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L’échec sous influence !

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Je suis effondré lorsque le temps mis dans un gros investissement, dans une lutte acharnée pour contribuer modestement à l’effort collectif de la société afin d’améliorer l’élévation intellectuelle des jeunes, s’écroule dans une grande déflagration. 

Les colères, les accusations, les indignations et les désespérances, je les ressens comme tout le monde. Mais il est des circonstances, lorsque la déroute creuse un trou abyssal, en face desquelles je reste sans voix et sans réaction.

Il n’y a pourtant que banalité dans le métier d’enseignant de le constater chaque jour. Si nous excluons les élèves et étudiants qui s’arrachent dans les efforts et dont les résultats restent hélas insuffisants, il en est d’autres qui constituent une réalité quotidienne de l’échec par le comportement.

L’enseignement n’est pas un miracle lorsque le moindre effort est absent. C’est une légende de penser que dans ces conditions extrêmes les enseignants les plus formés et les plus pédagogues réussiraient plus que d’autres. En tout cas pas dans une proportion qu’on essaie de nous le faire croire.  

Mes chers lecteurs, malgré ce recul que je viens d’exposer sur des fatalités d’échec, il en est un pour lequel je ne peux garder ma sérénité et mon obligation de recul. Celui dont je vais vous parler menace toujours mon calme, même s’il reste contenu par la stupéfaction comme je l’avais précisé.

Je ne l’exposerai qu’à travers l’exemple des jeunes filles car je n’ai rencontré que ce cas. Il est bien entendu de ma connaissance que c’est aussi valable pour les jeunes garçons. Cela doit être aussi inquiétant pour l’analyse qui va suivre. 

Commençons par une anecdote. Les étudiantes sont, comme pour toute la jeunesse dans le monde, accaparées par Tik Tok et autres immersions profondes. À chaque fois, par provocation malicieuse, je pose la même question, c’est une influenceuse, non ?

Et comme à chaque fois la réponse est oui, c’est une star parmi les influenceuses. Et bien entendu à chaque fois je pose une autre question, c’est un métier ? Vous semblez êtres plus fascinés par la demoiselle que par le produit qu’elle présente ou le conseil qu’elle prodigue.

Le drame est dans leur réponse la plus commune, celle-là est très célèbre. Elle a des centaines de folowers (là, je fais mon intéressant en répétant ce mot des jeunes) et gagne beaucoup d’argent. 

C’est à ce moment, mes chers lecteurs, où je reste sans voix, celui où je vois tout s’écrouler. Avec un travail et des moyens gigantesques de la société à leur destination, voilà ce que devient le but des élèves ou étudiantes. Faire le pitre dans une vidéo et détruire, pour ma part, quarante ans de trime à faire mon métier du mieux que j’ai pu.

Dans l’écran qui est entre leurs mains, je perçois tout l’échec du monde à travers ces jeunes filles. Tout d’abord par un langage très approximatif, pour ne pas dire catastrophique, et une gestuelle  qui sont la signature reconnaissable de l’échec scolaire. Nous les reconnaissons et nous les débusquons au premier mot entendu et geste vu. L’expérience ne se trompe jamais à ce sujet. 

Comment se fait-il, après des années, depuis le primaire, des élèves et étudiantes continuellement scolarisées en arrive-t-elles à ce point de régression et de désastre que sont les influenceuses ?

Comment en sont-elles arrivées à ce niveau de langage, de réflexion et d’exposé oral qui n’atteignent même pas le niveau de langage de nos anciens qui étaient pourtant illettrés et n’avaient pas cette chance de bénéficier de ce que ces jeunes filles ont eu à leur disposition (c’est un fait que je rappelle souvent dans mes chroniques) ?

Voilà ce qu’elles ont retenu des rêves promis par l’instruction scolaire, des lectures de  romans qui sont de merveilleux moments d’évasion et de culture, des connaissances fantastiques de l’histoire et géographie, de la magie profonde des mathématiques (bon, pour cette dernière discipline, je suis mal placé pour donner des leçons) et ainsi de suite.

De toutes les valeurs intellectuelles qui sont notre travail pour les leur inculquer, voilà le résultat. Des prestations qui me tétanisent tant elles se retrouvent au fond du trou, à des années lumières des promesses d’avenir si élevées de leur parcours scolaire.

Un show qui n’a qu’un objectif, la célébrité et l’argent obtenus en fascinant  des jeunes filles qui les écoutent en espérant obtenir la clé d’entrée dans leurs ténèbres. La vitesse de propagation de l’épidémie est vertigineuse pour celles qui veulent être à l’égal des déesses Tik Tiktoniennes. C’est la course aux likes et à l’exubérance pour entrer dans le Panthéon des charlatans de haute lignée.  

Des désespoirs identiques ont toujours existé. Comme les footballeurs qui abandonnent leurs études pour des gains faramineux, des rappeurs qui en gagnent autant en dédaignant tout ce qui avait été construit pour leur élévation intellectuelle et ainsi de suite.

Que les lecteurs ne se méprennent pas, la réussite au football ou dans le rap n’est pas à remettre en cause ou à insulter, je serai le dernier des imbéciles. Ce qui est en cause est l’image exclusive de la notoriété et de l’argent qu’ils inculquent aux jeunes. L’excuse d’être les incitateurs à faire du sport pour l’apport mental et physique est elle aussi une légende.

Voilà la raison, mes chers lecteurs, pourquoi de tous les échecs, c’est celui de constater le drame de la nouvelle terre promise par les influenceuses qui me bouleverse. Par la maturité, par la fatigue de ma désespérance de toutes les autres catastrophes précédentes et tellement banales ? Je ne sais pas.

 Je sais, je sais, une personne qui se prétend vouloir être ouvert d’esprit, surtout un ancien enseignant, ne devrait pas dire cela ni le penser. Mais je ne peux pas, c’est irrésistible, dès que j’en vois une par-dessus l’épaule d’un jeune dans le métro ou ailleurs, je ne peux pas me contrôler. Je demande pardon à ceux qui ont tellement trimé dans le système scolaire, pour m’enseigner le recul et l’ouverture d’esprit. Je n’y arrive pas pour les influenceuses !

Non, je n’y arrive pas !

Boumediene Sid Lakhdar

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