25 novembre 2024
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Le cas tunisien : à méditer pour la présidentielle algérienne       

REGARD

Le cas tunisien : à méditer pour la présidentielle algérienne       

Les ailes qui prônent depuis plus de 7 ans la démocratisation du système politique se sont réveillées lundi 16 septembre dans une société tunisienne dans laquelle ils ne se voient pas du tout représentées. 

A quoi servirait-il de pleurer sur son sort lorsqu’on est le premier responsable de son échec, avouent les plus pragmatiques d’entre eux, comme  Youssef Chahed, le premier ministre en poste et candidat malheureux pour avoir raté son passage au deuxième tour de la présidentielle. 

Que ce soit en Tunisie ou en Algérie voire même dans d’autres pays qui ont connu des mouvements de manifestations d’ampleur, les démocrates ne partent jamais en rangs serrés  et c’est pour cela que le pouvoir politique va naturellement aux pôles qui sont organisés et disciplinés et disposent d’une proximité avec la population. 

Le peuple qui a fait la révolution pour aspirer à un changement réel de son environnement, veut du concret mais pas de la surenchère idéologique, politique, religieuse voire même sociétale. Ce sont les conditions économiques qui servent à l’assise du progrès social et non pas le contraire. On a beau inverser la pyramide de Maslow dans les pays fortement religieux mais la réalité de la pauvreté a remis les pendules à l’heure pour les rappeler à la réalité économique et sociale. 

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En Tunisie, tout porte à croire que la leçon de Bouazizi a été vidée de son sens pour laisser de côté voire même confier la gestion économique et sociale au Fonds monétaire international (FMI) pour donner priorité à des discussion sur l’héritage, les libertés individuelles et collectives, sujets  très controversés dans les sociétés fortement communautarisées comme la Tunisie, l’Algérie, la Syrie l’Egypte etc. Résultat : les électeurs tunisiens se sont rapprochés auprès de ceux qui semblent avoir reçu 5 sur 5 leur préoccupations socio-économiques. 

Le premier, Kais Saied, un constitutionnaliste de formation, faisant partie intégrante de l’élite intellectuelle tunisienne. Il jouit d’une réputation d’intégrité et de droiture. Il a développé tout au long de sa campagne électorale de nombreux axes socio-économiques en reconnaissant publiquement que ceux qui ont fait leur saine révolution n’ont rien obtens de leurs revendications qui ont été déviées vers d’autres sujets qui les ont éloignés de leur quotidien de plus en plus difficile et en perspective, les Tunisiens ne voient pas le bout de tunnel.

Ce candidat s’est approché des jeunes très nombreux. Sur une population de 11 596 553 attendu fin 2019 en croissance au rythme de 1,25% /an soit environ 14500 naissances par an, près de 65% restent encore en âge de travailler. Il leur  a proposé de trouver des artifices pour les impliquer dans la gestion et le rouage de la cité. Il s’est rendu dans la Tunisie profonde pour leur faire comprendre qu’ils n’ont pas à rentrer dans le débat de leur identité car elle est désormais arabo-musulmane, de rite malékite et n’a de leçon à recevoir de personne. Il lui reste avec lui de retrousser les manches pour l’édification économique pour faire sortir la Tunisie de son approche économique extravertie qui bénéficient plus aux étrangers qu’aux tunisiens eux même. 

Il a réussi pour ceux qui ont suivi son parcours électoral d’arracher les jeunes des débats sur des sujets stériles, qui « désirent rompre avec le passé et essayer quelque chose de nouveau ». Le second est un magnat des affaires en prison pour des « affaires de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale ». Nabil Keroui a utilisé la proximité avec une frange de la population nécessiteuse pour bâtir une popularité « dans la Tunisie profonde » totalement ignorée par les partis politiques classiques y compris les islamistes d’Ennahda. Cette tranche de la population est formée de « démunis et de laissés-pour-compte soit, lit-on dans un éditorial d’un journal tunisien, « ceux dont la principale et seule préoccupation est d’avoir le minimum de quoi subvenir à leurs besoins élémentaires.» La preuve est donnée par les chiffres estimés par Sigma Conseil qui  est un bureau d’étude et statistique opérant dans tous les pays d’Afrique du Nord, leader en Tunisie et en Algérie et disponible dans son site internet (01). 

Ainsi 40.8 % des votants pour Nabil Karoui ne sont pas allés à l’école, et 29.1 % d’entre eux ont un niveau d’instruction qui ne dépasse pas le primaire. Par contre, ceux qui ont voté pour Kaïs Saied ont, dans une proportion de 20.6 %, un niveau secondaire, et 24.7 % un niveau universitaire. Nous remarquerons aisément que les profils des électeurs de l’un comme de l’autre sont cohérents avec les objectifs des programmes que les candidats visent que ce soit pour le premier à travers son parti Qalb Tounes (Cœur de la Tunisie) ou le candidat libre Kaïs Saied dans le développement même de sa démarche.                                                                                                         

Les 24 autres se sont encombrés dans la surenchère politique

Certains, sinon la majorité, ont démarré la campagne par les règlements de comptes et le déballage des secrets qu’ils ont préféré ressortir pour passionner leur électorat en se servant des outils de promotion un peu à l’américaine pour une population en majorité surprise parce qu’elle s’attendait avec impatience le démarrage de la campagne électorale présidentielle 2019 pour découvrir les programmes électoraux des candidats au palais de Carthage et pour prendre connaissance, au moins, des premières mesures qu’ils comptent prendre au cas où les électeurs les porteraient à la présidence de la République. 

Cette façon de débuter une campagne de ce niveau a mis dans l’embarras les électeurs des partis démocratiques qui, pour distinguer dit-on le vrai du faux, ont donc préféré rester chez eux pour la majorité plus de 55%. Ils se sont égarés dans les sujets en discussion voire même tranchés depuis près de 8 ans avec la constitution. Manel Derbeli, chercheuse en sciences de l’information et de la communication et en science politique, devait afficher son étonnement dans une contribution que cette élite qui a assisté le peuple tunisien à toutes étapes du dialogue depuis leur révolution en 2011, persiste et signe « en  malmenant leur propre constitution  » alors qu’elle a donné son accord et tranché sur ses dispositions. Nombreux sont les candidats qui se sont engouffrés dans le thématique de l’héritage sur laquelle ils veulent revenir, voire même jeter à la poubelle comme aime le répéter Moncef Marzouki ex-président de la république et candidat lui-même à cette présidentielle. D’autre comme Abir Moussi propose même de changer la constitution pour remettre en selle le débat de 8 ans. Mohamed Hachemi Hamidi, patron de la chaîne Al Mustakillah veut rendre la constitution conforme à la chariâa. Le dossier de l’héritage et de l’égalité entre hommes et femmes demeure néanmoins une question brûlante qui se pose fortement dans cette campagne électorale pour les Présidentielles. 

L’appui de l’égalité entre les sexes en matière d’héritage a servi selon toute vraisemblance et au regard des résultats d’un curseur idéologique pour démêler les conservateurs des progressistes parmi les candidats aux élections, et c’est le cas. Pourtant selon une étude sur l’autonomisation des femmes réalisée par le Centre de Recherches et d’Etudes de documentation et d’Information sur la femme (CREDIF), les travailleuses agricoles tunisiennes constituent 76% de la main d’œuvre. Seulement 4% détiennent des titres de propriétés foncières, ce qui fait de la question de l’égalité successorale un enjeu éminemment socio-économique. 

La culture et les coutumes dans lesquelles ont été élevés les Tunisiens font qu’on ne le considère pas comme un sujet à débattre avant de sortir des guêpiers économiques de la gestion du fond monétaire international.   

R.R.

Renvoi

1-https://lepetitjournal.com/tunis/actualites/presidentielle-premieres-estimations-de-sigma-conseil-26479

Auteur
Rabah Reghis

 




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