Mardi 19 janvier 2021
Le renivellement ne devient possible que par le bas
Le Printemps berbère de 1980, le premier soulèvement populaire pacifique contre le régime.
Derrière chaque soulèvement, il y a un peuple. Les peuples de part le monde aspirent à un changement susceptible d’améliorer un tant soit peu le quotidien qui a tendance à se compliquer chaque jour un peu plus et ce, depuis que leur devenir est confié à des entités régies par des normes censées les représenter, et donc à agir et à intervenir au lieu et place, dans le meilleur des intérêts.
Seulement, la notion d’intérêt qui a nettement évolué avec le processus de l’évolution des sociétés, n’ayant malheureusement pas permis un développement aigu des sens de l’éthique et de la responsabilité dans l’exercice des fonctions étatiques, c’est-à-dire la non occultation du principe d’intérêt public au seul profit de l’individu.
Le conflit qui a pris naissance en revendication de la primauté de l’intérêt général sur l’individuel n’a pas manqué de provoquer un mécontentement au sein des laissés pour compte, aboutissant dans la plupart des cas, en des prises de positions belligérantes entre d’un côté l’autorité représentant l’État en tant que garant de ses intérêts et ceux de sa périphérie et de l’autres le reste de la population à laquelle on recommande d’acquiescer sans rechigner pour ne pas entraver l’ordre public établi.
Des exemples de mécontentement populaire sont légions. À travers la planète, un certain nombre de peuples ont initié des soulèvements en contestation des politiques de marginalisation dont ils sont l’objet de la part des pouvoirs publics en place.
Passant de l’insurrection de Budapest en 1956 au soulèvement de Poznan’ de la Pologne durant la même année, ensuite viennent le printemps de Prague de la Tchécoslovaquie en 1968, les mouvements de contestation populaire de Gdansk en Pologne des années 1980.
Tian’anmen une province située en république populaire de Chine s’était fait connaître en 1989 par la férocité de la contre réaction du pouvoir central, venant fermer ainsi cet échantillonnage des revendications populaires, à l’instar de ce qui allait se passer par la ensuite dans certains pays d’Afrique du Nord.
C’est ainsi que le premier véritable printemps avant celui qu’on attribua à tort aux masses arabes, a éclos en Kabylie dans la wilaya de Tizi-Ouzou en Algérie un certain 20 avril 1980
Huit années plutard éclatait le 5 octobre qui a surpris par son ampleur les habitants d’Alger la capitale, quoique selon certains analystes avérés, celui-ci a été l’oeuvre de certains apparatchiks du pouvoir dont la contoverse a fini par attiser la lutte des clans au sein de la hiérarchie militaro-civile de l’État.
Durant donc toute la décennie liée au terrorisme islamiste de 1990, le mouvement de contestation populaire algérien s’est estampé pour avoir enduré des violences terribles l’ayant contraint à accepter le fait accompli.
Suivi d’un autre mouvement insurrectionnel dénommé le printemps noir pour avoir marqué l’histoire contemporaine de l’Algérie en 2001 sacrifiant un peu plus de 128 jeunes adolescents assassinés pour le seul tort d’avoir revendiqué la liberté et l’espoir de vouloir vivre dignement, par un pouvoir en déficit de légitimité.
Mais sans compter sur son tempérament rebelle, le peuple algérien comme à l’accoutumée, se réveille pour prendre possession de la rue, contre l’invective, la justice aux ordres et l’enrichissement sans cause de certains magnats du système, civils que militaires.
Cet éveil est considéré à juste titre comme étant une prise de conscience irréversible du peuple algérien de se dépoussièrer et à revendiquer son autodétermination à se prendre en charge pour l’édification d’une nouvelle République à même de redéfinir ses droits et obligations dans un environnement de démocratie, de liberté et de justice sociale.
D’autres peuples ont recours à la contestation, seul moyen de parvenir à faire valoir leurs droits socio-économiques brimés par l’incapacité des politiques en charge de la gestion du pays à apporter une quelconque forme de solution.
Le soulèvement des masses populaires grecques contre le dénuement quasi total qu’il leur a été imposé par l’Union européenne est significatif à plus d’un titre quant à l’importance d’un peuple qui n’est pas prêt de se résilier face à toutes velléités quelles qu’en soient sa provenance, sans lequel la banqueroute en haut lieu décidée aurait été fatale pour le pays.
Ainsi donc, la contestation est le propre de l’humain, le petit, le faible mais aussi le plus réfractaire à ne pas se laisser marcher sur les pieds, lequel ne se prive nullement outre mesure de vouloir réclamer son dû sans dépassement ni autre forme de violence.
C’est ce qui a caractérisé le Hirak algérien de toutes les autres forme de contestations que nous venons de citer. Sa particularité réside dans sa manière allègre et bon enfant de revendiquer un lendemain meilleur. Interdit, maudit au point d’en faire un mal aimé du monde entier.
Mais contre toute attente, la rue lui ouvre grandement ses bras pour le réhabiliter et lui rappeler ses qualités intrinsèques d’autrefois qu’il adopta illico pour réapparaitre plus civilisé que tous les civilisés.
Et c’est ainsi que son génie lui a permis de se distinguer dans sa manière d’être et de se comporter pour parvenir à formuler cette vérité que je vous cite : « Dans une contestation ne te laisse pas gagner par la colère, elle t’enlève une partie de ta force, et te livre désarmé à ton ennemi” dixit un proverbe algérien.