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Le tamazight menacé d’extinction ?                                     

Tamazight

En Algérie, le tamazight est toléré timidement à l’école. D’autant que sur le terrain, il est écrasé par le mammouth linguistique que représente l’arabe nucléaire. Utilisé à tout va dans l’administration et quasiment tous les canaux d’information, il constitue une véritable chappe de plomb pour les langues du terroir qui peinent à survivre face aux assauts du vent mecquois.

Pour autant, si le canal millénaire de transmission orale est conservé, la disparition de Tamazight n’est pas pour demain, car toutes les mesures administratives du monde, toutes les méthodes pédagogiques modernes de la Terre, toutes les prises en charge de l’Univers ne sauraient remplacer le canal original qui a toujours guidé l’apprentissage du Kabyle et des autres composantes linguistiques berbères. Celui de l’unique élément approprié : « eddouh ».

Ce berceau suspendu qui vous inocule, à travers des mélodies que toute maman apprend bien avant d’enfanter, des vagues d’émotions acoustiques inexprimables. Ces eurythmies pénètrent le bébé que vous êtes dès vos premiers mois d’éveil pour y modeler à perfection vos muscles vocaux et y façonner des empreintes pédagogiques qui se traduisent toujours par un transfert de la paix, de l’amour et de la sérénité intellectuelle qui sont véhiculés par la source émettrice, la petite maman.

Cette paix de l’âme qui vous enveloppe dans le berceau s’enfonce en vous pour y marquer d’un poinçon indélébile votre ADN kabyle !

Et s’il est un message salutaire à transmettre à travers tout le pays, c’est de maintenir cette tradition orale, à nulle autre pareille, en encourageant toute future maman qui maîtrise encore le berbère à le transmettre à sa progéniture tel un trésor inestimable !

Maîtriser le berbère dès l’enfance constitue un gage de réussite incommensurable, tant telle maîtrise procure un potentiel d’articulation phonématique à même de faciliter l’apprentissage de toute autre langue étrangère, y compris l’arabe. Et ça, seuls les berbérophones le savent ! Les autres se bercent de l’illusion d’une langue unique, l’arabe, qui serait la seule langue de Dieu, qu’elle est de ce fait au-dessus de toutes les autres. Corollaire, dans cette ambiance de bienfaisance islamiste, ces autres langues se doivent d’être éliminées le plus vite possible pour faire plaisir à Allah ! Nous n’irons pas bien loin quand la majorité de nos compatriotes vibre avec de telles niaiseries en tête, y compris les tarés du pouvoir !

Que rajouter d’autre ? Sinon que « El-dzaïr tecba tafunast id’yurwan inissi, ma t’rakdit d’miss, ma t’mec’hit d’issananene ! ». (L’Algérie ressemble à cette vache qui enfante un hérisson, elle ne peut se résoudre à l’écraser ni courir le risque de lécher sa peau hérissée !).

Kacem Madani

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