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samedi 26 juillet 2025
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Le Humm… ! du patriarche

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Cette histoire me semble-t-il s’était produite lorsque la télévision était encore à diffusion locale mais rien de certain. Au fond qu’importe la ville, sa leçon était générale à toute l’Algérie.

La chronique d’aujourd’hui nous mène vers la relativité des codes sociaux de bonne moralité à travers le temps ou ce que la société avait décidé qu’ils soient. Mais ces codes ont cette particularité de disparaître ou de se modifier avec cette marche du temps. Aujourd’hui le patriarche n’est plus et les mœurs d’une époque non plus. Hélas si le sens naturel de l’avancée des sociétés est d’aller de l’avant, elles sont parfois ce travers de revenir. Ne discutons pas de ces retours et concentrons-nous sur celui dont je souhaite vous parler.

Tout d’un coup tout le monde se lève d’un seul homme et va trouver refuge, qui dans la cuisine, qui dans la chambre, qui pour rechercher dans l’armoire quelque chose et qui dans un endroit que tout le monde devine.

L’Algérie avait inventé la coupure publicitaire durant le film avant beaucoup de pays occidentaux. Un moment qui permettait de faire autre chose en attendant. Mais en Algérie la séquence de fuite était annoncée par la cloche qui sonne la fin de la récréation, soit un raclement de gorge ou un toussotement du patriarche.

C’était un signal qui n’avait pas besoin d’être interprété, tous les Oranais connaissaient le langage de ce code, sa grammaire comme sa syntaxe. Le patriarche avait toussé, sauve-qui-peut !

La télévision venait de diffuser une courte séquence interdite à la moralité du moment, proscrite par le patriarche et cette position était respectée par ses ouailles car ils en connaissaient les risques. Et lorsque le toussotement ne suffisait pas, c’était l’orage qui vous le faisait comprendre.

Avec le temps, les images annonçant la fuite s’avèrent tellement anodines qu’elles expliquent rétrospectivement pourquoi même les fonctionnaires n’avaient pas jugé nécessaire de recourir aux ciseaux. Ceux du patriarche n’étaient pas des ciseaux mais des sécateurs de broussailles.

Un jour, j’étais présent mais sans patriarche lorsque l’écran est devenu noir. Toute l’Oranie s’était réfugiée, qui dans la cuisine, qui à rechercher quelque chose dans la chambre, qui dans un endroit qu’on devine, vous connaissez maintenant le rituel.

Souvent, après leur fuite, ils entendaient du fond du salon le patriarche, non pas tousser, mais vociférer, j’en ai marre des incidents techniques de la RTA, tous des incapables ! Les fuyards pouvaient revenir d’exil et le film reprenait. Mais cette fois-ci, la coupure avait été inhabituellement très longue et les pauvres techniciens de la RTA avaient pris sur la tête une tonne de, ces incapables ! 

Le lendemain, l’incident avait été relaté dans tous les cafés, les foyers (lorsque le patriarche était sorti) et les bureaux de la ville. Chacun y allait de son interprétation. Les Oranais savent rire de tout, j’espère qu’il en est toujours de même.

Et pour rire il faut que cela soit gros et propice à toues les élucubrations. Et ce lendemain, pour être gros, c’était très gros. Tout le monde s’était finalement entendu sur la plus probable des explications. Une haute autorité de la ville, regardant la télévision avec la belle-mère, aurait  immédiatement téléphoné pour qu’on interrompe le film.

Regarder la télévision avec la belle-mère, ce n’est pas au patriarche de faire Humm… ! C’est lui qui devait s’arranger pour trouver occasion de fuir à la cuisine, de rechercher son salut dans un placard ou aller dans un endroit que tout le monde connaît. Au passage, il avait rapidement alerté au téléphone toute les autorités de la RTA pour lui permettre de revenir au salon.

Comme ce film était une grande référence du cinéma italien en pleine gloire à cette époque, j’avais été le voir dans une salle spécialisée dans les reprises et qui n’existe plus, au boulevard Saint Michel.

Vous vous imaginez combien était grande mon attente de ce qui avait valu le Humm… ! de la belle-mère. Et voilà qu’arrive la scène qui avait été au cœur de tous les ragots. Mes chers amis, quels que soient les codes de cette époque ou de la nôtre, cette scène peut être projetée sans aucun souci dans la grande salle d’une école maternelle.

Un jour, pour profiter de changer sournoisement la chaîne de la télévision, j’avais émis un gros Humm… ! Mon Algéroise n’avait pas bougé d’un pouce et m’avait dit, il faut que tu prennes un sirop contre la toux !  J’avais évité le pire, elle risquait de me dire que le temps des patriarches sur la famille asservie est terminé !

Dans les traditions, tout fout le camp !

Boumediene Sid Lakhdar

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