La place de la République a été colorée ce dimanche de drapeaux algériens et de pancartes hostiles au pouvoir flottant au milieu d’une foule massive venue dire non au 5ème mandat, au mandat de trop et au mandat de la honte.

Des milliers d’Algériens ont répondu à l’appel et sont venus grossir les rangs et remplir la place de la République en ce dimanche ensoleillé pour marquer l’histoire en rejetant massivement et sans appel la reconduite de ce régime.

L’annonce de la candidature de Bouteflika à se représenter pour briguer un 5ème mandat après un mandat d’absence, un mandat durant lequel aucun conseil des ministres n’est tenu pour incapacité du président ni à parler, ni à marcher ni à écouter, a été une insulte si grossière pour un peuple qui a si souffert de l’humiliation coloniale, puis de l’islamisme, avant de se relever et retrouver sa fierté.

Offensé et infantilisé par cette conduite irresponsable, le peuple algérien refusant de sortir de l’Histoire en laissant son destin entre des aventuriers a décidé de reprendre les commandes en descendant dans la rue.

En cette journée de dimanche ensoleillé, la communauté algérienne de France a décidé de renvoyer l’écho aux manifestations massives qu’a connues le pays vendredi dernier et dire tous ensemble : « Non au cinquième mandat ! » Le rassemblement a été à la hauteur de la place de la République, car non seulement les gens étaient pacifiques et l’ambiance était bon enfant, mais il y avait un esprit de rassemblement républicain où toutes les différences se sont effacées pour faire place à une même aspiration qui est celle de l’avènement d’une nouvelle République algérienne, rajeunie et rassembleuse.

Une République qui saura parler à tous les Algériens, à toutes les sensibilités algériennes, une République intégratrice et non une République exclusive telle que connue jusque-là.

Des slogans d’ailleurs ont été scandés dans ce sens : « L’Algérie djemouhouria machi mamelaka » (l’Algérie est une République et non une monarchie),  » achab yourid issqat ennidham » (Le peuple veut faire tomber le régime) rappelant ainsi à Bouteflika ses manquements à ses obligations constitutionnelles : le caractère principal et essentiel de l’Algérie : «une République populaire et démocratique» et non pas une monarchie ni une oligarchie ainsi qu’il en a fait en transformant l’Algérie en propriété personnelle avec son frère et ses courtisans.

Les heures passent et la place de la République s’est vue petite pour contenir les manifestants arrivant en grappes pour rejoindre la foule bien chauffée déjà aux slogans « Makench el-Aouhda El khamsa ya Bouteflika » (pas de 5ème mandat Bouteflika !) -«Makench a Rais, Kayen Teswira (Il n’y a pas de président, il y a juste la photo !) «Ouyahia himaroun» ( Ouyahia est un âne !), «Pouvoir assassin !», «Oulach Smah Oulach !» ( pas de pardon !) Des slogans qui en disent long sur le ras-le bol  du peuple pour ce régime qui lui a fait subir tous les maux et l’a considéré immature et infantile en lui montrant la photo faute du président en chair et en os.

Comment est-ce possible d’humilier son peuple à ce point en le gouvernant par communiqués ? Est-il respectueux de son peuple de gouverner par une photo, un cadre et étant endormi ?  Un président vraiment algérien pourrait-il faire ça à son peuple ? Mais, gare au mal entendant ! Le peuple n’est ni dupe ni n’est aveugle, il sait tout, dans la foule, les gens scandaient «  Y a Bouteflika ya El Marouki… » Un président digne de son peuple ferait –il ça à son pays ? Évidemment non !

Enfin, il y avait dans la foule des femmes, des vieux, des enfants, beaucoup de jeunes et beaucoup de jeunes qui sembleraient  haragas (migrants) qui rendaient hommage dans un chant aux airs lugubres à leur frère de fortune qui ont laissé leur vie en traversant la mer sur des baraques en fuyant le mal être du pays : «(… Oual El haraga allah yerhemhoum » (Que Dieu ait l’âme des migrants »)  

C’est dire le mal qui a été fait par ce régime à son peuple, le manque de considération et du regard de Bouteflika et de son frère pour cette jeunesse tellement désespérée qu’elle s’est jetée dans les baraques de la mort pour fuir ce pays mal gouverné, ce régime dont la seule chose qu’il a su produire est le désespoir, le mal être, la dépression de son peuple, l’envie permanente de quitter le pays quitte à ne pas arriver à destination.