« L’économie algérienne est sur la bonne voie », a lancé Tebboune le 2 octobre devant les opérateurs économiques réunis au CIC. Un slogan rabâché mille fois, qui sonne creux face à la vie réelle.
Depuis six ans, le citoyen a connu ce qu’il y a de fatal dans sa vie : se battre pour un sachet de lait, payer la pomme de terre comme un luxe, voir la tomate s’envoler et la viande s’arracher au prix d’un salaire. Et chacun attend encore le prochain épisode, dans l’attente d’une « autonomie alimentaire » annoncée mais jamais réalisée.
Pendant ce temps, le dinar affiche son plus haut niveau face à l’euro et au dollar : un record qui ne dit rien de la force de l’économie, mais tout de la faiblesse du système bancaire incapable de rivaliser avec le marché noir.
Derrière le slogan, il n’y a pas de gouvernance, seulement du bricolage. Son ministre de l’Économie – « sinistre » serait plus juste – a étranglé les entreprises en bloquant les importations au nom d’une autosuffisance fantôme. Les usines s’arrêtent faute de pièces, les contrats se dissolvent dans les fâcheries diplomatiques, les étals se vident faute de produits, et les prix flambent. Toute une politique réduite à l’improvisation, à l’ignorance et à l’arrogance.
Comme si cela ne suffisait pas, ses phrases à l’emporte-pièce ont tourné en dérision le tourisme, réduisant une industrie mondiale à de la mendicité. « Je ne plierai pas le dos », dit-il. Voilà comment on insulte une filière capable de créer des richesses, transformée en honte nationale.
À l’extérieur, la diplomatie économique n’est qu’un carnet de pertes. Chez Tebboune, une fâcherie devient une rupture : on se brouille et les contrats sautent. Résultat : huit milliards envolés avec l’Espagne, des partenariats algériens ruinés avec la France, des voisins transformés en adversaires. Une fierté mal placée qui confond coup de menton et suicide économique.
Et quand il parle d’emprunt, il déforme tout. Pour lui, emprunter revient à se vendre au FMI, incapable de distinguer la tutelle qui étrangle de l’emprunt d’État que toutes les nations sérieuses utilisent pour bâtir des projets. Il brandit ce spectre comme une malédiction, persuadé qu’y recourir serait une honte. Résultat : pas de grands projets, pas d’infrastructures, pas de vision.
Le pire, c’est qu’il traite les réserves de l’État comme son bien personnel. Il distribue à sa guise, et personne ne peut lui dire non. Le Parlement ? Une serpillière qu’il piétine à chaque sortie médiatique. Il parle de ces réserves comme nos grands-mères de leur petit Sordi, plié et caché dans la robe, sorti avec mille précautions. Mais chez lui, ce n’est pas une vertu d’économie : c’est la confusion entre pouvoir et propriété, répétée comme une incantation.
Et quand il distribue, le scénario est toujours le même : la répartition fonctionne comme un pipeline présidentiel troué de haut en bas ; chaque réseau y a branché sa paille, et au bout il ne reste que des miettes pour le peuple. Jamais corruption et détournement d’argent n’ont atteint une telle ampleur.
Tebboune n’est pas élu, il est imposé sous la tutelle de l’armée et de son chef d’état-major. Pas un militant forgé dans la rue, mais un bureaucrate recyclé en président. Et la rue qu’il ignore, c’est celle des pénuries, des promesses usées et des six années d’improvisation.
Ses slogans ne valent pas plus qu’un bavardage de café où l’on tue le temps. Sauf que ce café, c’est l’Algérie : le pays le plus vaste et l’un des plus riches du continent, par ses hommes comme par ses ressources, réduit à l’ennui et au vide présidentiel.
Alors non, l’économie algérienne n’est pas sur la bonne voie. C’est un tunnel d’incompétence enrobé de promesses, droit vers le ravin.
Zaim Gharnati