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lundi 23 juin 2025
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Leçons du Moyen-Orient

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La recomposition violente du Moyen-Orient, par le feu et le sang, désormais ponctuée par des frappes menées unilatéralement par un membre permanent du Conseil de sécurité contre un autre État membre des Nations unies, marque un tournant d’une gravité exceptionnelle.

Loin de simples conflits régionaux, ces actes d’agression menés en dehors de tout cadre légal consacrent le mépris assumé de l’ordre international. Cette région, déjà ravagée par des décennies de guerres et de conflits asymétriques, devient l’épicentre d’un basculement mondial où la force prime sur le droit, et où les institutions multilatérales apparaissent impuissantes face aux logiques de domination.

Le droit international, établi au lendemain du cataclysme de 1939‑1945 pour réguler les rapports entre États et prévenir la répétition de tragédies à grande échelle, est aujourd’hui discrédité et marginalisé. Vidé de son autorité, il cède le pas à la loi du plus fort. Le discours des puissances occidentales dominantes, fondé sur les valeurs universelles de droit et de justice, se délite dans des politiques à géométrie variable : certains États sont sommés d’obéir au droit, tandis que d’autres en sont exemptés et le bafouent impunément. Ce deux poids deux mesures n’érode pas seulement la légitimité des institutions internationales ; il sape jusqu’à l’idée même de droit et de justice, accroît le cynisme politique et favorise les autoritarismes. On sous-estime la portée dévastatrice de ce traitement inégal sur l’ensemble des valeurs fondatrices du droit, de la démocratie, de l’équité et de la justice, partout ailleurs dans le monde.

La recomposition du Moyen-Orient est également portée par des dynamiques multipolaires. La montée en puissance de la Chine et de la Russie, l’émergence des BRICS et la paralysie des instances internationales (Conseil de sécurité, Cour pénale internationale, AIEA) révèlent une fragmentation et un besoin d’un ordre mondial plus juste. L’échec du droit international n’est plus seulement une crise morale, mais le symptôme d’un basculement historique. Le bloc occidental perd de son hégémonie sans que ne s’impose une alternative crédible. Ce désarmement normatif laisse le champ libre aux logiques de domination brutale.

La région est aussi travaillée par des enjeux énergétiques majeurs : contrôle des voies maritimes, redéploiement des alliances autour des hydrocarbures, stratégie des détroits. L’obsession sécuritaire masque souvent la réalité d’une guerre pour les ressources. Toute diplomatie fondée sur des principes humanitaires se heurte à la permanence de cette économie politique de la guerre.

L’autre leçon est que l’Histoire n’a pas vacciné l’humanité contre la barbarie. Le souvenir de la Shoah, que l’on pensait inscrire dans la conscience universelle comme un point de non-retour, ne semble plus freiner certains États, y compris celui du peuple qui en a été victime. Le peuple palestinien, confronté à des logiques de dépossession, de déplacement forcé subit une politique d’extermination. Actuellement, ce sont les tueries répétées de civils désarmés et affamés aux rares points de distribution de nourriture qui choquent et indignent l’opinion mondiale face à l’impunité de tels actes.

Il faut aussi interroger le rôle des idéologies religieuses dans la région. Celles-ci ne relèvent pas seulement de la sphère privée ; elles participent activement à la structuration des conflits. Ces guerres s’inscrivent parfois dans des récits prophétiques anciens, mobilisés pour justifier des entreprises de conquête, de purification ou de vengeance sacralisée. Dans ce contexte, la religion devient non pas un langage de paix, mais un arsenal narratif au service d’objectifs géopolitiques.

Un autre enseignement est la faillite des régimes autoritaires : États fragilisés de l’intérieur, peuples écrasés par la répression, élites au pouvoir plus préoccupées par la neutralisation de leurs opposants que par la construction de la souveraineté. Lorsque la menace étrangère se précise, ces mêmes régimes appellent à l’union sacrée, feignant d’ignorer qu’ils ont eux-mêmes disloqué le lien social par la violence, l’humiliation et la dilapidation des ressources publiques. Un tel État devient une cible vulnérable, facilement instrumentalisé et exposée à une mise sous tutelle étrangère voire à sa dislocation.

À travers ces bouleversements, un adage se vérifie avec force : les relations internationales ne reposent ni sur l’amitié ni sur la morale, mais sur la convergence temporaire d’intérêts stratégiques. Nombre de peuples découvrent, dans la douleur, le désengagement brutal de leurs soutiens déclarés lorsque le prix à payer devient trop élevé. Les doctrines et les illusions de soutien inconditionnel volent en éclats. La géopolitique n’est pas gouvernée par la morale ou l’émotion, mais par l’équilibre de puissances.

Les dogmes et fantasmes, nourrissant des visions erronées du monde, ne sauraient tenir lieu de boussole dans l’arène impitoyable des rapports de force. Tant qu’ils ne sont pas remplacés par une analyse lucide, affranchie de l’émotion et guidée par le seul principe de réalité, le destin qui s’impose est invariable : désillusion, échec et humiliation.

Pour l’Algérie, les leçons sont immédiates, dont celle-ci : une nation ne peut compter que sur elle-même.

Ces enseignements valent pour toutes les nations, mais ils concernent l’Algérie de manière cruciale. L’expérience du Hirak a montré qu’un peuple pouvait se lever pacifiquement pour exiger sa souveraineté, sa dignité et la refondation de son contrat politique. Mais cet élan a été brisé, réprimé, criminalisé. Des milliers de citoyens ont été emprisonnés ou contraints à l’exil pour avoir exprimé des revendications légitimes. Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger : que fera le pouvoir en cas de menace extérieure ?

PADA souligne que le salut ne pourra advenir que par une mobilisation populaire consciente autour de la sauvegarde de la Nation. Un front intérieur se construit avec un peuple libre. La libération immédiate des détenus d’opinion, la réouverture de l’espace politique et médiatique, et une parole citoyenne libre en sont d’incontournables préalables. La sécurité du pays ne repose pas seulement sur les capacités de l’armée, mais sur la confiance du peuple, sa cohésion et sa participation active au destin collectif. À cet égard, les jeunes générations doivent être placées au cœur du projet national : elles seules porteront la reconstruction durable du pacte civique algérien.

C’est pourquoi PADA réaffirme que seule une transition démocratique, inclusive et apaisée, permettra de redonner sens à l’État, force à la nation et légitimité à l’action publique. Cette transition est l’unique voie pour reconstruire une souveraineté populaire effective et faire émerger une politique étrangère conforme aux aspirations du peuple, tournée vers la paix, la collaboration interétatique et la stabilité. Cela implique également un renouveau doctrinal sur le plan militaire et diplomatique : l’Algérie ne peut fonder sa sécurité sur l’idée d’une armée toute-puissante sans vision d’ensemble, mais sur une souveraineté assumée, inscrite dans des dynamiques stratégiques intelligemment maîtrisées.

Dans ce cadre, l’Algérie doit repenser sa position dans le monde. Elle doit se désengager des appartenances aux « mondes » factices, nés d’abstractions idéologiques qui ont montré leur limites et nuisances. Située à la lisière du grand ensemble euro-méditerranéen, dont elle constitue la frontière méridionale, elle a une place privilégiée pour assurer son rôle de lien entre les mondes du Nord et du Sud.

De ce fait, elle ne peut rester figée dans des antagonismes stériles ou des postures idéologiques dépassées. Une politique étrangère digne de ce nom suppose de dépasser les conflits inutiles pour bâtir des partenariats équilibrés, en particulier avec l’Union européenne avec laquelle les interdépendances géographiques et économiques sont structurelles.

L’Algérie méditerranéenne est fondamentalement africaine. Dans son espace anthropologique, Tamazgha, l’Algérie devrait jouer un rôle majeur en Afrique du Nord et se doit de se poser en pivot d’un projet de construction régionale coordonnée avec les pays voisins. Un espace nord-africain intégré, solidaire et coordonné, constitue la meilleure réponse aux menaces sécuritaires, aux défis économiques et à l’aspiration des peuples à la dignité et à la paix.

Cette perspective n’est ni romantique ni utopique : elle est une nécessité stratégique. Cette ambition doit traduire sa profondeur stratégique africaine et sa place parmi les nations du continent tant sur le plan politique qu’économique et culturel.

Le XXIe siècle n’attendra pas les retardataires. Il appartient aux Algériens, et d’abord à leurs dirigeants, de tirer toutes les leçons de ce qui se joue aujourd’hui au Moyen-Orient — et d’en faire le socle d’une refondation nationale lucide et durable.

Pour l’Humanité, il faut espérer que la sagesse des peuples puisse refonder un ordre international plus juste et véritablement respecté, sans armes de destruction massive menaçant la pérennité de l’espèce humaine

Pour une Alternative Démocratique en Algérie

Paris, le 23 juin 2025

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