Évoquer aujourd’hui une quelconque position anti-impérialiste, c’est parler dans langue morte ou encore consommer un produit dont la date de péremption remonte à 1917.
Pourtant à Gaza le rasage des quartiers et l’extermination des populations sont bien l’œuvre d’une volonté humaine à l’expansion et non d’un cataclysme naturel. Et être un anti-impérialiste n’est pas une antiquaille idéologique du dernier siècle, mais une des voies de cette lutte continuelle contre tout hégémonisme mondialisé par le seul groupe d’intérêt qui veut tout simplement anéantir toute forme de bonheur humain.
Il est primordiale de le rappeler à chaque instant et de le dénoncer quotidiennement afin d’éveiller les esprits, encore seins et dénoncer les mécanismes des dominations.
Le 9 octobre dernier, la pseudo académie du canonier Alfred Nobel attribua son prix de la paix à une femme dite de «l’opposition démocratique» au régime vénézuélien, Maria Corina Machado, la meneuse des troupes de centaines de milliers de suivistes vers l’accomplissement du «hirak latino» de coloration orange. Une dame qui s’abreuve à la source du discours néo-libéral et aux pratiques de l’extrême-droite militariste d’un Venezuela du temps des généraux putschistes.
À Oslo et à l’annonce du nom de la représentante des sectes néolibérales, M. Jorgen Wetne Frydens, porte-parole de l’institution norvégienne s’est contenté de répondre à une question de la presse sur le choix de Machado, que « nous recevons des milliers de lettres chaque années (…) Ce comité délibère dans une salle remplis de photos de lauréats, une salle vivante de courage et d’intégrité. Nous basons notre sélection uniquement sur le travail et la volonté d’Alfred Nobel.»
Personne n’osera dire le contraire et surtout pas que l’on reçoit, dans cette même salle, des milliers de coups de téléphones et mails cryptés pour avancer ou faire reculer tel ou tel candidat. Qu’est-ce que la volonté du spectroman Nobel, cet ancien entreprenant de la colonisation économique en Afrique ? Doté d’une profonde croyance dans les bonnes volontés guerrières des hommes, il a inspiré cette fois une énième candidate à la paix armée au même titre qu’en 1973 avec Richard Nixon et en 2009 pour Barack Obama. Du coup d’Etat fasciste contre le socialiste Allende à la razzia yankee de Libye, d’Afghanistan et de Syrie, la dame Machado inspire une nouvelle étape guerrière dans les Caraïbes.
Cette dame n’est nullement de la trempe de ces prédécesseurs, elle représente néanmoins la volonté de toute une oligarchie vénézuélienne qui s’est mise au service du trumpisme transcendantal. Elle n’est qu’un pantin néo-libéral et primitivement anticommuniste, soufflant une aire polluée sur une opposition putschiste qui manie l’assaut des parlements, des chaînes TV et des radios d’Etat. Nicolas Maduro est son cauchemar ancestral qui, malgré l’encerclement américain continu une politique d’émancipation sociale, économique et culturelle sur la base du très Franc-maçon Bolivar.
N’en déplaise aux adeptes et leurs «alchimistes» du démocratisme libéral anti-ouvriers et anti-progressistes, leur prix Nobel de la paix sent la poudre à canons et la pourriture des corps humains. Ils ne sont que de valeureux et d’obéissants serviteurs des institutions de l’impérialisme et de la réaction.
En chantant les louanges de la dame Machado, les prosternés de la démocratie de rues ne reçoivent pas la sanctification de la sainte Maria Machado, elle est totalement dissimulée derrière le projet «very, very good» de réouverture du pétrole vénézuélien au contrôle des grands Trusts mondiaux de l’énergie fossile, baignant dans les 300 milliards de baril de réserve que compte le pays. Une richesse qui est aussi un sérum destiné à prolonger l’omnipotence de l’impérialisme occidental et de ses nouvelles cathédrales: les Trump-Towers.
Le prochain lauréat du prix de la poudrerie Nobel de la guerre est certainement l’entreprenant président yankee qui offre 50 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation du président Maduro considéré comme «chef d’un cartel narco-terroriste». il ne faudrait pas être choqué par qui est récompensé, mais plutôt se demander pourquoi ces prix sont décernés et quelles stratégies ils servent. Le Front mondial anti-impérialiste, tout comme le mouvement progressiste le savent. Si Trump ou un de ses adeptes aurons un jour un tel prix, c’est après le lancement des chantiers de la «Gaza-Riviera», totalement dépeuplé des Philistins, sous mandat de la British Petroleum de Tony Blair avec le sponsor de l’italienne ENI des nés-fascistes romains.
Mohamed-Karim Assouane, universitaire.