Site icon Le Matin d'Algérie

Le vrai calendrier berbère de Karim Cheikh

Kamel Cheikh

L’année agraire amazighe demeure toujours le sujet de prédilection de beaucoup d’auteurs et de chercheurs en patrimoine. D’aucuns affirment que le début de l’an berbère se situe vers le 12 janvier du calendrier grégorien, d’autres leur rétorquent que c’est le 14 janvier, quand des spécialistes affirmés s’accordent à dire que c’est à l’ouverture de la saison oléicole et des labeurs, vers le mois d’octobre.

Le débat, loin de s’apaiser, s’intensifie, suscitant même parfois des polémiques. Où est le vrai du faux ? Curieux de connaître  tout ce qui est en rapport avec Tamazight, les us et les coutumes  de la société nord-africaine, Karim Cheikh s’est armé d’audace et surtout de patience, au fil de ses quinze ans de recherches, pour aboutir à la rédaction de son petit « Le vrai calendrier berbère ».

Une œuvre de fourmi qui, bien que de forme très simple, recèle des trésors de connaissance. Cet opus, paru en autoédition en décembre 2022, nous permet de mieux comprendre le déroulement des saisons et leur durée dans la culture berbère.

Ainsi découvre-t-on, par exemple, que Furar (février) et Maghres (mars) ont chacun 28 jours, alors que Yevrir (avril) n’a qu’entre 14 et 21 jours, et plein d’autres choses sur le rituel de Tislit Ounzar (la déesse de la pluie), laquelle joue un rôle important dans la cosmogonie berbère ancienne.

Né en 1960 à Fenaia-Ilmaten, membre du MCB dans les années 1970, correspondant dans divers journaux (Alger républicain, Asalu, Jours de Kabylie, Hebdo n’Tmurt et producteur de l’émission « Uddem n’taddart » (le portrait de mon village) à la radio Soummam, le chercheur autodidacte Karim Cheikh a produit quelques ouvrages, parmi lesquelles l’on peut citer, entre autres : « Aderyis », un essai sur la fête de printemps en Kabylie, « Tameslayet n’Umeksa », « amawal n’tutlayt taqvaylit », et un essai historique sur la torture coloniale dans la prison de Bourbaatache. Le chercheur autodidacte, fidèle à sa conception populaire de la culture, a choisi la méthode du terrain : parcourir toutes les régions de l’Algérie, de Béjaia à Alger, en passant par Bouira, Sétif, Bordj, etc, en quête de la réalité historique du folklore populaire.

C’est en « pèlerin voyageur » et en « anthropologue pratique » qu’il compte prospecter le vécu culturel algérien. « J’aime débattre en chercheur sur mon amazighité, dit-il avec son sourire habituel, sans oublier que je suis un citoyen du monde ». Cette dimension de l’universel, Karim Cheikh tente de l’ancrer, d’abord en tant que militant de la cause berbère, puis en tant qu’amoureux de sa culture ancestrale, au patrimoine berbère, longtemps délaissé par ceux qui tiennent le haut du pavé.

Il y a de la passion, de la témérité et surtout de la spontanéité dans le travail de Karim Cheikh. Un travail qui mûrit au rythme de ses émissions radiophoniques, au contact du petit peuple qu’il adore. « Je m’efforce à donner mon empreinte personnelle à mes recherches, tout en essayant d’apporter du positif.

La culture berbère a besoin de l’apport de tous ses enfants » soutient-il, déplorant au passage le manque d’appui aux auteurs de la culture amazighe. L’auteur autodidacte appelle de tous ses vœux les autorités publiques à ouvrir le champ de la création et de la recherche aux nouveaux auteurs, avec tous les moyens nécessaires, surtout en ce qui concerne le processus de la publication.

Kamal Guerroua

Karim Cheikh, Le vrai calendrier berbère, autoédition, décembre 2022.

Quitter la version mobile