13.9 C
Alger
AccueilA la uneLe littéraire et le politique

Le littéraire et le politique

Date :

Dans la même catégorie

Nacer Boudiaf s’éteint à Bruxelles

​Nacer Boudiaf, fils de l'ancien Président algérien Mohamed Boudiaf,...

Mohamed Tadjadit cesse sa grève de la faim

Après dix jours d'une grève de la faim qui...

La Catch up culture, un nouveau charlatanisme

Non, ce n’est pas la sauce rouge pour les...

Boualem Sansal sur France Inter : entre prison, liberté et regard sur l’Algérie

Libéré après un an de détention arbitraire en Algérie,...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

« Comme tous les hommes de Babylone, j’ai été proconsul. Comme eux tous, esclave, j’ai connu comme eux tous l’omnipotence, l’opprobre, les prisons ». Frictions de Jorge Luis Borges.

Nous nous réjouissons de la libération de l’écrivain Boualem Sansal de la prison. Après sa libération pour des raisons humanitaires d’après les autorités algériennes, ses différentes déclarations d’ailleurs assez controversées sur l’Algérie posent au moins un problème différentiel entre la littérature et la politique.

Plus que toute chose, certaines de ses déclarations diffusées dans les réseaux sociaux marquent à tel point l’étrangeté de sa personnalité par ailleurs écartelée par les extrémités des personnages du proconsul et de l’esclave selon la fiction de Borges, mais des déboires d’une parole malheureuse. Certes, je n’ai pas lu tous ses romans pour juger de l’effet littéraire auquel est soumis tout lecteur, mais par contre, je retiens tout simplement la contradiction de ses propos.

Dans ses différents entretiens, on sent que l’écrivain Boualem Sansal est attiré d’une façon foudroyante par les mœurs de la société algérienne ou, pour ne pas dire, par la chaleur du peuple lorsqu’il raconte ses activités durant son séjour dans la prison de Koléa. On est loin des vindictes populaires contre des personnalités que l’État doit protéger lorsqu’il s’enthousiasme par ailleurs d’avoir été un éducateur sportif des jeunes et moins jeunes détenus islamistes, kabylistes, etc. Et, il s’est même vu octroyer le privilège, en tant que professeur de mathématiques et de physique, de préparer les candidats à l’examen du Bac algérien.

Dans cette longue litanie miséricordieuse, il reconnait avoir été très bien traité par les médecins algériens qui ont par ailleurs diagnostiqué un cancer de la prostate. Beaucoup mieux traité que beaucoup d’autres détenus qui rapportent autrement les conditions exécrables de leur détention, hélas !

L’écrivain se fourvoie dans des domaines qu’il ne maitrise pas du tout. Nous ne saurions lui faire la moindre ingratitude envers ses choix littéraires ou ses cercles d’amitié, mais toujours est-il qu’il est incompréhensible de parler de l’histoire algérienne en attribuant à la symbolique du Makhzen une grandeur injustifiée alors qu’il a de tout temps été soumis à la pression des tribus berbères.

Il faut bien rappeler que durant l’anarchie marocaine sous les Alaouites, l’État était réduit à un minuscule carré du bâti de Fès. Donc, il serait hasardeux de parler de frontières d’État ou de leur limite si on ne prend pas en compte la fluctuation des influences politiques et idéologiques.

Il serait même impardonnable de ne pas reconnaitre que les convoitises du Makhzen sur l’ouest algérien ont toujours provoqué l’hostilité des populations locales. On peut citer de multiples exemples des enchevêtrements tribaux qui ont pesé sur la destinée des régions nord-africaines et sahariennes.

Parmi ces exemples, on peut pour toujours rappeler l’imbroglio politico-parental de Bocchus et de Jugurtha dans l’Antiquité, les guerres incessantes entre Mérinides et Zianides, et même le grand Moulay Ismaïl a été défait en Oranie par le bey de Mascara Mustapha Bouchelagham. Et, d’est vers l’ouest et du nord au sud, il y a eu autant de secousses politiques et guerrières d’où il est impossible de fixer une centralité maghrébine.

Les aventures militaires de l’émir Abdelkader contre l’armée française, et en toute proportion gardée, ressemblent étrangement à celles de l’Antiquité numido-maure. Une fois rappelé cela, il convient de dire que la fiction littéraire qui nous fait rêver peut se saisir à la manière d’un Kafka, d’un Gabriel Marquez, etc., pour transposer la réalité cruelle du pouvoir absolu. Alors, lutter contre un régime autoritaire ne veut pas dire renoncer à sa patrie.

L’écrivain russe Soljenitsyne, qui a pourtant connu le goulag, est bien retourné vivre dans son pays natal après son exil américain. À la manière de Jack London dans « L’appel de la forêt », faute de l’exercice de la Raison pure (Le cabaret de la dernière chance), nous demandons aux autorités algériennes d’accorder un élargissement total à toute l’opposition algérienne et même d’ouvrir un dialogue avec les islamistes radicaux et les Makistes. Hélas! il en parle étrangement de la Kabylie et de la problématique berbère dont le grand punicologue, M’hamed Fanter s’est offusqué de l’exclusivité que se sont octroyée certains Berbéristes.

Sur ce plan, nous préférons l’encouragement adressé par Mouloud Mammeri au militant guanche Antonio Cubillo, un réfugié canarien non berbérophone.

Fatah Hamitouche

Dans la même catégorie

Nacer Boudiaf s’éteint à Bruxelles

​Nacer Boudiaf, fils de l'ancien Président algérien Mohamed Boudiaf,...

Mohamed Tadjadit cesse sa grève de la faim

Après dix jours d'une grève de la faim qui...

La Catch up culture, un nouveau charlatanisme

Non, ce n’est pas la sauce rouge pour les...

Boualem Sansal sur France Inter : entre prison, liberté et regard sur l’Algérie

Libéré après un an de détention arbitraire en Algérie,...

Dernières actualités

spot_img

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici