4 mai 2024
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Le vrai calendrier berbère de Karim Cheikh

Kamel Cheikh

L’année agraire amazighe demeure toujours le sujet de prédilection de beaucoup d’auteurs et de chercheurs en patrimoine. D’aucuns affirment que le début de l’an berbère se situe vers le 12 janvier du calendrier grégorien, d’autres leur rétorquent que c’est le 14 janvier, quand des spécialistes affirmés s’accordent à dire que c’est à l’ouverture de la saison oléicole et des labeurs, vers le mois d’octobre.

Le débat, loin de s’apaiser, s’intensifie, suscitant même parfois des polémiques. Où est le vrai du faux ? Curieux de connaître  tout ce qui est en rapport avec Tamazight, les us et les coutumes  de la société nord-africaine, Karim Cheikh s’est armé d’audace et surtout de patience, au fil de ses quinze ans de recherches, pour aboutir à la rédaction de son petit « Le vrai calendrier berbère ».

Une œuvre de fourmi qui, bien que de forme très simple, recèle des trésors de connaissance. Cet opus, paru en autoédition en décembre 2022, nous permet de mieux comprendre le déroulement des saisons et leur durée dans la culture berbère.

Ainsi découvre-t-on, par exemple, que Furar (février) et Maghres (mars) ont chacun 28 jours, alors que Yevrir (avril) n’a qu’entre 14 et 21 jours, et plein d’autres choses sur le rituel de Tislit Ounzar (la déesse de la pluie), laquelle joue un rôle important dans la cosmogonie berbère ancienne.

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Né en 1960 à Fenaia-Ilmaten, membre du MCB dans les années 1970, correspondant dans divers journaux (Alger républicain, Asalu, Jours de Kabylie, Hebdo n’Tmurt et producteur de l’émission « Uddem n’taddart » (le portrait de mon village) à la radio Soummam, le chercheur autodidacte Karim Cheikh a produit quelques ouvrages, parmi lesquelles l’on peut citer, entre autres : « Aderyis », un essai sur la fête de printemps en Kabylie, « Tameslayet n’Umeksa », « amawal n’tutlayt taqvaylit », et un essai historique sur la torture coloniale dans la prison de Bourbaatache. Le chercheur autodidacte, fidèle à sa conception populaire de la culture, a choisi la méthode du terrain : parcourir toutes les régions de l’Algérie, de Béjaia à Alger, en passant par Bouira, Sétif, Bordj, etc, en quête de la réalité historique du folklore populaire.

C’est en « pèlerin voyageur » et en « anthropologue pratique » qu’il compte prospecter le vécu culturel algérien. « J’aime débattre en chercheur sur mon amazighité, dit-il avec son sourire habituel, sans oublier que je suis un citoyen du monde ». Cette dimension de l’universel, Karim Cheikh tente de l’ancrer, d’abord en tant que militant de la cause berbère, puis en tant qu’amoureux de sa culture ancestrale, au patrimoine berbère, longtemps délaissé par ceux qui tiennent le haut du pavé.

Il y a de la passion, de la témérité et surtout de la spontanéité dans le travail de Karim Cheikh. Un travail qui mûrit au rythme de ses émissions radiophoniques, au contact du petit peuple qu’il adore. « Je m’efforce à donner mon empreinte personnelle à mes recherches, tout en essayant d’apporter du positif.

La culture berbère a besoin de l’apport de tous ses enfants » soutient-il, déplorant au passage le manque d’appui aux auteurs de la culture amazighe. L’auteur autodidacte appelle de tous ses vœux les autorités publiques à ouvrir le champ de la création et de la recherche aux nouveaux auteurs, avec tous les moyens nécessaires, surtout en ce qui concerne le processus de la publication.

Kamal Guerroua

Karim Cheikh, Le vrai calendrier berbère, autoédition, décembre 2022.

5 Commentaires

  1. Merci Karim Cheikh pour ce beau travail sur la culture Amazigh riche en sagesse profonde. Vive « Ifnayène » et « Taourirt » votre village. Mes sincères condoléances pour la perte de Cheikh Laâziz qui était mon camarade de classe à l’école de Tala Tazert.

  2. Le sujet est très intéressant. Comment et où l’acheter ?
    Pour ce qu’est du début de l’année berbère, la tradition partout en Afrique du Nord est de le célébrer 12 jours après le jour de l’an grégorien.
    Ceux qui parlent d’un début de l’année en octobre n’ont peut être pas complètement tort. On peut considérer qu’il y’a Il y a un début d’année agricole et un début d’année solaire. Le calendrier agricole comprend plus de 30 périodes ou mois de durée largement inégales. Le calendrier solaire est celui qui débute le Jour de l’an, ixef n useggas, amenzu (1er) n Yennayer.

  3. Vous me laissez bouche baie ! Ces histoires de calendrier, j’en ai enttendu quand j’etais secretaire general du FLN, journaliste, ecrivain et secretaire general… et je ne sais quoi a 10 ans. Je suis ne en 1960, aussi, ou si quelqu’un peut me rajeunir dans un calendrier quelconque, je suis prennant. Bref, ces histoires de calendriers, n’ont rien de formel. Ce n’est qu’un systeme de designation/identification de phenomenes cyclique, qui IMPOSENT telle ou telle activite’. Je ne dis pas que c’est a gommer ou instaurer de maniere formelle, etc. C’est un enrichissement culturelle et economique meme de documenter tout cela, pour des celebrations locales… mais biensur locales. La fete de l’huile, celle de la figue, de la cerise, etc. et ainsi de suite, et c’est merveilleux de telles festivite’s, mais pas plus. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi l’auteur cherche-t-il a meler le regime fachiste dont la mission est d’eliminer toutes ce references qui constituent un patrimoine culturel? Et s’il prennais contact avec les professionnels de telle ou telle activite’ et cherchait un sponsoring de leur part? La distribution de ses livres un peu partout ou ces differentes activite’s se produisent, etc.
    mais j’apprecierais bien une explication du mot lbumbat dans l’article portant sur le defile’ des organisations « internationales » qui demandent a Israel d’arreter de bombarder. Le mot que je ne comprend pas est lbumbat/b>. Tanmirt.

  4. Il convient de faire la distinction entre le « calendrier agraire » et le calendrier solaire ou lunaire. Le premier, qui diffère d’une aire culturelle à une autre, n’est pas un calendrier à proprement parler, mais un agencement des activités agraires en fonction des saisons : labourages, semailles, cueillettes, moissons etc… ; ainsi que les rituels qui y sont associés, les rituels de fécondation en particulier, tels Tislit bw Anzar – l’arc en ciel-, Anzar, est invoqué pour féconder la terre par la pluie; et l’arc en ciel perçu comme annonciateur de pluie. Ou encore les fêtes du taureau ou du bélier, c’est selon, annonciatrices du printemps et de la floraison. Le second, le calendrier divise l’année en mois, les mois en semaines et les semaines en jours etc…. Le calendrier julien, introduit par Jules César en 46 av. J.-C fut étendu à toute l’aire d’influence latine, y compris en Afrique du Nord. Il suffit pour s’en convaincre de constater la similitude des noms de mois en latin et en tamaziɣt. Les modifications apportées au calendrier julien par le Pape Grégoire en 1582, par le Pape Grégoire XIII, ne furent adoptées ni par les chrétiens orthodoxes, ni a fortiori en Afrique du Nord devenue musulmane. C’est, par conséquent, le Jour de l’An Julien que nous appelons «Amenzu n Yennayer» ou «Aqeṛṛu u Seggas», qui se situe au 13 janvier de l’An grégorien. Tout le reste relève du mythe, y compris le calendrier dit berbère qui remonterait au pharaon berbère Sheshonq 1er. Je pèse mes mots : j’utilise à dessein le terme mythe, et non fabulation, car chaque peuple puise ses origines dans des mythes qu’il se fabrique lui-même.

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