Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a présidé ce dimanche une réunion du Conseil des ministres consacrée à plusieurs dossiers stratégiques, dont l’adoption d’un projet de loi organique relatif au statut des magistrats, le suivi des projets de dessalement de l’eau de mer et les préparatifs de la quatrième édition du forum africain sur les start-up.
Un nouveau statut de la magistrature : tout pour le bien-être des magistrats
Le point central de cette réunion a porté sur l’adoption du projet de loi organique fixant le nouveau statut des magistrats. Ce texte, approuvé par le Conseil des ministres, concrétise un engagement pris par le chef de l’État lors de la cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire 2025-2026.
Le nouveau dispositif accorde une place importante à la dimension sociale du métier de magistrat. Abdelmadjid Tebboune a insisté sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des juges, en mettant particulièrement l’accent sur les avantages liés à la retraite et au logement, deux revendications récurrentes de la profession.
Autre disposition notable : l’instauration d’une période de stage pratique obligatoire pour les magistrats nouvellement diplômés avant leur prise de fonctions. Cette mesure vise à renforcer la professionnalisation de la justice et à ancrer une culture judiciaire de terrain.
Le président a également ordonné l’adoption d’un système de pôles judiciaires spécialisés, présenté comme le cadre le plus adapté pour une justice efficace et modernisée, tout en favorisant une formation pratique et continue de haut niveau.
L’eau, une priorité stratégique face au risque de stress hydrique
En deuxième point à l’ordre du jour, le Conseil a examiné l’état d’avancement de la stratégie nationale de dessalement de l’eau de mer. Trois nouvelles stations seront implantées dans les wilayas de Chlef, Mostaganem et Tlemcen, chacune d’une capacité de 300 000 m³ par jour. Les trois autres projets prévus seront finalisés lors de prochaines réunions.
Le chef de l’État a mis en garde contre les risques liés à la sécheresse et à la surexploitation des ressources hydriques. Il a demandé la réalisation d’études scientifiques rigoureuses tenant compte des réalités climatiques locales et des besoins réels de consommation. L’objectif est d’anticiper les scénarios de stress hydrique et de protéger les nappes phréatiques, essentielles pour la sécurité hydrique nationale.
Il a également ordonné la mise en œuvre immédiate d’un plan national visant à réparer les fuites et pertes d’eau dans les réseaux de distribution, afin de limiter le gaspillage d’une ressource devenue critique.
L’Afrique et la jeunesse au centre d’une stratégie économique
Le Conseil a enfin abordé les préparatifs du quatrième forum africain des start-up, qui se tiendra prochainement à Alger. Le président Tebboune a insisté sur l’importance de réussir cette manifestation, présentée comme une prolongation des recommandations issues de la Foire du commerce intra-africain.
Cette rencontre vise à placer la jeunesse africaine au cœur de la coopération économique continentale, en favorisant les échanges entre entrepreneurs et en créant des passerelles durables entre les écosystèmes d’innovation africains.
Une indépendance de la justice: une vision affichée, mais une réalité plus nuancée
La réunion s’est conclue par une série de mouvements dans les postes et fonctions supérieures de l’État, ainsi que par la réaffirmation des priorités nationales, notamment la sécurisation de l’approvisionnement en eau et le renforcement de l’ancrage africain de l’économie nationale.
En outre, si cette session du Conseil des ministres affiche, en apparence, une orientation claire en faveur du renforcement de l’indépendance de la justice, le discours officiel se heurte à une réalité plus nuancée.
En effet, parler de “renforcement” de l’indépendance de la justice relève presque de l’euphémisme, tant le pouvoir judiciaire demeure structurellement inscrit dans la verticalité de l’exécutif. Les mécanismes de nomination, de mobilité et de discipline des magistrats restent largement sous l’emprise des autorités politiques, réduisant de fait la marge d’autonomie des juridictions.
Dans ce contexte, les réformes annoncées — aussi ambitieuses soient-elles — peinent à lever les doutes quant à la capacité du système judiciaire à exercer ses prérogatives à l’abri des interférences du pouvoir central.
Le discours sur l’indépendance de la justice s’apparente ainsi moins à une véritable rupture institutionnelle qu’à la reconduction d’un rapport de forces déséquilibré, où l’exécutif continue d’imprimer sa marque sur un pouvoir censé incarner un contrepoids démocratique.
Samia Naït Iqbal