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Le retour de Tebboune dans une Algérie immobile !

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Le retour de Tebboune dans une Algérie immobile !

C’est un chef d’Etat affaibli, qui n’avait pas l’air d’être encore revenu de loin, « hors du coup », que  les Algériens ont accueilli sur leur chaine nationale. 

Dans un salon d’honneur de l’aéroport, entouré de son staff, posé puis enfoncé dans un fauteuil, la cravate remontée, il fait son très bref salut au peuple, livré à lui-même, d’un pays totalement paralysé qui ne cesse de guetter ses moindres mouvements ou gestes de sortie de coma depuis deux mois. 

La jambe droite  apparemment plâtrée, abandonnée comme par hasard, subrepticement à l’objectif indiscret du cameraman, n’a pas échappé à la vigilance du téléspectateur gagné par l’inquiétude. Indice et justificatif flagrants de son manque de mobilité. 

Dans une allocution très courte, plus paternaliste que présidentielle, à coups d’inchallah comme pour justifier le renoncement de l’homme dans cette région du monde au « libre arbitre », il rassure ses concitoyens sur son état de santé, leur souhaite in advance (à l’avance) comme disent les Anglais, une bonne année, tranquillise  les « pris dans la neige » et remet tout ce beau monde aux bons soins de l’armée nationale populaire, digne héritière de l’armée de libération nationale, et par souci protocolaire,  au gouvernement. 

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Djerrad à quelques mètres de lui, l’air réjoui d’un premier de la classe, pour ses innombrables prouesses de Premier ministre est tout ouïe. Cette année a été une année de grande réalisations pour son équipe ne cesse -t-il de répéter sur les ondes de la radio nationale et lors de sa suite complexe de visite dérangeantes dans plusieurs wilayas : 

Un ministre brillant de la prospective, plutôt spécialisé dans la rétrospective, promet les résultats pour janvier 2021 d’une enquête entamée en décembre 2020 sur « l’impact du Covid sur les foyers et les entreprises » quasiment un an après le début de l’épidémie en février 2020, c’est-à-dire et vers le début de sa fin.

Un ministre du Commerce qui nous explique que le FRAC (VRAC) est la solution et que le développement des exportations se fera par la filière pâte de poulet vers l’empire du Milieu tout en se noyant dans la milieu du lait.

Un presque Beria,  ministre de la Communication qui fait tout, absolument tout, à chacune de ses sorties en usant à l’excès et d’une manière préméditée d’un discours stalinien qui écorche les oreilles des auditeurs, pour se faire interdire le droit de parler et tenter ainsi de couler le maximum de jours heureux à l’ombre des regards.

Un directeur de Sonelgaz qui a l’outrecuidance de déclarer que l’entreprise qu’il dirige exportera sous peu vers la Libye des énergies renouvelables qui nous font cruellement défaut. Secteur que l’Algérie tente désespérément de développer depuis des lustres. 

Et enfin, pour couronner le tout, un Premier ministre qui réduit la stratégie de diversification des exportations hors hydrocarbures au développement du partenariat entre des agriculteurs sceptiques et des entreprises privées dans un coma avancé, livrées à elles-mêmes face à ce démon qu’on appelle le Covid.

Enfin, Saïd Chenegriha, le chef d’état-major et représentant indiscutable de l’armée, à l’apparence rajeunie, visiblement à l’aise et serein supervise l’opération. Les affaires suivent leur cours comme on dit. 

Sauf que la centaine de détenus d’opinion dans les prisons n’a aucune raison d’y séjourner. Khaled Drareni, Rachid Nekkaz, Ghediri  Mohamed Tadjadit et tant d’autres victimes de l’arbitraire sont retenus dans les geôles de la république par les tenants de la décision. Ces derniers ne parviennent décidément pas à lâcher ce morceau qui risque à terme d’être le grain de sable, la chose de trop,  le verre trop plein dont ils devront subir les conséquences.

Maintenir des Algériens en détention pour leurs opinions est contreproductif pour l’image de l’armée; de la justice et dévastateur pour celle de l’Algérie.

Pendant ce temps…

… Les Algériens tentent de vivre dans ce terrible marigot dans lequel ils sont abandonnés. Tout ceci, ponctué par les intermèdes de la fabuleuse chaine 3, véritable oxygène des Algérois, bastion de la civilisation, qui finit comme chaque année ses bulletins d’information de la même manière, doucereusement, comme pour rassurer et  souhaiter bonne année à ses auditeurs :

Les sempiternels accidents sur l’autoroute est-ouest, à un même niveau sur l’axe El Khemis, Ain Defla ; les chutes de neige à 800 m d’altitude ; les pénuries de gaz butane et de ses bouteilles ; les décès dus aux émanations toxiques des chauffages domestiques ; les pris dans la neige ; le développement de l’agriculture etc… Cette année, elle y incorpore le Covid et son vaccin. C’est la nouveauté.

Auteur
Djalal Larabi

 




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