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Le détenu d’opinion Cherif Mellal en grève de la faim

Cherif Mellal

Cherif Mellal, ancien président  de la Jeunesse sportive de la Kabylie (JSK), placé sous mandat de dépôt depuis huit mois est en grève de la faim depuis le 31 juillet.

«C’est avec une profonde émotion que nous faisons part de la décision prise par notre fils, frère, père et mari d’entamer une grève de la faim illimitée depuis le 31 août 2023. Cette décision, prise de sa propre initiative, est l’aboutissement d’un acharnement judiciaire qui a commencé le 16 septembre 2021 », lit-on dans le communiqué rendu public sur les réseaux par la famille du détenu.

L’ancien président de la JSK est poursuivi dans deux affaires différentes. La première est liée à une hallucinante affaire d’« appartenance à un groupe terroriste et pour atteinte à l’unité nationale ». Qui peut croire une seconde que Mellal puisse appartenir à une organisation terroriste ? Mais dans la nouvelle Algérie de Tebboune-Chanegriha, tout est imaginable pour jeter en prison ceux qui restent debout et refuse tout compromis avec le pouvoir.

Le passeport de Cherif Mellal lui a été alors confisqué et il a été frappé d’une interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Comme la justice algérienne ne fait pas les choses à moitié, bien qu’il ait obtenu, en janvier dernier, un non-lieu partiel concernant cette première affaire d’appartenance à un groupe terroriste (article 87 bis), l’accusation d’«atteinte à l’unité nationale » a été maintenue contre lui. Il sera jugé dans cette affaire en octobre 2023, a précisé le communiqué de sa famille.

La deuxième affaire pour laquelle Chérif Mellal a été placé sous mandat de dépôt, est liée à ses activités commerciales. Mais là, comme ailleurs la justice n’en fait qu’aux ordres qui lui viennent d’en haut. Ne nous faisons pas d’illusions.  « Malgré les nombreuses interventions de ses avocats, jusqu’à aujourd’hui, Chérif Mellal n’a toujours pas été entendu sur le fond de l’affaire, ce qui l’empêche de demander un non-lieu partiel ou une liberté provisoire », s’alarme la famille dans le même communiqué.

La famille Mellal s’indigne contre cette cabale judiciaire montée contre Cherif. L’ancien dirigeant de la JSK ne cachait pas son aversion du pouvoir. Il ne mâchait pas ses mots contre ceux qui voulaient salir la JSK. Il avait fait de ce club populaire, sa raison de vivre. Mais ceux qui tirent les ficelles en Algérie ont décidé autrement. Ils ont décidé de le traîner dans la boue pour le faire taire. On se souvient du complot dont il a fait l’objet pour le destituer de la JSK. Le régime ne voulait pas d’un homme intègre à la tête de ce club auquel s’identifient des dizaines de milliers de fans.

« Cherif Mellal affirme son innocence avec force et dénonce cet acharnement. Il est avant tout une personnalité sportive, et ceux qui tentent de l’entraîner dans un débat politique et des manœuvres manipulatrices ont des intentions inavouées. Nous espérons que la justice prévaudra dans cette affaire et que la vérité éclatera », rappelle la famille.

Cherif Mellal croupit en prison depuis 8 mois sans jugement. L’arbitraire qui le frappe est celui qui touche aussi des dizaines d’autres hommes et femmes intègres de ce pays. Toute voix forte, toute personnalité qui refuse de courber l’échine est harcelé par la justice, arrêtée, voire jetée en prison.

Cherif Mellal paye le prix de son impertinence, de son courage. En défendant la JSK, l’ancien dirigeant de la JSK a choisi la voix de ce peuple auquel on a tout enlevé, même la joie du football.

Cherif Mellal met sa santé, voire sa vie en danger, pour rester digne. Il est en danger surtout si l’on sait la surdité et le mépris qu’entretient le pouvoir pour la vie humaine.

Yacine K.

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