Site icon Le Matin d'Algérie

Leïla Aslaoui, gardienne du droit  d’incarcérer les libertés

Leila Aslaoui

Leila Aslaoui, 79 ans, à la tête de la Cour constitutionnelle

Leïla Aslaoui, membre de la Cour constitutionnelle, a été nommée présidente de cette institution de mascarade.

Cette dame est l’exemple même de la compromission avec un Etat violent à l’égard de laquelle on ne peut prononcer le moindre mot sans une accusation d’irrespect et de manque de dignité. 

Elle avait déjà été de longue date honorée par des postes publics prestigieux dans leur intitulé. Elle assume ainsi par solidarité toutes les doctrines et décisions du régime qui a détruit notre pays et fait tellement souffrir par la terreur.

Leïla Aslaoui est une femme, écrivaine, ancienne magistrate, veuve d’un mari assassiné par des terroristes et maintenant présidente de la plus haute cour des institutions. Reprenons ces points un à un.

La belle affaire qu’elle soit une femme. On pourrait nous rétorquer à ce sujet qu’elle avait été une grande combattante contre l’horreur islamiste. Elle avait écrit des livres militants comme celui, très explicite dans son titre, Sans Voiles, sans remords en 2012.

Rappelons à cette militante des droits de la femme qu’elle avait occupé en 1994 le poste de secrétaire d’Etat chargée de la solidarité nationale et de la famille. C’était dix ans après la publication du code de la famille en 1984. Elle avait eu le temps de le lire et elle sait lire.

Protectrice des droits des femmes et solidaire d’un gouvernement qui l’avait rédigé et promulgué, elle n’a jamais été consciente que c’est un texte de la plus grande barbarie, d’humiliation et d’esclavagisme envers les femmes. On a dû lui cacher ce texte pour la raison qu’elle est une femme. 

Passons maintenant à son statut d’écrivaine. Elle n’est pas au courant qu’une intellectuelle est beaucoup plus responsable que d’autres par la caution accordée à un régime autoritaire et brutal ? Céline, le plus détestable écrivain pro-nazi et antisémite, lui aussi était un très grand intellectuel et mon amour pour la littérature m’interdit de hiérarchiser les talents, tout au moins les laisser dans mon for intérieur.

Madame Aslaoui avait été magistrate. Sa participation à une justice des plus horribles qui est toujours l’un des bras armées des dictatures en fait une coupable sans appel.

Et si le silence et la compromission étaient imposés par la crainte de représailles, elle avait une échappatoire possible d’honneur et de dignité, celle de la démission. On peut tout accuser du régime cryptomilitaire mais je n’ai jamais entendu parler de poursuites pour cause de démission. 

Mais pas du tout, madame Aslaoui n’a non seulement pas été menacée mais a été des plus zélées pour participer au premier rang aux jugements liberticides. Entre autres exploits, la condamnation de militants berbéristes en 1981.

Ils ont exprimé et assumé leurs opinions et, en dehors de toute violence, ils sont dans la liberté  d’expression et de pensée. Mais pour Mme la juge Aslaoui, une opinion est un acte de subversion, d’atteinte à l’honneur, à l’intégrité et à la sécurité de l’état. C’est que notre juge a une haute considération de sa mission de protection du pays et des citoyens.

Enfin, elle a été un membre actif de la haute Cour. Par ses compétences et son travail acharné, elle en est maintenant la présidence. La compétence et le travail acharné ont pour définition du dictionnaire du pouvoir autoritaire la compromission. 

Elle va enfin avoir de la hauteur, la plus haute marche à partir de laquelle on voit et perçoit plus clairement les choses. Elle pourra constater avec la vigilance et la probité des magistrats combien la constitution algérienne est la garante des libertés fondamentales et de la bonne surveillance des élections, dans leur tenue comme dans leurs résultats. Elle sera ainsi la gardienne de tous les droits inscrits dans la constitution.

On lui pardonne ne pas avoir fait ce constat dans son rôle précédent de membre du conseil constitutionnel, elle n’avait pas accès aux dossiers par sa fonction subalterne.

Elle invalidera juridiquement tous les manquements judiciaires et administratifs aux libertés de la presse, des femmes, des écrivains, des syndicats, des intellectuels et de tout ce que son parcours témoigne de sa grande lutte pour une Algérie démocratique, fraternelle, juste et de je ne sais plus quoi.

L’Algérie peut dormir tranquille, avec Madame Aslaoui les citoyens sont couverts par le droit d’une démocratie. 

Boumediene Sid Lakhdar

Quitter la version mobile