L’arrivée de l’émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, à Damas jeudi dernier marque un tournant historique dans les relations entre le Qatar et la Syrie.
En effet, il devient le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l’effondrement du régime de Bachar El Assad, qui a été au pouvoir pendant plus de deux décennies. Cette visite intervient dans un contexte où la Syrie, après treize années de guerre civile, est en pleine phase de transition politique et économique.
Lors de son arrivée à l’aéroport international de Damas, le cheikh Tamim a été accueilli par Ahmed Al-Sharaa, récemment déclaré président intérimaire de la Syrie lors d’une conférence qui s’est tenue mercredi soir. Étaient également présents le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra. Cette rencontre symbolise non seulement un rapprochement entre le Qatar et la Syrie, mais aussi un soutien tangible aux nouvelles autorités syriennes.
Le Qatar a joué un rôle crucial en soutenant les factions de l’opposition syrienne tout au long de la guerre civile, qui a débuté en 2011. Ce soutien a été déterminant dans la lutte contre le régime d’Assad, qui a finalement quitté Damas pour Moscou au début du mois de décembre 2024. La visite de l’émir du Qatar est donc perçue comme une étape significative dans la réhabilitation de la Syrie sur la scène internationale et dans la reconstruction du pays.
Khaled Walid Mahmoud, analyste politique et auteur, a souligné que cette visite est « hautement symbolique et historiquement significative », étant la première d’un dirigeant arabe depuis la chute de l’ancien régime. Cela pourrait rouvrir des canaux diplomatiques et favoriser une résolution politique durable à Damas. Le Qatar, avec ses liens étroits avec les États-Unis et la Turquie, est bien positionné pour jouer un rôle de médiateur de confiance dans la région.
La reconstruction de la Syrie sera un défi colossal, notamment dans des secteurs clés tels que l’énergie, les transports et le logement, tous gravement touchés par le conflit. Le Qatar est prêt à investir dans ces domaines, ce qui pourrait contribuer à stabiliser le pays et à améliorer les conditions de vie des Syriens. Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d’études politiques, a noté que la visite de l’émir représente une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.
Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens, dirigés par le président Al-Sharaa, est également manifeste par la décision de rouvrir l’ambassade à Damas, fermée depuis 2011. Cette réouverture est un signe fort de l’engagement du Qatar à rétablir des relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie.
Doha s’engage à aider les dirigeants syriens à naviguer à travers cette phase de transition et à établir une stabilité à long terme.
En somme, la visite du cheikh Tamim à Damas représente un moment charnière pour la Syrie et le Qatar. Elle ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération et de reconstruction, tout en soulignant l’importance d’un dialogue politique inclusif pour garantir un avenir pacifique et prospère pour le peuple syrien.
Les événements récents, marqués par la chute du régime d’Assad et l’émergence de nouvelles autorités, témoignent d’un changement profond dans le paysage politique syrien, et le rôle du Qatar pourrait s’avérer déterminant dans les mois et années à venir.
Rabah Aït Abache avec agences
