Mercredi 15 août 2018
Le pétrole sous la pression de stocks abondants et d’un dollar fort
Les cours du pétrole, déjà sous la pression d’une hausse du dollar depuis plusieurs séances, ont plongé mercredi après un bond surprise des stocks américains de brut dans un rapport hebdomadaire.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a terminé à 70,76 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,70 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de septembre a cédé 2,03 dollars à 65,01 dollars.
Lors de la semaine achevée le 10 août, les réserves commerciales de brut ont progressé de 6,8 millions de barils pour s’établir à 414,2 Mb, alors que les analystes interrogés par l’agence Bloomberg prévoyaient un recul de 2,5 millions de barils, d’après l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA).
Les cours, qui reculaient déjà un peu, ont nettement accéléré leur plongeon après cette nouvelle, d’autant que les stocks du terminal pétrolier de Cushing, servant de référence à la cotation du pétrole new-yorkais, ont également augmenté pour la première fois depuis le mois de mai.
« Les chiffres sur les stocks sont extrêmement négatifs pour les marchés d’autant qu’en cette période de vacances on assiste généralement à une baisse » liée aux nombreux déplacements estivaux en voiture des Américains, a affirmé Bill O’Grady de Confluence Investment.
« Malheureusement nous nous approchons de la fin de la saison estivale, ce qui s’annonce négatif pour les cours car les stocks devraient remonter », a ajouté M. O’Grady.
Le gonflement des stocks est d’autant plus surprenant actuellement selon lui que les raffineries ont fonctionné à plus de 98% de leur capacité lors de la semaine écoulée et auraient dû logiquement faire baisser les stocks en transformant davantage de pétrole.
Le specialiste insiste toutefois sur la forte progression des importations de brut pour justifier la hausse de inventaires, celles-ci ayant augmenté de plus d’un million de barils par jour sur la semaine à 9,01 millions de barils par jour.
Alors que depuis plusieurs semaines le marché hésite sur la direction à prendre, tiraillé entre un assombrissement des perspectives économiques mondiales et une future baisse de l’offre, provoquée par le retour des sanctions américaines sur l’Iran, la récente morosité des prix s’explique également par « un dollar plein d’entrain », selon Stephen Brennock, analyste pour PVM.
Le billet vert a touché mardi un plus haut depuis 13 mois face à un panier de monnaies constitué des principales devises internationales. Il évoluait près de l’équilibre mercredi.
L’or noir étant libellé en billet vert, un renchérissement de celui-ci accroît le coût du pétrole pour les acheteurs utilisant d’autres devises.