24 novembre 2024
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Le spectre du Hirak hante le pouvoir

OPINION

Le spectre du Hirak hante le pouvoir

Depuis que le «hirak» a décidé de suspendre les marches pour cause de pandémie, il continue de hanter le pouvoir. En effet, les figures de ce dernier ainsi que ses acolytes ne cessent de citer le « hirak » au sens de bienfait pour l’état algérien à son début. 

En effet, il n’y a qu’à écouter les interventions des ministres ou de leurs « porte-parole » dans les chaînes de TV, particulièrement acquises aux sirènes du régime.

En effet, les représentants du pouvoir ainsi que ses acolytes ne cessent de dire que le « hirak » était un bienfait pour l’état algérien à son début et que maintenant, il est en train de s’éteindre en ce  temps du Covid-19. Ils argumentent leurs dires pour cela en s’appuyant sur le fait qu’après quatre mois de confinement, les marches hebdomadaires ont cessé et les quelques tentatives pour le remettre en selle ont échoué (cas des marches du 19 juin 2020).

Bien sûr, si l’on confond le « hirak » avec seulement les marches, cela est peut-être vrai. Cependant, dans une de nos contributions, nous avons appelé « hirak », non seulement les « marcheurs» mais aussi tous ceux qui pour une raison ou une autre ne pouvaient descendre dans la rue, comme par exemple les algériennes et algériens qui  sont obligés de rester  à la maison et ceux qui sont solidaires avec, tout en le soutenant. Ceci dit, nous devons rappeler que les marches ont été suspendues par la volonté du « hirak » après l’apparition du coronavirus 19. Cette décision elle-même montre la sagesse du mouvement et que celui-ci a une conscience de la préservation  de la vie des gens d’abord. Et ceci est très significatif de ce qu’on peut appeler l’esprit du « hirak ». Cet esprit-là a été forgé sur le terrain des luttes  depuis le 22 février 2019 jusqu’au 19 mars 2020 et s’est ancré dans la conscience des Algériens (même les gens qui n’étaient pas d’accord avec le « hirak » sont aussi gagnés par cet esprit). C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui. 

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 Que s’est-il passé ces quatre derniers mois ? Il est vrai que les autorités supérieures ont pris des mesures pour contrecarrer la contagion, mesures plus ou moins discutables et quelquefois un peu en retard, il n’en demeure pas moins que des efforts ont été faits dans ce sens (on pourra toujours faire une critique objective des mesures prises mais là n’est pas notre sujet). Entre temps, le « hirak » s’est manifesté sous plusieurs formes : 

1) En contribuant par des gestes de solidarité à aider les gens touchés par le confinement ;

2) En lançant des opérations d’assainissement un peu partout pour limiter la contagion ;

3) En récoltant des aides et en prenant en charge leur distribution ;

4) En organisant des marches ou manifestations locales, même ne faisant pas l’unanimité (c’est aussi cela le dynamisme) pour maintenir la flamme du « hirak » ;

5) En soutenant le personnel soignant (qui a fait preuve d’un sacrifice inouï rappelant les combattants de la révolution algérienne) et, ce matériellement et moralement ;

6)  En permettant un retour de la protestation sur les plans social et économique (grèves, settings,…) ;

7) En animant des débats contradictoires sur les réseaux sociaux parfois intempestifs sur la suite du « hirak » et que certains craignent son étouffement par les arrestations et menaces ;

8) En se solidarisant avec les détenus malgré la répression.

On pourra encore citer des exemples de courage et même d’héroïsme de la part des Algériens venant au secours des gens touchés dans leur vie.

Tous ces exemples montrent bien que le « hirak » est bien vivant et qu’il se développe sous diverses formes. Les marches hebdomadaires ont été la forme la plus engagée, la plus révolutionnaire et la plus spectaculaire. Cependant, en dialectique, le mouvement en général peut prendre différentes formes dont en particulier mécanique. C’est pour cela qu’il ne faut pas assimiler le « hirak » seulement aux marches hebdomadaires.

Tout ce qui a été signalé précédemment est une forme de mouvement vers l’avant qui rend les gens de plus en plus conscients de la situation réelle sur le terrain et de sa complexité. Dire que le «hirak» se meurt, c’est le réduire uniquement à sa forme mécanique. Il faut dire que cette dernière est momentanément freinée à cause d’une « force » (pour parler physique) extérieure (force indépendante de la volonté des « hirakistes ») qui est le Covid 19 et non pas d’une force intérieure. 

Ces acquis du « hirak » en plein confinement constituent un spectre pour le pouvoir. C’est pour cela qu’on assiste à des attaques contre le mouvement populaire pour l’étouffer et cela de plusieurs manières :

1) Par des menaces et arrestations en plein confinement de certains animateurs du «hirak» pour les décourager ;

2) Par de faux débats « idéologiques » à travers certains réseaux sociaux ;

3) Par des reports incessants des jugement des détenus d’opinion ;

4) Par les retards dans la lutte contre le Covid-19 pour, semble-t-il, confiner plus longtemps les algériens afin d’éviter le retour des marches ;

5) tentative de récupérer certains animateurs du « hirak » en leurs proposant des postes soit disant de conseiller ou autre.

Que signifie tout ça ? Sur le plan politique, il va sans dire que le pouvoir actuel a d’énormes difficultés de redresser la situation héritée de l’ancien pouvoir et celle créée par la pandémie qui a touché le monde entier. Citons pour cela quelques exemples de méthodes utilisées :

  1. Mauvaise communication (car non adaptée au peuple algérien) transmise par des chaînes de télévision bidons, dans un arabe classique châtié (au lieu de l’utilisation de la langue maternelle, la « daridja », de la majorité des algériens),

  2. Contradictions dans les mesures prises (mi-figue, mi-raisin) comme l’exemple de « l’ Aïd El Kébir »,

  3. Gestion à sens unique de la crise, c’est-à-dire le fait que le pouvoir gère seul la situation notamment le Covid-19 où les médecins soignants ne sont pas associés ( voir les appels des différents syndicats du secteur santé) etc. 

Cette état de faits fait qu’il sera difficile de se ressaisir si le pouvoir actuel n’écoute pas le « hirak », car c’est avec ce dernier que l’on s’en sortira. Il faut dire que la «main tendue » par Tebboune au «hirak » s’est brisée en poursuivant les arrestations en plein pandémie du Covid-19. Si les autorités supérieures veulent vraiment redresser la situation, elles ont intérêt à satisfaire concrètement les principales revendications du « hirak »  exprimées lors des marches par les slogans et qui font consensus, c’est à-dire :

  1. en prenant de vraies mesures d’apaisement (libération de tous les détenus politiques),

  2.  en finissant  avec les nouvelles arrestations,

  3. en ouvrant les mass-médias au peuple,

  4. liberté de parole,

  5. liberté de presse,

  6. indépendance de la justice.

 Ce n’est qu’en s’appuyant sur le mouvement populaire que l’on s’en sortira surtout avec la menace d’une crise économique qui risque de faire des ravages selon des experts.   

 

Auteur
S. Khélifati

 




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