Comme Prométhée qui a dérobé le feu aux dieux de l’Olympe pour en faire don aux humains, DeepSeek a donné l’IA à la population en général et surtout aux universitaires du monde entier en leur fournissant un puissant code source ouvert peu dispendieux capable de faire compétition aux géants de l’industrie.
En dévoilant officiellement son dernier né, DeepSeek-R1 le 20 janvier, le jour de l’investiture de Donald Trump, l’entreprise basée à Hangzhou dans l’est de la Chine, a révolutionné l’intelligence artificielle (IA).
Le président américain qui a lancé Stargate, le plan IA sur cinq ans de 500 milliards de dollars, a qualifié l’arrivée de cette IA, de signal d’alarme pour l’industrie technologique américaine. En quelques jours DeepSeek-R1 a battu ChatGPT et est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, se retrouvant parmi les cinq meilleures IA conversationnelles dans le classement de l’Université de Berkeley.
Changement de paradigme
Alors qu’OpenAI voulais augmenter significativement ses tarifs, DeepSeek-R1 a des prix 95 % inférieur. En rendant disponible au monde entier une IA ayant les capacités des meilleurs moteurs privés actuellement sur le marché à des couts de l’ordre du million de dollars plutôt que du milliard, DeepSeek fait comme Prométhée et donne à la majorité des humains l’accès à une invention équivalente à celle du feu.
Les universités, écoles de formation, petites entreprises et surdoués de toute la planète qui ne pouvaient que regardés envieux les puissantes entreprises informatiques développé ces outils à technologie privée qui étaient hors de porté de prix pour eux, ont déjà téléchargé par centaines de milliers le nouveau logiciel libre.
Les caractéristiques du logiciel sont tellement révolutionnaires qu’on pourrait avances que c’est en janvier 2025 qu’est née l’IA populaire. L’ancien paradigme qu’il fallait avoir des milliards de dollars pour espérer créer quelque chose de valable en IA est maintenant mort et enterré. Le patron d’OpenAI, Sam Altman, a estimé il y a quelques jours que son entreprise est maintenant du «mauvais côté de l’Histoire» parce que son modèle d’intelligence artificielle (IA) n’est pas ouvert et que les développeurs ne peuvent pas les télécharger gratuitement et modifier leur code source.
Les gros se relèveront
Avec des entreprises comme Meta, Google, Microsoft, Nvidia et OpenAI, les États-Unis qui dominaient le secteur doivent maintenant se battre pour conserver leur première place. La diminution de 1000 milliards en quelques jours de leur valeur en bourse n’est qu’une perte à court terme pour les investisseurs de ces puissances de l’informatique. Plusieurs commencent déjà à se refaire. Ils profiteront comme toutes les autres parties prenantes de cette industrie de la très importante baisse des couts de production.
Au cours du mois de janvier, Meta a indiqué qu’il dépenserait jusqu’à 65 milliards de dollars en 2025 pour étendre ses infrastructures d’IA. Microsoft pense investir 80 milliards cette année. Son patron Mark Zuckerberg a aussi annoncé « plusieurs centaines de milliards de dollars » d’investissements dans l’intelligence artificielle au cours des années à venir.
Pour sa part OpenAI, associé à Oracle et à SoftBank, as projeté d’injecter rapidement 100 milliards de dollars et jusqu’à 500 milliards au cours des prochaines années. Apple, qui était très en retard au niveau de l’IA, pourrait aussi profiter du nouveau paradigme pour se mettre à niveau.
En France, l’entreprise « Mistral AI », qui vient de lancer son propre nouveau modèle « Mistral Small 3», voit un élément important et complémentaire de sa technologie dans DeepSeek-R1.
Les défis à régler de l’intelligence artificielle
Ce don aux humains ordinaires de la planète du Prométhée DeepSeek ne veut pas dire que tout est maintenant au beau fixe dans l’industrie de l’IA. Son empreinte environnementale augmente sans cesse. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une requête sur ChatGPT consomme dix fois plus qu’une recherche sur Google, soit 2,9 Wh d’électricité. Or ChatGPT traite actuellement environ 1 milliard de requêtes par jour provenant de 300 millions d’utilisateurs hebdomadaires. Les fermes de serveurs ont consommé en 2023 environs 1,4 % de l’électrique mondial et cela pourrait monter à 3 % d’ici 2030. L’approvisionnement mondial en électricité pourrait donc devenir insuffisant d’ici aussi peu de temps qu’en 2027.
Les centres de données nécessitent par ailleurs des systèmes de refroidissement qui consomment beaucoup d’eau. On parle entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d’eau en 2027. Selon une étude parue dans la revue scientifique Nature Computational Science, le matériel qui sert à la production de l’IA, comme les cartes mémoire, graphiques et les serveurs ont créés 2,600 tonnes de déchets électroniques en 2023 et pourrait atteindre 2,5 millions de tonnes en 2030.
Les robots conversationnels sont aussi sujets à des hallucinations. Celle baptisé Lucie en France a récemment du être retiré au bout de trois jours pour avoir fournis des calculs incohérents comme le poids d’un trou de gruyère et parlé d’œufs de vache. Un développeur informatique américain, Tyler Glaiel, a eu comme réponse d’une AI à la question « peut-on faire fondre des oeufs », que c’était possible et que la façon la plus courante était de le chauffer à l’aide d’une cuisinière ou d’un four à micro-ondes. Il y a aussi la possibilité que des hallucinations servent de références à des questions futures.
De plus, les réponses des IA peuvent être manipulées ou soumises à de la censure. Quand il est interrogé sur la crise du Covid, la censure en Chine ou les Ouïghours, DeepSeek R1 répond par des éléments de propagande chinoise.
Michel Gourd