Dimanche 24 mars 2019
Le peuple ne lâchera pas !
Face à l’entêtement des gladiateurs de la rente à maintenir leurs postes et leurs privilèges, la rue a opposé la mobilisation, sa seule arme pour éviter les divisions, les dérapages et les récupérations.
L’acte V de la protesta a été caractérisé par le retour des mêmes slogans hostiles à la nomenklatura, comme lors de la dernière fois, avec un focus particulier sur le départ complet et définitif du système.
En vérité, la jeunesse algérienne en a marre des «s’hab chekara» qui ont pris d’assaut les appareils de l’Etat jusqu’à en avoir fait, pour beaucoup d’entre eux, une propriété privée. Ce rejet du peuple des dernières propositions de Bouteflika pour parrainer le changement du régime, exacerbé par l’autisme officiel, aurait provoqué la radicalisation des revendications de la base.
En ce sens, tous ceux qui ont participé, d’une manière ou d’une autre, à la gestion des affaires de l’Etat sont désormais mal vus par la rue et priés de prendre leur retraite dans les plus brefs délais. Le verdict semble sans appel et les réseaux sociaux, baromètre des tendances de l’opinion, attestent chaque jour de ce fossé grandissant qui sépare ceux qui décident en haut lieu d’une vox populi, composée essentiellement de la jeunesse. On assiste à une dissidence citoyenne inédite dans l’histoire algérienne qui se fraie passage sur une route jonchée des ruines d’un pouvoir en agonie et des carcasses d’une opposition déstructurée.
Quiconque se rendra facilement compte de cette cassure dès qu’il voit tout ce beau monde farceur (pouvoir et opposition comprise), s’efforcer de parrainer le mouvement populaire, en prenant ces millions de jeunes descendus dans la rue pour des mineurs politiques auxquels il faudrait nécessairement un tuteur!
Or, ces derniers ont prouvé leur maturité et le point de faiblesse de tout le personnel politique est dans son manque d’ancrage populaire. Gagnées par la fraude, toutes les élections passées, ayant connu du reste de très hauts taux d’abstention, ont permis à «l’establishment» de construire une fausse vitrine démocratique, sans qu’elles ne lui donnent une assise de légitimité solide pour le long terme.
C’est pourquoi, la fragilité institutionnelle frappe même la Présidence de la république que la majorité des Algériens soupçonnent de servir de relais à des opportunistes de tout poil. D’ailleurs, le retard pris dans la formation du gouvernement Bedoui met en évidence le problème crucial de légitimité dont souffre l’exécutif et ses difficultés à trouver des têtes crédibles dans cette circonstance délicate.
Tous ces facteurs-là font en sorte, n’en déplaise à certains affidés du système, que le mouvement populaire suivra sa gronde dans les semaines prochaines avec, peut-être, un peu plus de détermination et de structuration.
En gros, c’est une mobilisation qui ne s’arrêtera pas tant le vœu démocratique de la population en un changement radical du système n’est pas satisfait.