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Le dialogue à l’algérienne ou le one man show permanent ! 

Le vrai dialogue ne peut aller sans une constituante comme réclamé par de nombreuses voix du Hirak.

Le dialogue à l’algérienne doit figurer dans les anales mondiales comme spécimen à éviter tant il porte les ingrédients de l’échec dans son giron bien avant qu’il soit lancé.

Un dialogue est normalement fait pour rapprocher des positions et des points de vue diamétralement opposés ; alors qu’en Algérie il ressemble beaucoup plus à un conciliabule entre gens de mêmes orientations politiques et qui ne sont là que pour perpétuer le statuquo et tout faire pour que l’ordre établi ne soit jamais perturbé.

Un one man show où le pouvoir occupe la scène et les autres les strapontins comme simples spectateurs, pour ne pas dire supporters, appelés à attendre la fin sans se rebiffer pour applaudir chaudement le maître de cérémonie.

Un dialogue où il y a d’un côté de la table le maître du jeu et de l’autre des « beni-oui-oui » spécialistes de l’acquiescement, de l’obséquiosité, des génuflexions et champions de l’applaudimètre soumis et dépourvu de tout questionnement.

C’est ce genre de dialogue qui a plombé la vie politique et syndicale algérienne depuis l’indépendance.

Un dialogue où sont attendus des « soutiens » et non des contradicteurs, le pouvoir n’étant là que pour obtenir le quitus, déjà acquis en fait, de la majorité des présents.

Les résultats sont connus d’avance, vu que la technique bien rodée du pouvoir consiste à inviter le plus de partis-satellites possible, majoritaires du conclave bien sûr, et grâce à qui la fumée blanche annonciatrice du triomphe des « propositions – impositions » du pouvoir ne peut souffrir aucun doute.

Les véritables partis d’opposition ne sont là que pour servir de caution à ce simulacre de dialogue. Et pourtant, ils sont toujours là comme s’ils s’auto-piégeaient ou concouraient à leur propre déconfiture.

Un genre de dialogue qui doit être enseigné dans les instituts de sciences politiques du monde entier comme exemple à éviter, surtout pour les pays sous-développés qui veulent positivement évoluer.

Un dialogue qui n’aboutira pas à une refondation totale du mode de gouvernance et de « l’ouverture » des chances d’accéder au pouvoir au plus méritant n’est que perte de temps et d’argent.

L’Algérie a trop perdu de temps dans l’insignifiant et le superflu ; il est plus que temps de passer aux choses sérieuses.

Et les choses sérieuses ne peuvent se matérialiser que par la concrétisation des possibilités de voir les vrais partis d’opposition (RCD, FFS, PT, MDS et d’autres personnalités et partis qui pourraient émerger à l’avenir) accéder aux plus hautes marches du pouvoir, et ne plus servir de faire-valoir à des politiques stérilisantes pour le pays.

Youcef Oubellil, écrivain

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