25 novembre 2024
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Le duo Bensalah et Gaïd Salah refuse d’entendre la rue

Le bunker constitutionnel contre le mouvement pacifiste

Le duo Bensalah et Gaïd Salah refuse d’entendre la rue

Le système politique qui survit à Bouteflika, retranché dans son bunker constitutionnel avec les mêmes méthodes et les mêmes desseins, exècre cette paix dynamique du mouvement de la protestation citoyenne du 22 avril qui exige son abdication sous les huées ; il trouve son confort et réconfort dans la « paix des cimetières » ; cette paix qu’il s’est empressée d’offrir au terrorisme islamiste en prostituant la République…

Si le système politique, laissé telle une bombe à retardement par le départ de Bouteflika, reste sourd aux revendications légitimes du mouvement protestataire du 22 février, des millions d’Algériens dont la mobilisation grossit et s’affirme dans ses revendications politiques exigeant sans détours et sans concessions le départ de tout le système, c’est le signe probant que ce même système ne s’est jamais, depuis 1962, légitimé, par le peuple.

Il s’entête dans sa surdité, tourne le dos à la mobilisation de la rue algérienne car il ne peut faillir à sa nature despotique et fasciste.

Face à la crise politique de grande magnitude dont les solutions se trouvent hors du système et de sa « phase de transition » qu’il met en pratique, les acteurs de ce même système, décriés, vilipendés, par la rue de manière pacifique, mais d’un ton ferme et décidé à les pousser à la sortie par la petite porte comme Bouteflika, s’entêtent dans la fuite en avant, faisant fi de l’abjection qu’ils incarnent, s’octroient une pseudo-légitimité constitutionnelle, brandissent des articles d’une constitution trafiquée et périmée.

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Dès le 22 février dernier, à la naissance du mouvement de la protestation, le pouvoir alors incarné par les clans de Bouteflika, a tenté toutes les ruses pour imploser ses marches, pervertir ses mots d’ordre et revendications, ne tarissant pas d’éloges sur son caractère « pacifique ». Pourquoi Bouteflika dans ses messages précédant sa démission était-il si obsédé par le « pacifisme » des millions de marcheurs demandant son renoncement au 5e mandat et son éviction du pouvoir ? Pourquoi donc le vice-ministre de la Défense nationale, dans ses nombreuses harangues politiques tenues dans plusieurs régions militaires du pays, salue avec insistance et admiration feinte la démarche « pacifique du peuple algérien » ? Faut-il également rappeler les pseudo-missions d’un Lamamra qui, en Italie s’est plu à dire que l’Algérie est exportatrice du « pacifisme » ?

Cette obsession exprimée par le pouvoir sur le caractère « pacifique » de  la protestation du mouvement du 22 février (M 22) rendue encore plus frappante par la jeunesse des manifestants trahit en fait sa nature violente et répressive face à tout mouvement social de protestation.

La rébellion du 22 février, si elle n’avait pas, dès sa première manifestation scandé et brandit sur les pancartes « selmiya » « pacifique » devant l’opinion publique et porté ses revendications du départ du système par cette voie « pacifique », le pouvoir n’aurait eu aucun scrupule à user de la violence par tous les moyens.  

Faute de ne pouvoir réprimer ces marches de « civilités », invitant à « l’amitié » et à « la joie » mais sans céder à leur contenu de revendications politiques qui vomit le système politique avec et sans Bouteflika, le système, conspué par la rue restée propre et sans tâche, a tenté, pour s’en dépêtrer et se donner contenance dans sa pseudo-légitimité constitutionnelle, de légitimer la réalisation de sa « phase de transition » par le caractère « pacifique » de la protestation du 22 février en détournant ce qualificatif de « pacifique », via par ses médias officiels par, dit-il, une volonté d’asseoir une démarche « sereine » à une phase de transition par laquelle l’Algérie pourrait réaliser des « changements profonds » attendus par le peuple qui a ainsi fait preuve de « sagesse » et de « responsabilité » !

Ainsi, par sa hantise d’être disqualifié par la civilité des marches de plus en plus imposantes, propres, claires, modernes, portées par un civisme exemplaire mais véhémentement revendicatives sur le départ du système en place, Noureddine Bedoui, Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaïz et Ahmed Gaïd Salah corrompent  l’identité du mouvement protestataire du 22 février (M 22) en opposant « pacifisme » qui, pour eux, appartient au peuple, à un peuple virtuel et « protestation » qui fait le lit à des « forces viles » à « des individus » à la solde de groupes « néo-colonialistes », autrement à ce spectre de la main étrangère. Ahmed Gaïd Salah se fait le vigile de la « phase de transition » car, argumente-t-il, elle est conforme à la constitution et est l’émanation de la volonté « pacifique du peuple » !

Des premiers au dernier discours de mercredi dernier du Général de corps d’armée, il est remarquable de constater que, progressivement, il est fait de moins en moins référence à un mouvement de protestation paisible et calme, symbole vivant de la « voix pacifique de l’union scellé entre le peuple et son armée » (sans jamais dire que c’est une rébellion déterminée dans ses revendications de voir déguerpir tout le système dont il est) pour, dans sa dernière harangue de mercredi dernier, tenue à Oran, accuser le mouvement protestataire  de nid de tous les dangers intérieurs et extérieurs » visant la destruction des institutions du pays.

Le système qui survit à Bouteflika avec ses mêmes méthodes et ses mêmes objectifs en continuant, contre vents et marées à poursuivre en défiant le colère citoyenne l’absurdité de l’application de sa « phase de transition » pour des élections présidentielles qui n’auront pas, de toutes les façons, d’électeurs, cherche, quitte à foncer droit dans le mur, à faire sortir le mouvement protestataire de sa droiture de civilité et le faire basculer dans l’extrémisme de la radicalité.

Car, jusque-là, à force de malversations, de ruse, de traquenards, de coups bas, d’arrogance, le système a défié et défie toujours la rébellion citoyenne. Il ourdit, présentement, dans son bunker constitutionnel, des manœuvres politiciennes et policières pour parvenir à compromettre ce qui fait l’âme du mouvement protestataire, sa « paix » et son pacifisme gandhien non pour un « changement profond » selon les euphémismes des médias officiels mais une rupture radicale avec le système mis en place dans le chaos et le détournement de la « paix » de l’indépendance de  1962 mise à feu et à sang.

En ce 8e vendredi d’une rébellion ferme décidée à faire abdiquer le système par l’arme pacifique de l’illustrissime Gandhi, le système, après cru pouvoir crier victoire par la démission de Bouteflika, après avoir cru également , en gratifiant le caractère pacifique de la protesta, pouvoir le faire flancher dans son contenu revendicatif, le pouvoir corbillard de  Bouteflika déchante et s’aperçoit que toutes ses tentatives pour salir la « paix » des marches imposantes et imposer sa « paix des braves », sort la matraque et demain, certainement, la mitraillette et les chars. C’est la logique imparable du système dont la matrice est la violence.

Les mouvements de contestation politique de 1963, 1980, 1988, 2001 ont été d’essence pacifique dans leurs revendications. C’est le pouvoir qui, dans leur contexte pré et post 5 octobre 88  a semé la violence dans les rangs de la protestation. Massinissa Guermah n’était-il pas « pacifiste » ? Qu’avait-il de si dangereux entre les mains dans ce brigade de gendarmerie sinon une revendication démocratique d’une identité et d’une culture de tous les Algériens ? Les jeunes victimes du 5 octobre 88 tués par l’armée algérienne n’appelaient-ils pas à la « paix » tout en revendiquant l’ouverture démocratique? Les 132 jeunes manifestants tués à bout portant lors du Printemps noir n’étaient-ils pas pacifistes et porteurs d’une plateforme politique ?

En vérité, le pouvoir exècre la paix quand elle porte des revendications de démocratie, d’un Etat de droit, de justice sociale, de libertés de pensée, d’expression, collectives et individuelles.

Il trouve son confort, charognard qu’il est dans « la paix des cimetières », cette paix qu’il a accordée au terrorisme islamiste des GIA en prostituant la République dont il n’a que faire. Est-ce la raison pour laquelle le duo Bensalah et Gaïd Salah « les transitaires du système » sont pris par la frénésie de « la phase de transition » dans le cadre constitutionnel, sachant que, hors du bunker N° 102, il n’y a pas d’autres issues possibles pour affronter la paix qui tonne dans la rue algérienne sinon par une répression féroce…

Auteur
Rachid Mokhtari, écrivain journaliste

 




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