21 novembre 2024
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Le gouvernement doit cesser de réprimer les droits et libérer les journalistes incarcérés

Hirak

Le gouvernement algérien doit mettre un terme à son offensive soutenue contre la liberté d’expression et le militantisme pacifique, a déclaré Amnesty International le 20 septembre 2023, à l’occasion du lancement de sa nouvelle campagne destinée à mettre en lumière les répercussions de la répression qui s’abat sur les voix dissidentes courageuses.

Des dizaines de militant·e·s, de journalistes et de défenseur·e·s des droits humains se trouvent actuellement derrière les barreaux et leur nombre ne cesse de croître, puisque le gouvernement continue de procéder à des arrestations et d’inculper des personnes qui ne font qu’exercer leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association.

Le bilan déplorable de l’Algérie en termes de droits humains fait l’objet d’un examen international rare, dans le cadre de la visite du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association dans le pays.

  • « Aujourd’hui en Algérie, nul n’est à l’abri des griffes de la répression s’il ose exposer des critiques et s’exprimer avec courage » Heba Morayef, Amnesty International

« Aujourd’hui en Algérie, nul n’est à l’abri des griffes de la répression s’il ose exposer des critiques et s’exprimer avec courage : toute personne considérée comme une menace, depuis les étudiant·e·s jusqu’aux personnes âgées, se retrouve en butte à des mesures de harcèlement et d’intimidation ou à une arrestation arbitraire, uniquement pour avoir exercé ses droits fondamentaux, a déclaré Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International

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« Le gouvernement doit cesser sans délai sa répression et libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes arrêtées pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion ou critiqué le pouvoir, notamment les journalistes et professionnel·le·s des médias déclarés coupables d’infractions au libellé vague et général, telles que  » diffusion de fausses informations  » ou  » outrage à l’égard de fonctionnaires « . »

Les autorités doivent entamer un dialogue constructif avec le rapporteur spécial pendant sa visite dans le pays, en veillant à ce qu’il puisse circuler librement et sans restriction et avoir des contacts confidentiels et non surveillés avec tous ceux qu’il souhaite rencontrer. Elles doivent s’assurer que les personnes avec qui il s’entretient ne subiront pas de représailles.

Arrestations de journalistes

Ces deux dernières années, les autorités algériennes ont poursuivi, arrêté et placé en détention au moins 12 journalistes et professionnel·le·s des médias.

Depuis le début de l’année 2023, elles ont poursuivi cinq journalistes, fermé au moins deux sociétés de presse et suspendu un média pendant 20 jours.

Récemment, le 29 août, le tribunal de première instance de Constantine a condamné le journaliste algérien Mustapha Bendjama et le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah à une peine de deux ans de prison et à une amende de 200 000 dinars algériens chacun (1 360 euros environ). Tous deux ont été condamnés sur la base d’accusations infondées, à savoir « publication d’informations classées secrètes » et réception de fonds étrangers dans l’intention de porter atteinte à l’ordre public.

En juin 2023, la cour d’appel d’Alger a alourdi la peine de cinq ans de prison qui avait été infligée en première instance au journaliste Ihsane El Kadi et l’a condamné à sept ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Il est incarcéré à la prison d’El Harrache à Alger depuis décembre 2022, pour des accusations liées à son travail de journaliste.

Attaques contre la liberté de réunion

Alors qu’elles ont muselé les contestations ayant éclaté en 2019, les autorités continuent d’invoquer des lois délétères pour restreindre le droit de réunion pacifique, notamment l’article 15 de la Loi n° 90-91 relative aux manifestations et réunions publiques, qui établit que « [l]es manifestations publiques sont soumises à autorisation préalable ».

Le 20 août, elles ont arrêté au moins 40 militant·e·s afin d’empêcher un rassemblement à Ifri, localité située dans l’est de l’Algérie, pour commémorer le congrès de la Soummam de 1956. S’ils ont été libérés le jour même, le fait de prendre des mesures pour empêcher la tenue d’un rassemblement va totalement à l’encontre de la protection du droit de réunion pacifique.

Le gouvernement a pris maintes fois pour cible Mohamed Tadjadit, connu pendant le mouvement de protestation du Hirak comme le « poète du Hirak ». Il a été arrêté au moins quatre fois pour avoir participé à des manifestations pacifiques et exercé son droit à la liberté d’expression. Mohamed Tadjadit a déclaré à Amnesty International que les autorités pénitentiaires lui ont infligé des mauvais traitements au cours de ses multiples arrestations. En outre, elles ont réagi avec force coups de pied, gifles et passages à tabac lorsqu’il a entamé une grève de la faim avec deux codétenus en février 2022 pour réclamer leur libération ou l’ouverture de leur procès.

Attaques contre la liberté d’association

Les autorités invoquent également des accusations infondées de terrorisme contre des militant·e·s en raison de leurs actions, de leurs publications sur les réseaux sociaux ou de leur appartenance à des groupes considérés comme faisant partie de l’opposition. C’est le cas de Mohad Gasmi, Slimane Bouhafs et Mohamed Benhlima. Le Rassemblement actions jeunesse (RAJ), organisation de défense des droits humains, a été contraint à la dissolution et le Mouvement Démocrate et Social (MDS), un parti politique, a dû suspendre ses activités.

La plus ancienne organisation indépendante de défense des droits en Algérie, la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a également fait l’objet d’une attaque ciblée. En janvier, l’organisation affiliée à la LADDH à Tizi Ouzou a été fermée, l’accès au centre situé à Béjaïa a été bloqué et l’organisation a été dissoute à la suite d’une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur en juin 2022.

« La visite du rapporteur spécial est l’occasion pour les autorités algériennes de dialoguer avec l’ONU et de changer de cap en vue de renforcer la protection des droits humains dans le pays », a déclaré Heba Morayef.

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