Très en verve et visiblement sous l’effet de la grandiloquence des qualificatifs que son homologue russe, Vladimir Poutine a eu à son égard, Abdelmadjid Tebboune a eu, ce vendredi, au Forum économique mondial de Saint-Pétersbourg, une réponse dans le pur style de l’emphase patriotique à laquelle nous ont habitués les dirigeants algériens.
A la question de l’animateur du Forum économique mondial qui l’interrogeait sur la manière avec laquelle l’Algérie compte faire face aux pressions visant à l’amener à imposer des sanctions à la Russie, Tebboune, bravache, a eu cette réponse : « Les Algériens sont nés libres et resteront libres dans leurs décisions et leurs actions ». Notre cher chef d’Etat, très peu soucieux des formes diplomatiques, a oublié des potentielles retombées réelles de cette déclaration qui vaut défiance.
Au-delà de cet aspect diplomatique, les Algériens sont-ils vraiment libres, comme le soutient Tebobune ? Libres de dire ce qu’ils pensent ? Libres de manifester leur opposition ? Que dire alors des 300 détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons ?
Le président Abdelmadjid Tebboune 🇩🇿 était l'invité, aux côtés du président Poutine, au Forum économique de Saint-Pétersbourg en Russie 🇷🇺 :
🎙️ Les points forts de ses déclarations :
– « Je souhaite la création d'une monnaie arabe unique. »
– « Il n'y a pas de gagnants dans… pic.twitter.com/28dwfM2J12
— Union Algérienne ☪︎ (@UnionAlgerienne) June 16, 2023
A travers cette affectation pompeuse dans les paroles, Tebboune répondait sans doute aux pressions émanant des législateurs américaines et de certains milieux européens qui avaient, il y a quelques mois exigé de leurs gouvernements respectifs d’imposer des sanctions contre l’Algérie qui poursuit sa coopération économique et, surtout, militaire avec la Russie après sa guerre contre l’Ukraine.
Dans le même contexte, Abdelmadjid Tebboune a remercié son homologue russe, Vladimir Poutine, pour son invitation à participer au Forum économique mondial de Saint-Pétersbourg, qualifiant ce forum d’événement distingué depuis sa création.
Le réveil risque de coûter cher pour notre pays.
Samia Naït Iqbal
Tebboune souhaite une monnaie commune arabe !, alors qu’il ignore jusqu’au b.a.ba de l’économie, que les facteurs qui contribuent à accorder à une monnaie le statut de monnaie forte sont déterminés par l’interaction de divers facteurs locaux et internationaux tels que la croissance de l’économie nationale ; la politique de la demande et de l’offre sur les marchés des changes, la balance commerciale d’un pays, la stabilité à long terme, les perspectives nationales politiques et budgétaires et la politique de la banque centrale émettrice. Ce que l’Algérie est malheureusement loin de réunir étant donné la mauvaise gestion économique de ce pays basée principalement sur la forte dépendance aux recettes d’hydrocarbures (90% des exports et 60% des recettes budgétaires), un déficit public financé par ponction sur les réserves, associée à une lourdeur bureaucratique des institutions peu efficaces, à une corruption institutionnalisée, une faiblesses du secteur financier et un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, sans oublier le marché parallèle du dinar algérien perturbateur, le taux de change étant fixé par le marché noir qui se fait en toute impunité au square du port Saïd !