Et voilà le ramadan qui réapparaît de nouveau, comme tous les ans. Et voilà que ses détracteurs, dont moi-même, reviennent à leurs claviers pour le fustiger. C’est tellement éternel que ces derniers continueront à le faire lorsque dans mille ans, le clavier d’ordinateur sera rangé au musée des technologies anciennes.
Et tous les ans nous, répétons la sempiternelle affirmation que nous ne sommes pas contre la notion de religion. Un laïc républicain défend la liberté de conscience aussi farfelue soit-elle. D’ailleurs que pourrait-elle être d’autre ? Il semble que l’illumination céleste rend sourd à tout rappel à ce sujet. C’est peine perdue que d’essayer d’expliquer et de convaincre devant le gigantesque mur de l’irrationnel.
Certes, l’irrationnel est consubstantiel à l’être humain, nous serions hors du champ de l’humanisme si nous essayons de le combattre. Ce qui est notre adversaire dangereux est la religion politique, celle qui abrutit, celle qui menace, détruit et assassine, celle qui contraint à ses usages par la terreur et l’embrigadement.
Interdire à une personne de s’adresser cinq fois par jour à l’invisible est un acte contraire à l’intelligence. Les être humains sont libres de leur choix. Est à peine risible, mais sans danger, celui qui croit que le messager de l’invisible marche sur l’eau, guérit les aveugles et reproduit les petits pains. Rien n’est dangereux dans la croyance d’un envoyé du ciel pour libérer son peuple en traversant des mers dont les eaux s’écartent à son passage. Rien n’interdit de penser qu’on se réincarne en animal si ce n’est qu’on n’a pas le choix sur lequel.
Trêve de plaisanterie, nous ne combattons pas les religions car l’humanité a autre chose à faire que d’essayer d’éliminer de si étranges croyances malgré les investissement colossaux de l’instruction scolaire pour bâtir un homme libre et conscient de la nécessité d’aller de l’avant pour le progrès bénéfique des peuples.
Que la religion sorte de la constitution, qu’elle arrête d’embrigader les citoyens et de les terroriser, alors nous la laisserons en paix, nous défendrons ses adeptes et nous la respecterons.
Comment respecter une telle déviation des bases de la doctrine que la religion elle-même a décrétées. Le jeûne a été conçu pour la rédemption des âmes, la pénitence pour le pardon et le partage de la souffrance comme de la richesse en offrande aux autres.
Voilà que commence le festin, l’orgie et la démesure ostentatoire des soirées où des dépenses folles sont englouties dans une vaste course à la consommation. Chacun regardant son portefeuille avec pudeur par crainte de se sentir gêné, d’être accusé de mauvais musulman.
C’est le moment où les richesses inouïes s’étalent, sans pudeur d’avoir été souvent amassées avec des principes totalement contraires au message de la religion. Plus la population est engouffrée dans les ténèbres, plus ils s’enrichissent car elle est trop occupée à les combattre, elle prie et court aux dépenses sans fin.
La lune vient nous annoncer le début de l’immense hypocrisie d’un dogme crée pour aveugler un peuple et le mettre à genoux, dans le sens premier de l’expression.
Tous les ans, à cette même époque, je suis dévasté que mon pays entre dans les ténèbres avec une hystérie collective inexpliquée.
Pourtant, nous les respecterons si la croyance est silencieuse, ce que le rapport individuel avec le divin exige.
Nous les respecterons autant que notre amour de nos parents et grands-parents était si grand que nous acceptions la religion comme lien affectif avec eux.
Qu’elle serait si belle, la religion, si elle ne se convertissait pas à chaque fois en une créature monstrueuse et dévastatrice envers l’espèce humaine et les hommes libres.
Qu’elle revienne à la raison et nous l’accueillerons avec notre conscience de démocrates et d’humanistes. La zlebia, cette magnifique invention pour moi, en serait encore plus divine.
Boumediene Sid Lakhdar