24 novembre 2024
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Le baby boom à l’algérienne risque de coûter cher !

Débat

Le baby boom à l’algérienne risque de coûter cher !

Nous sommes, depuis le 1er janvier 2018, 47,2 millions d’habitants, selon l’ONS. En raison de la progression de la natalité, le cap d’un million de naissance par an a été atteint pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie : 1,06 million de naissances vivantes ont été enregistrées auprès des services de l’état civil en 2017. Cette croissance de la natalité en Algérie constitue selon les experts une « singularité internationale » qui permet de croire à un « baby boom » ! La crise décourage-t-elle les couples à faire des bébés ? Dans les pays occidentaux, peut-être, mais en Algérie, certainement pas ! On aurait pu s’attendre à ce que l’incertitude suscitée par la crise pétrolière fasse chuter la fécondité et/ou le désir d’enfants chez les couples ou ceux en devenir, apparemment non ! Ce désir d’enfant ou cette aptitude à la procréation sans limites ne sont pas dus au hasard, puisque, rappelons-le, dans notre pays, plus on procrée, plus on touche d’allocations.

Notre pays va, ainsi, occuper le « haut du pavé » mondial en la matière. Autrement dit, les naissances annuelles seront de la dimension de la population d’une wilaya ! Les problèmes qui se posent et se poseront davantage à l’avenir, concerneront le chômage et l’emploi ; les derniers chiffres du chômage viennent d’être rendus publics : le taux est passé de 9,6% à 10,6% voire plus ; 25% des diplômés universitaires souffrent de ce phénomène. La pression sur le marché du travail s’accentuera avec 380 000 demandes d’emploi/an qu’il n’est pas possible de satisfaire, sachant que la fonction publique n’est plus « un réservoir d’emploi ». Les années à venir vont être extrêmement difficiles nous prédisent les experts ; selon une étude de l’ONS, les Algériens seront au nombre de 55 millions d’habitants entre 2050 et 2100, quand, peut-être, au même moment, à Dieu ne plaise, nos richesses fossiles tariront. Il reste le gaz de schiste diront certains, mais à quel prix et surtout comment y recourir ou penser à l’exploiter dans le contexte de crispation dans lequel se trouvent nos régions du Sud ?

De plus, et si la croissance économique tarderait à venir, et si la population active occupée serait en régression ou se stabiliserait à son niveau actuel, comment le gouvernement pourrait assurer les retraites d’aujourd’hui et de demain ? On comptait en 1988, huit travailleurs qui côtisaient pour un retraité ; aujourd’hui, ce rapport n’est plus que de 2,5 et les causes de cette situation sont connues : vieillissement progressif de la population nombre de retraités en hausse, suite aux mesures de départs volontaires, et autres fermetures d’entreprises publiques Le ministre du travail devrait se soucier davantage du rapport «actifs-inactifs» ou le nombre de ceux qui ont un emploi diminue à vue d’œil, contrairement aux seconds dont le nombre augmente, ce qui a pour effet de diminuer la part des cotisations salariales. Sachant que notre système de retraite est fondé sur la logique de la répartition, il faudrait qu’il explique comment et surtout où il compte trouver des sources de financement complémentaires à même de garantir le système de retraite actuel ? Si l’on ne renoue pas, et vite, avec la croissance hors hydrocarbures, et de manière forte et durable, la population en âge de travailler ne trouvera pas d’emploi, y compris chez les universitaires, sachant que toutes les mesures Ansej et Anjem ont montré leurs. L’inéluctable vieillissement de la population risque, également, d’aggraver, encore plus, la situation : la population des «vieux» passant de 6,2% en 2000 à 9,2% en 2020, pourrait atteindre 22% en 2050. Phénomène encore inimaginable, il y a quelques années, les personnes âgées souvent démunies, sont de plus en plus nombreuses à se retrouver sans assistance ; les liens familiaux, de plus en plus distendus, voire une absence totale de liens, provoquent, en plus, une marginalisation de cette catégorie de citoyens qui ne bénéficient pas d’aides sociales suffisantes pour vivre décemment. Sur le plan des infrastructures, les foyers pour personnes âgées sont rares, ou quand ils existent manquent de tout.

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Les services de gériatrie sont quasi-inexistants, carence qui impactera le corps médical, lui-même en butte à de nombreux problèmes que le ministre du secteur n’est pas arrivé à résoudre. Rappelons aussi pour corser cette équation que le boom des naissances des années 70/80/90 a fait qu’actuellement, environ 70% de la population algérienne a moins de 35 ans et que cela n’est pas sans conséquences sur l’emploi, le logement, la facture alimentaire, les loisirs etc. Tous ces trentenaires issus du boom des années 70/80/90 et notamment les jeunes algériennes nées à ces époques ont le désir de fonder une famille, même si elles ne doivent avoir qu’un ou deux enfants, ces naissances seront beaucoup plus nombreuses que les décès concomitants des personnes nées il y a 50 ans. Il s’en suit, selon les experts, que la population algérienne poursuivra, une croissance pendant une génération avant de se stabiliser. Si l’on voulait la stabiliser au plus vite, il faudrait des mesures dictatoriales pour empêcher les femmes d’enfanter. Il y a la piste du plafonnement des allocations familiales à 2/3 enfants mais beaucoup doutent de son efficacité. Il y a aussi le poids des traditions et de notre religion qui est contre toute limitation. On l’aura compris, inutile d’ouvrir ce débat, au risque de donner du «grain à moudre» à qui vous savez !

De plus, l’Algérie n’étant pas la Chine, on ne peut parler de restriction ou de limitation «politique» des naissances ; cela ne serait pas, seulement, immoral, ce serait, également, stupide avec le risque de déboucher sur un coup d’«accordéon», comme en 1970, lorsque les dirigeants de l’époque ont estimé «qu’il y a avait trop de médecins et pas assez de pêcheurs en Algérie». Ils ont donc fermé l’accès aux facs de médecine et subventionné l’achat massif de petites embarcations de pêche, pour s’apercevoir, ensuite (et à ce jour) que l’on manque de personnel médical (gériatrie, par exemple), et qu’on n’a pas, pour autant, résolu notre problème d’abondance de poissons. Le tableau est noir et cette histoire de démographie galopante va l’enténébrer davantage, ce qui doit inquiéter, en haut lieu ou pour le moins Ahmed Ouyahia et son ministre de la santé ! Ce dernier devra dérouler sa «feuille de route» pour dire ce qu’il compte faire pour juguler ou, pour le moins, réguler la démographie dans notre pays : Estime-t-il que la croissance démographique est excessive et préoccupante notamment dans la conjoncture présente, comme le soutiennent les économistes qui y voient un frein au développement ? Va-t-il donc s’engager dans une politique de planification familiale ? Ou est-ce une bénédiction et un atout pour l’avenir, comme le pensent certains démographes qui disent que l’Algérie, puissance régionale, s’il en est, se comporterait mieux avec une population de 100/200 millions d’habitants ? Que va-t-il faire, également, de tous ces «vieux», du million de naissances prévu annuellement et de tous ces trentenaires qui attendent tout de «l’Etat-providence» ? Voilà un débat à même de nous sortir des « oui au 5e mandat », des uns, ou du « wait and see » des autres, si tant est que tous ces politiques daignent parler à notre intelligence ! Notons, déjà, que deux écoles s’affrontent en la matière : La Chine qui contraint ses citoyens, depuis des lustres, à un contrôle des naissances draconien «politique de l’enfant unique» l’Inde, qui ayant décidé de «laisser filer», sera plus peuplée que la Chine avec un âge moyen moins élevé. Dans les années 1950, le général de Gaulle, disait de la Chine de l’époque, qu’elle était «innombrable et misérable». C’est parce qu’elle a fait l’effort de ne pas être plus innombrable chaque année, qu’elle a cessé, aujourd’hui, d’être misérable ! L’Inde, quant à elle, n’ayant pas voulu faire le même effort, s’est laissée distancer par la Chine et par la plupart des autres pays asiatiques. L’Algérie peut-elle emprunter la même voie que la Chine, c’est-à-dire tenter d’être innombrable ? Certains le pensent, en mettant en avant le qualificatif «jeune» pour définir la population du Maghreb en général et de l’Algérie en particulier. Ils évoquent un « dividende démographique » qui demeure une chance pour notre pays, car ce capital humain constitue un formidable vecteur de croissance si de lourds investissements sont rapidement investis dans l’emploi, la santé et l’éducation afin de pérenniser des économies encore fragiles. Le dividende démographique de l’Algérie, d’aujourd’hui, qualifié aussi « d’aubaine démographique », lui donne la possibilité selon les experts, d’accroître son PNB. Il commencera à se refermer à partir de l’an 2020 ! Toutefois, il nous reste à peine huit années pour engager les réformes et les efforts indispensables. Rater cette occasion, c’est rater son rendez-vous avec l’histoire et le prix en serait, alors, particulièrement lourd ! Nos gouvernants et tous ceux qui parmi les «résignés-réclamants» comme les décrit Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand qui continueront de suivre le mauvais exemple que nous donne l’Inde, doivent savoir qu’ils ne pourront ni éduquer, ni soigner, ni donner de l’emploi encore moins assurer la sécurité, ou loger une population en croissance démographique, trop rapide. Les résignés-réclamants, pour ceux qui viendraient encore à l’ignorer, sont des personnes qui sont incapables de prendre leur destin en mains, elles demandent à l’Etat de la sécurité (c’est-à-dire de la défense, de la police, de l’instruction, de la santé, un logement et un emploi qui passe par une formation), exigeant les meilleurs services pour le prix le plus bas. Ces gens-là sont consommateurs égoïstes de services publics qu’ils ne songent même pas à rendre aux autres. Ils ne font que réclamer des miettes d’une abondance en voie d’extinction ! L’explosion démographique bouleversera l’Algérie dans les années à venir et à moins d’une bonne gouvernance et d’une relance économique providentielle, le pays peut connaître de sérieux problèmes de dépendances, voire d’endettement. La croissance économique du pays va être « mangée » par une démographie galopante et le débat est, d’ores et déjà, ouvert entre ceux qui pensent que l’incertitude économique est mauvaise pour la démographie et ceux qui estiment que la récession encourage plutôt le nombre de naissances. N’est-il pas temps, aujourd’hui, de penser à maîtriser cette croissance inutile et perverse qui dilapide les ressources fossiles du pays ? Sans compter ses impacts sur la vie économique et sociale ? Le gouvernement d’Ahmed Ouyahia (ou celui qui viendrait à lui succéder en 2019) a donc, pour ardente obligation, de ramener la démographie à un taux raisonnable et qu’il cesse, une fois pour toute, de s’en remettre aux cours du pétrole, espérant quelque miracle !

Auteur
Cherif Ali

 




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