Le journaliste Belkacem Messaoudi, dit Da Belkacem, s’est éteint, le 12 août 2023 à Alger, à l’hôpital Mustapha Bacha, à l’âge de 81 ans. Paix à son âme.
Grand poète, auteur-compositeur inscrit à l’ONDA depuis 1976, auteur de plusieurs textes chantés par des chanteurs connus tels que Boualem Chaker, Mouloud Habib, et d’autres. Journaliste, animateur, producteur d’émissions culturelles de génie à la radio chaîne kabyle depuis 1963.
Belkacem Messaoudi est l’un des premiers journalistes de la radio chaîne kabyle, juste après l’indépendance, il fait un bref passage à la télévision, il fut l’un des premiers présentateurs du journal télévisé de l’Algérie indépendante mais c’est la radio qu’il préfère.
Il a été journaliste-producteur-animateur d’émissions radiophoniques jusqu’à sa retraite, nul n’oublie sa célèbre émission « Nouba g iɣṛiben » en collaboration avec Abdelkader Abdeladim, qui avait un succès considérable. Elle reste gravée dans la mémoire de cette époque et au-delà.
« Papa c’est la chaîne 2, il était plus présent à la chaîne 2 qu’avec nous, il a sacrifié sa vie pour la chaîne 2 et tamazight », témoigne son fils à Berbère télévision.
La Radio kabyle fut créée en 1948 par la France coloniale. Elle garda son nom jusqu’en 1975, puis elle devient la chaîne 2 diffusant ses programmes en cinq langues amazighes, principalement en kabyle, mais aussi en chenoui, chaoui, mozabite et targui.
Orphelin de père et de mère, Belkacem Messaoudi rejoint Alger à la fin des années 1950 vers l’âge de 15 ans où il poursuit des études secondaires puis entre à l’Ecole des beaux-arts.
C’est en fréquentant l’émission des amateurs de Cheikh Noureddine que s’ouvre pour lui les portes de la Radio pour un avenir radiophonique radieux d’une richesse culturelle immense, pour la belle carrière que nous lui connaissons.
Belkacem Messaoudi se retrouve aux côtés des grands noms de la radio, Si L’hocine Ouarab, normalien et compagnon d’études de Mouloud Feraoun, Si Mohamed Lamrani, proviseur de lycée, Larbi Bessai rédacteur en chef, Abdelkader Abdeladim, Ahmed Mahiou ancien professeur de maths, ne pas confondre avec l’ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, Boukhalfa Bacha, voir son livre « Cfawat n radio n teqbaylit ou l’apport immense de la chaîne 2 », préfacé par Saïd Sadi, édité en 2019 chez les Editions Frantz-Fanon.
Belkacem Messaoudi rejoint ainsi ceux qui ont marqué la chaîne radio kabyle, de Si Said Rezzoug à Abdelouahab Abdjaoui (Rachid Baouche), Said et Mohamed Hilmi, Ali Abdoun, Amar Ouyacoub, Amar Ouhada, Mohand Rachid, (Si Mohand Mohand Al Rachid), Meziane Rachid (Yala M’hamed), Ben Mohamed (Mohamed Benhamadouche), Arezki Nabti, Cheikh Noureddine (Noureddine Meziane), Kadri Seghir, Djamila Bachène , Amari Maamar, Lla Cherifa, Kamal Hamadi (Larbi Zeggane), Farhat Omalou, H’nifa, Bahia Farah, Louisa, Djamila, Hami Chérif, Mme Lafarge, Zoheir Abdellatif, Madjid Bali, Abderrahmane Hacène L’Hadj et sa sœur Djamila, l’épouse du réalisateur Abderrahmane Bouguermouh, Ourida Sider, El Djida Thamchtouhth, Anissa Mezaguer , Lla Yamina avec comme seul instrument le ‘’tbell » (bendir), Si Ahmed Aïmène, les Toualbi (Mohand Ameziane, Mohand Chérif, Zoubir, Si Smaïl), Cheikh Ali Chentir, Madjid Benacer, Zahia Kharfallah, Ben Mohamed (Mohamed Benhamdouche), Hamid Medjahed, Mohamed Guerfi, Belaid At Mejqan, Boudjema Rabah, Makhlouf Gouatsou, Mohamed Ben Hanafi (Mohamed Aït Tahar), Cherif Nadir, M’henni Amroun …
Puis intervient une brève interruption radiophonique pour des raisons que nous ignorons, de 1965 à 1966, Belkacem Messaoudi est responsable de l’agence A.N.E.P d’Oran, mais en 1967, il revient à la radio chaîne kabyle, après un bref passage à la chaîne 3.
Il a produit une pléthore d’émissions, dont, La voix du disque en 1968. Chanteurs amateurs en 1969, Touksa lxiq en1988, Nouba g iɣṛiben, avec Abdelkader Abdeladim dans les années 80, Club de la presse en 1990, Chronique du jour de 1998 à 2004, s’en suivent des émissions sportives.
En commentant des matchs de football, son expression fétiche est «yekker uɣebbaṛ deg waluḍ », une expression qui marqua les esprits.
L’écrivain poète journaliste Youcef Zirem se souvient de son ami, « Il adorait Hocine Ait-Ahmed, paix à son âme. Lorsque le général Zeroual était à la tête de l’Etat, il me demandait souvent de venir dans son émission ; je lui expliquais alors que je ne suis pas d’accord avec les choix du régime, cela pouvait lui causer des soucis. Et un jour, j’ai accepté son invitation. Nous avons fait une émission mémorable : de nombreux journalistes, de tous horizons, venaient nous écouter, en nous regardant, sur place, c’était un direct. Mais, le lendemain, son émission ne pouvait plus se faire en direct. Décision venue d’en haut… »
Il fut un homme généreux, un homme de convictions, un érudit défenseur de la langue tamazight, de la langue kabyle.
Belkacem Messaoudi fut le premier à inviter Mouloud Mammeri en 1972 et Matoub Lounès en 1977.
Bien que retraité, il fut rappelé récemment par la radio Chaîne 2 pour animer une chronique culturelle, sa chronique Awal était diffusée chaque matin à 09h50 du dimanche au mercredi. Il devait commencer une nouvelle émission culturelle, Nouba isefra, en septembre prochain, malheureusement le destin en a décidé autrement, sa disparition va nous laisser un grand vide.
L’inhumation a lieu le dimanche 13 août dans son village Tassaft Ouguemoun, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Brahim Saci
PS : Je remercie Hamid Ait Said, poète homme de radio et de télévision, Hanafi Moualfi homme de radio, Belaid At Mejqan (Belaid Tagrawla) chanteur animateur à la chaîne 2 et à berbère télévision, Makhlouf Gouatsou animateur à la chaine 2 et le chanteur Hocine Ouahioune pour leur aide précieuse.
juste un correctif Djamila est l’épouse de Abderahmane Bouguermouh réalisateur et non de Malek Bouguermouh homme de théatre et directeur du théatre de Béjaia qui porte son nom.
Merci chère Akila pour cette précision.