Alors que les conversations politiques sont largement occupées par la question de l’identité du Premier ministre susceptible de succéder à Gabriel Attal, un autre dossier occupe plus discrètement l’Assemblée nationale : la question de la répartition des postes au sein du Palais Bourbon.
Question cruciale. Qui pour la présidence, la questure, les commissions ? Une partie du Nouveau Front populaire a déjà un début de réponse qui fait débat.
Ses députés alignés derrière elle, la patronne des écologistes à l’Assemblée Cyrielle Châtelain ne mâche pas ses mots. À l’heure de choisir celles et ceux qui occuperont la présidence, la questure et autres postes clés de l’Assemblée nationale, plus question d’un quelconque député Rassemblement national aux responsabilités, comme ce fut le cas les deux dernières années.
« L’extrême droite n’est pas compatible avec la République, clame-t-elle. Le Rassemblement national ne doit donc occuper aucun poste dirigeant au sein de cette assemblée, c’est le mandat que nous ont donné les électeurs ». Un appel partagé par les écologistes et les socialistes.
Priver le RN de tout poste-clé à l’Assemblée ? « C’était déjà notre position il y a deux ans. Vous vous doutez bien que nous n’avons pas changé d’avis et que d’une certaine manière, le front républicain nous oblige jusque dans les rangs de l’Assemblée nationale », a abondé l’ex-patron des députés socialistes Boris Vallaud. Du côté des communistes, l’ancien chef du groupe André Chassaigne s’est montré plus prudent. « Dans la réflexion qu’on doit avoir, il faut bien qu’on mesure les conséquences que ça va avoir dans le peuple. Même si je ne partage pas (leurs idées) il y a des gens qui ont voté pour le RN », a-t-il souligné.
« Rejet de leur politique »
Si chez les communistes, on nuance légèrement, la position du NFP a évidemment suscité la colère des élus du parti d’extrême droite. « Les macronistes ne nous portaient pas dans leur cœur en 2022. Pourtant, ils se sont pliés à une tradition démocrate et républicaine, rappelle Franck Alisio, député RN des Bouches-du-Rhône. Ces gens-là ne sont ni démocrates, ni républicains, ils l’illustrent pas leurs propos ».
Dans le camp présidentiel, on hésite cette fois à dérouler le tapis rouge au RN. À l’image d’Erwan Balanant député Modem : « Il y a effectivement pour moi un rejet de leur politique et ce qu’ils ont pu porter pendant cette campagne, c’était quand même bien sale. Mais d’un autre côté, vous avez aussi des électeurs qui se sont prononcés pour eux, ils ont le droit d’être représentés ».
Un avis partagé par les socialistes, communistes et même une partie de LFI, car les voix RN pourraient aussi assurer des postes au NFP. La proposition des écologistes risque donc d’avoir du mal à passer. Pour rappel, y a deux ans, l’attribution de deux vice-présidences au RN avait divisé l’Assemblée nationale. La gauche accusant les macronistes d’avoir contribué à la normalisation de l’extrême droite.
Avec Rfi