Dimanche 22 mars 2020
Le débat entre amitié et loyauté
Cher ami Hacène merci d’avoir pris la peine de lire ma réaction qui contrairement va au-delà sur les échanges entre le Dr Sadi et Rachad.
J’ose espérer que le fait qu’il s’agisse du Dr Sadi cela n’a pas eu à réduire l’angle sous lequel tu as apprécié ma réaction et rappeler que le propre du débat est de ne choisir ni le lieu ni le moment où il s’y prête mais de s’imposer. Le refuser pour une raison ou pour une autre c’est tout simplement une manière d’éluder les questions qu’ils posent.
1- D’emblée tu réduis mon propos à une polémique de plus dans les rangs des démocrates en général et des Kabyles en particulier… je t’avoue que j’ai toujours eu des difficultés avec cette formulation de rang des démocrates qui semble s’apparenter à une armée où rien ne doit dépasser, ne pas faire de vague ou encore moins être à l’origine d’une quelconque dissonance, et pour rappel toute organisation militaire a comme principe la subordination au chef. Je me considère en toute modestie comme un esprit libre, et que la démocratie en plus d’être une conception reste avant tout une somme de pratiques avant d’être consolidée par des institutions qu’un combat de plusieurs générations auraient fini par asseoir.
2- Quand tu dis que mes propos semblent défendre les acteurs de Rachad, tu fais bien d’introduire cette nuance, mais pour ceux qui nous lisent tu sais très bien qu’il n’en n’est rien et que les acteurs de Rachad, je les combats sur le terrain et les éléments qui nous séparent sont pour moi des lignes de fractures et pas seulement de simples clivages, position que j’ai défendu très tôt et de manière publique et seront un préalable non négociables .
3- Contrairement à ce que tu affirmes je n’ai pas repris à mon compte les allégations des islamiste et des anti-Kabyles…j’ai repris l’artifice rhétorique du Dr Sadi qui sommait les dirigeants de Rachad sur leurs prétendues relations troubles entretenues avec le défunt chef de l’état-major, je n’ai fais qu’emprunter à ce dernier pour formuler une question de la même nature mais concernant les rapports présumés entre le Dr Sadi et l’ancien chef du DRS. Ce n’est pas au vieux militant que tu es le rapport de domestication dans lequel s’est inscrit le système depuis 1962 et de manière plus accrue depuis l’ouverture de 1989 …
Concernant le choix que les circonstances ont imposé au Dr Sadi d’élire domicile ou sa sécurité est garantie me réjouit au plus au point je le préfère vivant et en sécurité plutôt qu’entre les griffes d’un régime aux abois en quête de bouc émissaires
Je ne considère pas le Dr Sadi comme ennemi mais comme une plus-value démocratique que l’on peut interpeller et questionner peut être que nous divergeons la dessus… et je rajoute qu’il n’est nullement question de loyauté mais celle que tu exprimes qui est peut être à l’origine de ta charge je la comprend et je la respecte.
L’artifice de réduire l’intellectualité de ma réaction je l’apprécie parce que les liens que nous avons tissé ces dernières années sont plus forts et tu sais bien plus que d’autres les projets et les perspectives dans lesquelles je m’inscrit sans prétention aucune.
Cher Hacène, ce n’est pas à toi que je vais rappeler les règles qui régissent la polémique dont la première reste les motivations qui la sous-tendent, personnellement je n’en n’ai aucun à moins de me chercher des poux dans la tête.
Tu sais très bien que je ne pourrais nullement te tenir rigueur, l’une des contingences de la pratique démocratique reste le débat que l’on soit pour ou contre et c’est un signe de bonne santé d’une famille qui se réclame du courant démocratique, enfermer des question ou un débat naissant sous le vocable de polémique c’est poser d’une certaine manière les limites de ce débat, et tu le sais très bien plus que moi ô combien cette façon de faire nous a empêché d’avancer, le débat permet d’élaguer de dissiper des malentendus et de donner du crédit a une parole publique qui ne refuse pas la contradiction.
La dimension du Dr Sadi est celle que son histoire lui donne déjà de son vivant de celle que l’histoire lui donnera après et cela ne dépend nullement de ma réaction publiée par ce journal, ma génération assume le legs des générations de militants qui nous ont précédés sans aucune ambiguïté, mais nous avons l’obligation et le devoir de faire cet inventaire, il ne s’agira nullement de mener un procès à charge mais d’un travail de rupture générationnelle qui servira le projet démocratique et j’assume cette partie qui sans doute fut à l’origine de ma réaction .