C’est une autre déflagration après la dissolution de l’Assemblée nationale. Sur la chaîne TF1, le président du parti conservateur Les Républicains, Éric Ciotti, a annoncé, jeudi 11 juin, qu’il souhaitait un accord avec le Rassemblement national (extrême droite) pour les élections législatives à venir. Plusieurs cadres ont demandé au député sortant des Alpes-Maritimes de quitter la direction de la formation politique de droite.
Eric Ciotti est cet individu qui n’a pas cessé de craché son venin contre l’Algérie. Sa sortie de ce jour sur TF1 pourrait lui coûter sa place au sein de son parti.
Ou tout au moins, c’est peut-être l’acte de décès des Républicains (LR) que vient de prononcer son patron Éric Ciotti en annonçant qu’il souhaitait un accord avec l’extrême droite du Rassemblement national (RN) pour les législatives à venir. Un accord auquel Jordan Bardella avait ouvert la porte dès lundi 10 juin. Les chefs de parti se sont parlés et ont donc topé, rapporte Valérie Gas du service politique de RFI.
A gauche, Mathilde Panot tonne : « Le cordon sanitaire face au parti fondé par des Waffen SS n’est plus. Pour survivre, la bourgeoisie a toujours été prête à toutes les compromissions avec le fascisme : une fois de plus, c’est « plutôt Hitler que le Front Populaire ». Les Républicains n’ont plus de républicain que le nom. »
Tremblement de terre à droite. Eric Ciotti, président des Républicains, a annoncé, mardi 11 juin sur TF1, son souhait de s’allier avec le RN, après la main tendue par l’extrême droite en vue des législatives anticipées.
Après avoir échangé avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, le responsable de droite, Ciotti, a dévoilé les contours d’un accord électoral permettant aux 61 députés sortants de son groupe de ne pas être opposés à des candidats du RN lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet.
Le RN veut élargir son socle et Éric Ciotti estime que les LR sont trop faibles et ont besoin d’alliance pour préserver un groupe à l’Assemblée. Les députés sortants qui le suivront n’auront donc pas de candidats RN face à eux. L’accord prévoit aussi ce qu’Éric Ciotti appelle des circonscriptions de conquête pour les LR.
L’objectif est ainsi de combattre le président Emmanuel Macron et former une nouvelle majorité : « un choix courageux », a tout de suite salué Marine Le Pen. « Quarante ans d’un pseudo-cordon sanitaire, qui a fait perdre beaucoup d’élections, est en train de disparaître », a fait valoir auprès de l’AFP la patronne des députés Rassemblement national à l’Assemblée nationale.
Une grande partie des responsables LR opposés à l’accord
Cette annonce marque en effet un point de non-retour pour une grande partie des responsables LR. Ceux-ci, dès avant la prise de parole d’Éric Ciotti, sont montés au créneau pour dénoncer toute alliance avec le parti de Marine Le Pen. De Xavier Bertrand à Jean-François Copé en passant par Valérie Pécresse, Olivier Marleix et même Laurent Wauquiez.
Ce dernier, qui est le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a affirmé qu’il ne « croit pas » aux « alliances » et prône une ligne de « clarté » qui « ne trahit jamais » : « Je vois tous ceux qui sont en train de s’agiter pour faire des coalitions, pour faire des alliances, pour faire des petites combinaisons. Je le dis tout de suite : je n’y crois pas », a ajouté l’ancien patron de LR, qui a annoncé être candidat aux législatives à venir, dans son fief de Haute-Loire.
Le sénateur Bruno Retailleau s’est, lui aussi, désolidarisé en dénonçant une « ligne personnelle » d’Éric Ciotti, tout comme Gérard Larcher. Celui qui est le président des sénateurs LR a accusé Eric Ciotti d’avoir « menti » et de « déloyauté » : il « nous a menti dans un but sans doute personnel vis-à-vis de Nice, mais aussi dans un but qui était de nous placer dans une situation telle qu’on ne puisse pas se retourner », a déploré Bruno Retailleau.
Le président du groupe LR au Sénat a accusé Eric Ciotti de « déloyauté ». Il « nous a menti dans un but sans doute personnel (…) pour nous placer dans une situation telle qu’on ne puisse pas se retourner », a déploré Bruno Retailleau lors d’une conférence de presse, alors que les sénateurs LR avaient refusé à l’unanimité tout accord avec le RN, avant les déclarations d’Eric Ciotti. L’eurodéputé François-Xavier Bellamy, tête de liste LR qui a récolté 6,9% des voix, a estimé dans un communiqué que la droite ne devait « pas abandonner ses couleurs ».
Plusieurs ténors de LR sont allés plus loin que la condamnation verbale et n’ont pas hésité à demander le départ du président du parti sitôt son souhait formulé sur TF1. « J’estime qu’il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président des Républicains », a tweeté Gérard Larcher, président du Sénat.
L’appel a également été formulé par de nombreux autres élus comme les députés Véronique Louwagie, Jérôme Nury, Ian Boucard, Philippe Gosselin ou encore Olivier Marleix, président de l’ancien groupe LR à l’Assemblée nationale.
Une chose est certaine ce soir, le parti Les Républicains ne sortira pas indemne de cette alliance avec l’extrême droite. Son auteur, Eric Ciotti, vient de montrer que sa place est à l’extrême des Républicains.
Deux premières défections ont d’ores et déjà été rapportées. La vice-présidente Sophie Primas et le rapporteur général du Budget, Jean-François Husson, ont annoncé ce mardi qu’ils quittaient le parti gaulliste après l’annonce d’Éric Ciotti. « Une alliance avec le RN aux législatives, c’est bien sûr sans moi ! Je quitte Les Républicains et continue le combat avec le soutien unanime du groupe de Gérard Larcher (président du Sénat) et Bruno Retailleau (chef des sénateurs LR) », a écrit Jean-François Husson sur X.
Avec agences