Au Mali, après l’attaque du camp de Boulikessi (centre) qui a fait plusieurs dizaines de morts dimanche 1er juin, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a ciblé quatre sites à Tombouctou ce lundi matin.
Peu après 10h locales, plusieurs habitants de Tombouctou indiquent à RFI avoir entendu une détonation puis des échanges de tirs. Moins de deux heures plus tard, le Jnim revendique une attaque kamikaze contre le camp militaire de la ville, puis des tirs sur l’aéroport, et la prise de deux postes de contrôle aux entrées nord et est de la ville. Une quadruple attaque simultanée, ou « complexe », selon le jargon militaire. Le Jnim n’a indiqué aucun bilan.
Selon plusieurs témoignages, les jihadistes sont parvenus à entrer à l’intérieur du camp militaire. Des établissements scolaires à proximité ont immédiatement été évacués, selon plusieurs témoignages.
Dans un communiqué, le gouvernorat de Tombouctou a rapidement confirmé des « tentatives d’infiltration du camp militaire » et « des obus lancés sur l’aéroport ». « Pas de dégâts majeurs », assure le gouvernorat. De son côté, l’armée malienne affirme avoir « déjoué » la « tentative d’infiltration ». « Les terroristes ont été vite mis en déroute par la promptitude de la réaction », indique le communiqué de l’état-major, qui évoque « treize terroristes neutralisés » et du matériel récupéré. Selon plusieurs sources, le commando suicide du Jnim était composé de six ou sept hommes, qui sont parvenus à tuer plusieurs soldats et à réaliser des dégâts matériels avant d’être abattus. Aucun bilan précis n’a pu être vérifié.
Le gouvernorat et l’armée précisent que des opérations de ratissage ont ensuite été menées. Des tirs sporadiques ont encore été rapportés à RFI dans l’après-midi par des habitants. « Tombouctou est une ville morte, témoigne l’un d’entre eux, les commerces sont fermés et nous restons confinés chez nous. »
Plus de 75 à 90 morts à Boulikessi
Hier, dimanche, c’est le camp militaire de Boulikessi, région de Douentza (centre), qui était attaqué par le Jnim. Sur les images diffusées par les jihadistes, les corps de militaires maliens tués au combat sont très nombreux. Plusieurs sources locales, y compris sécuritaire malienne, évoquent un bilan de plus de 75 à plus de 90 morts. Des soldats maliens, pour l’immense majorité, mais aussi des supplétifs russes de Wagner. Les jihadistes ont également diffusé des vidéos montrant plusieurs militaires maliens retenus prisonniers. Dans un communiqué, l’armée malienne a reconnu, sans préciser de bilan, l’attaque meurtrière de Boulikessi.
Le Jnim revendique par ailleurs une attaque à la mine contre un véhicule militaire opéré par Wagner entre Anefis et Kidal, et l’assassinat de deux soldats maliens à Konna, dans le centre du pays, ce lundi. Il y a dix jours, c’est le camp de Dioura, dans le centre, qui était décimé par les jihadistes du Jnim, avec une quarantaine de soldats tués.
D’autres attaques de moindre envergure ont aussi été rapportées dans les régions de Ségou et de Koulikouro ces derniers jours. Les jihadistes du Jnim intensifient leurs opérations dans le pays et semblent déterminés à augmenter la pression sur l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner. Dimanche, dans son communiqué sur l’attaque de Boulikessi, l’état-major demandait aux Maliens de « rester unis dans la cohésion et la prière », pour « soutenir » les forces de sécurité qui défendent la « souveraineté » nationale.
RFI