J’adore »Les Rousses » dans le Jura français à cette époque de l’année. Les couleurs y sont à couper le souffle et j’en veux pour preuve la photo ci-jointe. Elles vont d’un vert frais à un orange chatoyant avant de décliner sur un marron plutôt chaud. On se croirait au Canada… même la cabane y est.
Cependant, une petite note vient atténuer cet enchantement : si vous regardez attentivement, au coin en haut à droite de l’image, en arrière-plan, vous pouvez deviner quelques conofères, plus précisémment des épicéas, grisonnants et squelettiques. Ils sont victimes du réchauffement climatique. Ce constat concerne toutes les forêts jurassiennes et le phénomène avance vite, hélas.
La frontière Suisse est au bout du champ, juste de l’autre côté de ces arbres. Une route sinueuse qui n’a rien à envier à celles de notre haute Kabylie, descend vers Genève, à une trentaine de kilomètres en contre-bas, en passant par le col de la Faucille. En hiver, comme le col de Tighrourda ou celui de Tizi N’kouilal, ce col peut parfois être fermé à la circulation car la neige abondante y fait son territoire.
Pour l’histoire, »Les Rousses » sont le lieu où Krim Belkacem, à la tête de la délégation algérienne, a négocié les accords d’Évian. Le Bâtiment ( »Le Yéti »), où se sont réunies les deux délégations pendant plusieurs jours, a été choisi pour sa position stratégique, à deux pas de la frontière Suisse, ce qui pouvait permettre une exfiltration rapide et sécurisée de la délégation algérienne en territoire neutre.
Ce bâtiment est toujours debout, à la sortie du bourg. Une stèle y rappelle cet événement et porte les noms des membres des deux délégations. Il est vrai que les opposants, adeptes d’une « Algérie française », étaient à l’affût de toute information sur les lieux possibles de ces transactions pour en empêcher le déroulement.
Mouloud Cherfi