À peine élu 267e évêque de Rome, le pape Léon XIV s’est présenté au monde avec des mots qui résonnent particulièrement fort pour l’Afrique du Nord. « Je suis un fils de Saint Augustin », a-t-il déclaré, depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, devant une foule de plus de 100 000 fidèles.
Par cette simple phrase, Léon XIV a ancré son pontificat dans la lignée spirituelle du grand évêque d’Hippone, fils de Madaure, figure majeure née sur cette terre d’Afrique du Nord.
Dans le prolongement de cette référence, Léon XIV a tracé la ligne directrice de ce qu’il entend incarner : une Église missionnaire. « Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire », a-t-il lancé, invitant tous les catholiques à proclamer l’Évangile « sans crainte », en s’appuyant sur la certitude que « le Christ nous précède » et que « le monde a besoin de sa lumière ».
Né Robert Francis Prevost le 14 septembre 1955 à Chicago, le nouveau pape n’est pas un inconnu pour ceux qui suivent de près les affaires de l’Église. Entré chez les Augustiniens à 22 ans, il a été formé à la fois aux États-Unis, à Rome et surtout au Pérou, où il a longuement servi comme missionnaire.
De Chulucanas à Trujillo, il a cumulé responsabilités pastorales, formation de séminaristes et enseignement théologique. Cette longue expérience sud-américaine a façonné un homme profondément enraciné dans la réalité des périphéries, fidèle à l’esprit de son Ordre, celui de saint Augustin.
Prieur général des Augustiniens pendant plus de dix ans, puis évêque de Chiclayo, préfet du Dicastère pour les évêques et cardinal depuis 2023, Léon XIV a su conjuguer rigueur intellectuelle, proximité pastorale et sens du gouvernement. C’est d’ailleurs en espagnol qu’il a salué hier soir sa « querida diócesis » de Chiclayo, soulignant son attachement à ces terres de mission où il a tant œuvré.
Son élection résonne avec une intensité particulière pour l’Afrique du Nord, berceau de saint Augustin, fils de Madaure, l’un des plus grands docteurs de l’Église, dont la pensée irrigue encore la théologie contemporaine. En se réclamant « fils » de cet évêque d’Hippone, Léon XIV rappelle non seulement l’universalité de l’Église, mais aussi la richesse spirituelle de cette région, berceau du christianisme d’Afrique au temps de l’Antiquité.
Tout au long de son pontificat qui s’ouvre, l’Église universelle découvrira un pasteur façonné par le souffle missionnaire et l’héritage intellectuel augustinien. À Rome comme en Afrique du Nord, l’écho de cette filiation pourrait trouver un écho inattendu et fécond.
Djamal Guettala