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dimanche 3 août 2025
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Le sous-sol algérien bradé : quand la réforme minière enterre la souveraineté

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Le nouveau code minier, adopté dans une indifférence parlementaire révélatrice, prétend relancer l’investissement, moderniser les procédures et attirer les capitaux étrangers. Mais derrière cette technicité affichée, le texte souffre d’un défaut majeur : il ne dit rien de ce que l’Algérie veut faire de ses richesses. Il n’exprime aucune doctrine, ne trace aucun cap industriel, et n’impose aucune exigence stratégique.

En réalité, c’est une loi d’incitation, pas une loi de puissance. Elle repose sur une croyance naïve dans les vertus du marché, dans une ouverture présentée comme une fin en soi.

Le pouvoir algérien semble fasciné par le modèle marocain — son code minier attractif, ses zones industrielles dédiées au phosphate — sans interroger ce qu’il en coûte en matière de souveraineté. Car ce n’est pas le marché qui fixe une trajectoire nationale, c’est une doctrine. Et cette loi n’en a aucune. Elle épouse un mimétisme sans boussole, une imitation sans ambition.

Aucun article ne fixe d’objectifs en matière de transformation locale. Aucune clause ne contraint les entreprises étrangères à réinvestir une part des bénéfices sur le territoire concerné. Le contenu local, la formation, la transparence des contrats ou la participation des collectivités locales sont relégués à des textes d’application futurs, voire totalement éludés. Ce vide politique est masqué par une technicité juridique qui donne l’illusion d’un progrès.

Le mythe de la neutralité économique revient en force. On parle d’attractivité, d’efficience, d’alignement avec les standards internationaux. Mais sans institutions fortes, sans vision industrielle, cette ouverture devient une mise en dépendance. Il ne s’agit pas de rejeter les partenariats, mais d’en redéfinir les termes.

Ce n’est pas le partenaire qui fonde la souveraineté, c’est la capacité à le choisir, à le cadrer, à lui imposer un partage équitable de la valeur.

La Chine impose des obligations strictes aux investisseurs : transfert de technologie, co-propriété, transformation locale. Le Chili renationalise partiellement son lithium. Même les pays du Golfe réintroduisent la planification dans les filières critiques. L’Algérie, elle, reste dans une logique d’extraction sans cadre, sans levier de négociation, sans stratégie d’intégration.

Le problème est structurel : nous continuons de gérer le sous-sol comme un stock à écouler, pas comme un levier de puissance. Or le sous-sol, ce sont aussi des données géologiques qui devraient relever du domaine public. Leur appropriation, leur partage, leur contrôle doivent être soumis à une régulation stricte, transparente, non négociable. Cela exige une autorité minière indépendante, un pouvoir parlementaire renforcé, un contrôle citoyen.

Cette loi aurait dû affirmer des principes fondateurs :

• la nationalisation des données et cartes géologiques, qui constituent un actif stratégique,

• l’irréversibilité de l’appropriation publique des gisements,

• un droit de veto pour les collectivités locales concernées,

• une conditionnalité environnementale et industrielle stricte,

• la transparence contractuelle intégrale,

• et un dividende citoyen.

Elle aurait dû fixer un seuil minimal de transformation locale pour les matières critiques, créer un fonds souverain minier alimenté par une redevance fixe, garantir une redistribution équitable supervisée par la Cour des comptes, et rattacher l’activité minière à une politique nationale de formation, de recherche et de transition énergétique.

Rien de cela n’a été envisagé, parce qu’on ne gouverne pas, on improvise. Parce qu’on gouverne à la petite semaine, sans vision, sans projection, sans stratégie. Parce qu’on confond attractivité avec abdication.

Le résultat est là : ce texte ne construit pas la souveraineté économique, il l’organise à la baisse. Il ne renforce pas l’État, il le contourne. Il ne propose pas un modèle de puissance, mais un modèle d’épuisement.

Or le sous-sol est notre dernière chance de rupture. Le pétrole nous a rendus dépendants. Le gaz nous a anesthésiés. Le sous-sol minier pourrait être un réveil — à condition d’en faire un projet de puissance, pas de prédation.

Et ce qui appartient à la nation ne s’exploite pas sans exigence. Il se gouverne. Dans la transparence. Avec justice. Et dans l’intérêt de ceux qui vivent ici — pas de ceux qui convoitent de loin.

Mohcine Belabbas, ancien président du RCD

Tribune publiée par son auteur sur les réseaux sociaux

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1 COMMENTAIRE

  1. Cette junte dictatoriale, cleptomane est capable de tout pourvu qu’il y’ai un peu de reconnaissance au niveau international.
    N’est ce pas elle qui distribue des milliards de dollars à qui veut prendre une photo avec le berzidan désigné ?
    Ils parlent d’une visite en Allemagne, Allemagne pays que je connais très bien, où les mœurs politique sont très différentes de celles des pays du sud.
    Et sincèrement même en offrant toutes les richesses qu’ils veulent, ils ne pourront jamais faire ce qu’ils font en France. Et à mon humble avis ,ils vont tomber de haut, car si il y’à une chose dans la culture Allemande qui est la pierre angulaire de tout, c’est la probité et le respect des droits de l’homme.
    Warten und sehen!

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