Arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Alger le 16 novembre puis incarcéré, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a décidé de mener cette action pour dénoncer « les pressions exercées sur lui ».
Boualem Sansal a entamé une grève de la faim confirme, samedi 22 février, son avocat François Zimeray à franceinfo. Incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, l’écrivain Boualem Sansal a décidé de mener cette action pour dénoncer « les pressions exercées sur lui », la semaine dernière, souligne son avocat. Malgré les risques qu’elle constitue, cette grève de la faim se veut un bras de fer avec le régime, ou le dernier recours pour l’écrivain afin de recouvrer sa liberté.
Selon le journal Marianne, le gouvernement algérien a envoyé des émissaires auprès de Boualem Sansal pour le pousser à changer de conseil et l’inciter à prendre « un autre avocat français non juif ». Des informations que confirme François Zimeray, en précisant que son client « s’est mis en colère et a décidé de cette grève de la faim ». Boualem Sansal est âgé de 75 ans et souffre d’un cancer. « Le protocole de soins a été interrompu », précise également son avocat.
Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Cet article est brandi systématiquement par les autorités contre toutes les voix dissidentes.
Il y a près de 240 détenus d’opinion en Algérie. Ce sont essentiellement des activistes pacifiques, dont des universitaires comme Mira Mokhnache, des poètes, comme Mohamed Tadjadit, qui ont émis des opinions opposées au régime.
A la veille du 6e anniversaire ’22 février) du déclenchement de la dissidence populaire appelée le Hirak, plusieurs personnes ont été arrêtées pour prévenir toute manifestation. Le journaliste et ancien détenu d’opinion El Kadi Ihsane a été arrêté puis relâché après interrogatoire. Et Fethi Ghares, coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS, interdit par le régime), a été violemment agressé par des policiers en civil, selon son témoignage.
Ces deux derniers faits auraient un lien sur un projet de déclaration politique que devaient rendre publique un certain nombre de militants des droits humains, journalistes et activistes à la veille du 22 février.
Depuis le printemps 2020, une traque impitoyable a été lancé par les autorités contre les activistes. Tout le pays est sous cloche. Pas seulement, une propagande officielle sans précédent matraque l’opinion, relayée par des médias publics et privés, sur de supposées miraculeuses réalisation du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune depuis son intronisation au pouvoir.
Plusieurs organisations internationales de défense des droits humains ont appelé le régime à libérer les détenus d’opinion et à lever les interdictions d’expression. En vain. Voire pire, le ministre de la Justice a nié l’existence de prisonniers d’opinion en Algérie et a menacé de poursuite toute personne ou organe qui « oserait » parler de ce sujet.
Yacine K./Francetvinfo