Ali Benhadjar, ancien émir terroriste de la Ligue pour la daawa, a lu un communiqué daté du 30 septembre au nom du Front islamique du salut (FIS) dans lequel il dresse un tableau sans concession de la « nouvelle Algérie » de Tebboune-Chanegriha.
Le FIS a choisi Tik Tok pour communiquer avec les Algériens et leur annoncer qu’il est toujours là, tapi dans la société. Prêt à régir la destinée du pays. Cette dois ce n’est pas Ali Benhadj qui s’est chargé de lire le communiqué du FIS dissous, mais l’ancien député du FIS et chef de maquis islamiste à Médéa et fondateur de la Ligue islamique pour la dâawa et le djihad (Lidd).
Parlant au nom de l’ancien parti dissous, Ali Benhadjar n’y va pas de main morte contre les dérives autoritaires du régime. Le constat est connu des Algériens. L’ancien émir interpelle le pouvoir pour ouvrir le champ politique, la fin de la répression… Il appelle même au respect des libertés. A peine croyable pour cet ancien émir qui a sévi pendant plusieurs années dans l’Atlas blidéen contre les jeunes soldats de l’ANP. Ali Benhadjar appelle à la libération des détenus « des années 1990 », il ne précise pas pourquoi ces détenus sont en prison. Et dans la foulée, il demande aussi l’affranchissement des détenus d’opinion du Hirak.
On sait grâce à l’école et au pouvoir que l’islamisme a gangrené la société algérienne depuis les années 1980. Et la dissolution du FIS par Mohamed Boudiaf n’allait pas suffire à annihiler cette organisation politico-terroriste. 40 ans après, l’Algérie continue de tourner au rond. Nous avons maintenant Bengrina, le MSP mais aussi le FIS. Et en face, un duo vieillissant qui s’accroche au pouvoir, quitte à faire sombrer l’Algérie dans l’irréparable.
Cette sortie d’Ali Benhadjar nous rappelle qu’on est encore une fois renvoyé au jeu des extrêmes : celui de l’aide dur du régime qui a mis en coupes réglées la société civile et liquidé les ultimes espoirs de changement pacifique, et en face, une mouvance islamiste radicale qui ne désespère pas de prendre le pouvoir pour instaurer la république islamique.
Attendons-nous de voir la réaction de Saïd Chanegriha et l’édito d’El Djeich qui convoquera sans doute les victimes de la décennie noire pour tenter de sauver le régime du chaos dans lequel il nous a plongés.
Sofiane Ayache