaient été ramenés en Israël.
Le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les Israéliens décédés avaient été gardés par le Hamas dans des tunnels « à 20 mètres de profondeur sous la ville de Khan Younès ».
Ils se trouvaient « sous un secteur qui avait été déclaré zone humanitaire par l’armée », a-t-il ajouté, en accusant le Hamas d’avoir « exploité » cette situation pour « garder les otages captifs ».
Le Forum des familles d’otages, une association israélienne qui représente des proches retenus en captivité à Gaza, a dénoncé jeudi un « sabotage » des efforts destinés à obtenir la libération des otages, en pointant du doigt Benjamin Netanyahu.
Des discussions pour un cessez-le-feu associé à une libération d’otages, prévues jeudi au Qatar, ont été reportées à la semaine prochaine, selon une source proche des discussions.
Alors que Washington s’alarme du bilan humain de la guerre, Benjamin Netanyahu a rejeté mercredi, devant le Congrès, « tous les mensonges » sur les pertes civiles, affirmant que la guerre à Gaza « a l’un des ratios les plus bas de non-combattants tués par rapport aux combattants dans l’histoire des guerres urbaines ».
En mai, l’ONU avait déclaré que les femmes et enfants représentaient au moins 56% des personnes tuées depuis le début de la guerre, sur la base de données du ministère de la Santé du Hamas.
La rédaction avec AFP