L’association Azday Adelsan n Weqqas (le café littéraire d’Aokas) a été dissoute cette fin de semaine par le tribunal administratif de Bejaia. Encore un espace de culture et de débats interdit par le régime.
Cette mesure administrative est venue suite à une plainte déposée par l’administration de la wilaya de Bejaia, avons-nous appris. a plainte a été notifiée à l’association en septembre dernier. L’administration reproche à ses membres de s’adonner à des activités contraires à la loi régissant les associations (prosélytisme religieux) en diffusant des documents (CD, imprimés et dépliants) à thème religieux (christianisme). Le motif est vite trouvé par le régime pour interdire les activités de cette association. A défaut de la traditionnelle accusation de financements étrangers, les autorités actionnent l’argument de la religion.
Le RAJ et bien d’autres associations qui irriguaient la vie culturelle ont déjà connu la loi d’airain du règne brutal de Tebboune et ses accolytes.
Créée en 1989, cette association a animé des dizaines de rencontres débats avant 2019 autour de divers thèmes littéraires, scientifiques et artistiques. Des écrivains de renom, des poètes et conférenciers ont été invités par cette association particulièrement active. Avec la dissolution de cette association c’est aussi la disparition d’un lieu d’expression culturelle et de diffusion des idées.
Il est manifeste que le régime ne veut plus entendre parler d’une culture alternative que la sienne. Le verrouillage de la société doit être intégral pour abrutir la société algérienne et continuer de régner sans voix éclairée.
La dissolution des associations culturelles, la criminalisation de l’opposition, les interdictions de conférences, la censure dans les médias, voire l’interdiction de la presse libre participent d’une politique de terreur globale.
A la terreur politique s’ajoutent la terreur culturelle, la manipulation des informations, le démantèlement systématique des conquis démocratiques, la diffusion d’informations tendancieuses voire mensongère pour tromper l’opinion. En maintenant la société sous une chappe de plomb, le règne de Tebboune-Chanegriha laissera de lourdes séquelles sur la société algérienne.
Yacine K.
Réaction de l’éditeur Amar Ingrachen : vivre sa poésie au cœur de la Tebbounie
La dissolution du Café littéraire d’Aokas est peut-être la chose la plus dégueulasse qu’ait commise la Tebbounie, et ce, pour une raison très simple:
Empêcher un peuple de dire sa poésie, tuer la poésie d’un peuple, c’est violer son intimité, c’est le séparer de soi-même.
Pourquoi un tel crime contre l’immunité des Algériens et pourquoi à Aokas?
Selon moi, c’est à Aokas que les flibustiers qui dirigent l’Algérie depuis 1962 ont mis le deuxième genou à terre face à la fatalité de l’art.
En organisant la deuxième marche dans l’histoire en l’honneur de la poésie en 2017, les marcheurs brandissant chacun un livre, les animateurs de ce beau cénacle culturel ont ravivé la flamme d’Avril 80 et redonné au rêve droit de cité en Algérie.
Depuis, beaucoup de cafés littéraires sont lancés partout en Algérie et même si les pirates aux pouvoirs les ferment l’un après l’autre – il faut savoir que les chauves-souris ont la passion de la nuit-, ils n’assombriront jamais le ciel de la poésie.
Les poètes ne meurent jamais. Quant à Tebboune et sa clique d’ignorants fossoyeurs de la liberté de dire, de créer et de chanter, ils se ramasseront dans la poubelle de l’histoire à l’image de leur maître d’hier et de ses bouffons. Iyedji ga3 énharkoum ya oued lehram!