Mardi 4 décembre 2018
Le RPK dénonce la neutralisation de la Kabylie par le pouvoir
A l’issue de la rencontre tenue le samedi 01er décembre 2018 à Bejaïa, la Bureau élargi du RPK, après avoir approuvé la démarche organisationnelle jusqu’à la tenue de ses assises, a rendu la déclaration de politique générale suivante :
Alors qu’une demande forte pour un changement politique et institutionnel se fait sentir à travers tout le pays, les forces du statu quo poussent dangereusement vers une voie qui va directement vers l’effondrement de l’Etat et par conséquent l’effritement national.
En dévoyant les institutions formelles de l’Etat par une instrumentalisation éhontée, en poussant la corruption à des niveaux jamais atteints, en bloquant tout processus de libéralisation politique, le pouvoir de l’ombre est en train de préparer les conditions objectives pour une explosion sociale.
Même l’opposition sur laquelle la société peut légitimement se retourner pour parer à cette éventualité est malheureusement tétanisée et dépassée pour les raisons que l’on connait : autoritarisme du pouvoir, manque de vision stratégique et faiblesse historique.
Les affrontements des clans au sommet de l’Etat, à ne pas se faire d’illusion, ne sont motivés que par des considérations de prébendes et quelle que soit l’issue de ces tiraillements c’est la domination politique, comme moyen de régence de la société, qui sera mise en œuvre par le clan qui va s’imposer. La lutte se révèle au grand jour comme une lutte pour le pouvoir et rien que pour le pouvoir. La dépolitisation de cet affrontement à huit clos constitue la plus grande menace pour le pays.
La valse des arrestations et libérations des officiers supérieurs de l’armée qui n’a donné lieu, comme tout le monde l’a constaté, à aucune explication par ceux qui sont chargés et censés de le faire, est assez révélatrice de la rupture de l’unité de commandement dans les affaires de l’Etat.
Les partisans du 5e mandat, en particulier, ne font aucun cas de l’ordre constitutionnel ni de la nécessité de maintenir certains équilibres formels pour maintenir un minimum de lien entre l’Etat et la société. Ils agitent aujourd’hui avec arrogance leur allégeance pour sauvegarder leurs positions prééminentes quitte même à mettre le pays à feu et à sang.
C’est dans ce contexte à hauts risques qu’une stigmatisation à outrance est engagée contre la Kabylie. Les attaques contre la langue et la culture amazighe sont quotidiennes, et sous l’instigation de la police politique des guéguerres sont alimentées dans les milieux de la militance kabyle, notamment à travers les réseaux sociaux, pour annihiler toute possibilité de convergence ou de compromis politique.
Le dénigrement, d’une rare violence, des symboles de la culture kabyle et de son élite, n’obéit qu’à un seul objectif: la neutralisation de la Kabylie. Même la JSK, symbole de toute une région, après des déboires orchestrés pendant des années, n’est pas épargnée. Son président, malgré la réussite de son projet, l’espoir et l’enthousiasme suscité dans la population, n’est pas épargné. Il est l’objet d’attaques multiples.
La répression policière n’est pas en reste. La ville de Bejaïa, suite à l’appel à manifester pour la défense des droits de l’homme et la libération des détenus politiques, des journalistes et du blogueur Merzouk Touati, a été le théâtre d’une exceptionnelle mobilisation policière visant l’empêchement de la libre expression populaire.
Il est assez significatif que le pouvoir en place se donne autant de mal pour museler des espaces de libertés qui ont imposé leur existence y compris du temps du parti unique ou de la subversion islamiste.
L’appel à une marche de riposte pour le 10 décembre prochain est à saluer et à appuyer. Le RPK fait siens les mots d’ordre avancés pour cette manifestation populaire.
Dans le même esprit, le RPK condamne le maccarthysme économique dirigé contre le groupe Cevital. Le bocage des investissements de ce groupe dans la wilaya de Bejaïa vient pénaliser lourdement toute une région et prive des milliers de jeunes d’un emploi certain. Comme s’il ne manquait pas de subir une politique de désinvestissement de l’Etat en Kabylie, le pouvoir s’attaque aujourd’hui à toute initiative qui vient germer dans le milieu des opérateurs privés. La marche du 11 décembre doit prendre une dimension populaire pour dire non à l’appauvrissement de la Kabylie.
P/Le RPK
Le coordinateur
Hamou Boumedine